Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, par Mgr Dupleix
J’emprunterai mes premiers mots au psaume de Zacharie (Luc 1,76) : « Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut, car tu marcheras par devant, sous le regard du Seigneur pour préparer ses routes »… Que dire en effet aujourd’hui de Jean-Marie Vianney dont l’Eglise a fait un saint, sinon qu’il a, à sa mesure et par son témoignage accompli la mission du Baptiste, mission du prophète et de toute l’Eglise ? : Préparer la route et révéler le visage de Celui qui vient. Etre témoin de Dieu et de son Amour illimité pour les hommes.Pourtant, une question se pose immédiatement et que nous ne pouvons éviter : Jean Marie Baptiste Vianney, cet homme à la silhouette fragile, tellement inséré dans les premières décennies du XIXe siècle, ce saint au visage paradoxal, dont on a souvent mis en valeur les aspects les plus spectaculaires, voire les plus inquiétants, quel message peut-il aujourd’hui nous transmettre ?Je réponds immédiatement que le Curé d’Ars, tel qu’il est, en sa transparence spirituelle autant qu’en sa complexité psychologique, en sa disponibilité personnelle autant qu’en son incessante activité pastorale, est un témoin de la foi d’une surprenante actualité. Il nous permet de comprendre la profonde signification de la sainteté dans la vie de l’Eglise et de l’humanité. La sainteté qui n’est pas une distribution des prix ou une récompense des élites, mais un appel adressé à tout homme quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, pourvu qu’il choisisse d’aimer.Les paroles et le témoignage de saint Jean-Marie Vianney, pourtant très dépendants d’une époque donnée, dépassent, en fait, largement cette époque, pour viser à l’universel. Ce message est, dès l’origine, une croisée d’espoirs, un défi chrétien à toutes les forces d’enfermement, de repli ou de négation spirituelle. Un défi aux violences de la haine et du mensonge, aux provocations de la puissance et de l’opulence.De fait, ce prêtre, à l’excessive humilité, à la richesse cachée qui aurait aimé « rester berger toute sa vie » et se disait un « mauvais instrument entre les mains de Dieu », nous a transmis et continue de nous transmettre, depuis son modeste village, la leçon permanente de la tradition biblique et du christianisme, l’insistance d’Amour de Dieu. Et cela nourrit notre persévérance à dire et à redire, sans craindre la répétition, les raisons de l’Evangile du Christ, les raisons qui en font, aujourd’hui, un foyer nécessaire de paix et de développement, une attestation publique de la transcendance de l’homme et de sa destinée, une parole sensée et constructive sur l’histoire.
Le Curé d’Ars, par le dynamisme évangélique et ecclésial de sa vie, peut nous aider à maintenir l’espérance au cœur des plus vifs débats actuels. Encore faut-il le considérer, non point comme l’objet d’une recherche ou d’une attention curieuse, mais comme un révélateur, un éveilleur, un initiateur, au sens le plus fort du terme, c’est-à- dire celui qui peut susciter un commencement.
Je vous propose quatre étapes successivement intitulées : – L’Évangile sans réserves – Comme un veilleur – Le Don de Dieu – Un homme libre.
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Mgr André Dupleix,
Secrétaire général adjoint de la conférence des évêques de France
Auteur de « Comme insiste l’amour, Présence du Curé d’Ars » (Nouvelle Cité 1986, nouvelle édition 1999) et de « Prier à Ars » (1994, nouvelle édition juin 2009).