Mgr Pierre Gaschy : « Un océan nous sépare, mais la fraternité nous rapproche »
Discret et souriant, le nouveau vicaire apostolique de St-Pierre et Miquelon, Mgr Pierre Gaschy, a été ordonné le 11 octobre 2009. Il partage ses impressions sur son nouveau diocèse et sa première participation à l’Assemblée plénière à Lourdes.
Comment avez-vous été accueilli dans votre nouveau diocèse ?
Ca ne fait que trois semaines que je suis ordonné. L’ordination était une fête magique. Les gens y ont participé, dans la cathédrale pour les uns, tous les autres grâce à RFO, à la maison. Après, lorsque je suis allé rencontrer les gens chez eux, ils m’ont parlé de cette ordination : « Je n’ai pas pu venir mais quand même, j’ai participé à tout. C’était merveilleux ». Cette fête a rassemblé la communauté chrétienne. Les gens, sans me connaître, m’ont accueilli avec une très grande sympathie. De plus, mes trois frères prêtres étaient venus, ce qui a également marqué la population. Ils étaient étonnés du nombre de frères prêtres dans une même famille. Par ailleurs, ils m’ont parlé de leur paroisse de Saint-Pierre et Miquelon en disant qu’ils comptaient avancer ensemble, avec ma collaboration. Tout cela est très positif.
Pouvez-vous présenter le diocèse de St-Pierre-et-Miquelon ?
St-Pierre, avec ses 6.000 habitants, et Miquelon, qui en ajoute 600 de plus, forment un petit vicariat apostolique. L’ensemble de la population est catholique. Il y a cependant quelques évangéliques, quelques bouddhistes, quelques musulmans. Cette population est vieillissante parce que les jeunes, ne trouvant pas de travail sur place, ont tendance à s’expatrier, à aller vers la métropole pour les uns, vers le Canada pour les autres. Comme en France, les pratiquants sont relativement âgés. Les jeunes, sont pratiquants jusqu’à la confirmation mais après, on ne les voit plus, sauf exception.
Quels défis pastoraux allez-vous relever ?
Cette population vivait de la pêche jusque vers 1992. Maintenant la pêche est sinistrée. Aujourd’hui, il faut aller très loin pour trouver des bancs de morues. La population doit changer de profession. Mais qu’est-il possible de faire ? Mis à part les services publics, les services nécessaires à la population et quelques activités, on ne trouve rien sur place. Mais il s’agit donc d’écouter, de voir la souffrance de personnes qui doivent se restructurer, avant de faire un travail pastoral en profondeur. La deuxième réalité que je constate, est celle de l’enseignement catholique qui scolarise plus de la moitié des élèves. Prêtres et religieuses ont un bon contact avec eux. Enfin il me semble important de développer le sens communautaire, de telle sorte que chacun trouve son bonheur en faisant celui des autres, à la suite de Jésus-Christ.
Est-ce que vous expérimentez ce sens communautaire à l’occasion de l’Assemblée plénière ?
Dans l’ensemble, les réalités des diocèses d’ici ne sont pas les mêmes que celles que je rencontre là-bas. Un océan nous sépare, mais la fraternité nous rapproche. Je ressens cette fraternité très fort. C’est incroyable ! Simplicité dans la relation, beaucoup d’humour. Depuis que je suis là, je me sens tout à fait à l’aise.
A quels thèmes de réflexion êtes-vous particulièrement attentif ?
L’avenir de nos communautés est un sujet qui m’interpelle. J’ai beaucoup de choses à retenir de ce qui est dit ici. Il me semble que je gagnerais, après cette Assemblée plénière, à trouver les aspects sur lesquels je pourrais travailler avec tel ou tel diocèse. Par ailleurs, les réflexions sur les mouvements, l’enseignement catholique, les nouvelles pauvretés, la bioéthique… ne peuvent qu’être profitables à la marche de l’Eglise à St-Pierre et Miquelon.
Quelle était votre attente en venant à Lourdes pour cette Assemblée ?
Je m’étais dit : « Il est important que j’apprenne à connaître les évêques qui se rassemblent ici, de telle sorte qu’un échange, selon le travail pastoral soit facilité ». Un archipel est déjà une entité un peu close. Si on ne s’ouvre pas pour accueillir le souffle du large, je ne pense pas que l’Eglise puisse aller de l’avant. Nous avons vraiment besoin du tonus des évêques de France. Je ferai certainement appel notamment à ceux de ma région, Mgr Raffin, évêque de Metz, qui m’a ordonné et Mgr Grallet, archevêque de Strasbourg, mon diocèse d’origine. Je souhaite développer plus de proximité.