« Une jonction intime entre le mystère du Christ, le mystère de l’Église et le mystère de l’homme »
Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, interviendra sur le thème « Le Christ, Lumière du monde » lors du rassemblement des Églises diocésaines à Lourdes les 24 et 25 mars prochains pour fêter le 50e anniversaire du concile Vatican II. Il partage le cœur de son message.
Comment la figure du Christ est-elle arrivée au centre des réflexions du Concile ?
Le concile Vatican II s’est d’abord présenté comme un concile pastoral, un concile de rénovation de l’Église par un double travail de ressourcement et de déploiement. Alors que le Concile hésitait et cherchait son chemin durant la première session, le cardinal Montini a donné une orientation : « L’heure est venue pour l’Église de redire sa nature et sa mission. » L’Église est comme le sacrement du Christ dans le monde. L’ensemble des travaux conciliaires montre que le Concile est beaucoup plus théologique qu’il ne l’estimait lui-même. Le cœur de la perspective théologique de Vatican II ne porte pas exclusivement sur l’Église, mais sur une jonction intime et substantielle entre le mystère du Christ, le mystère de l’Église et le mystère de l’homme. J’insiste sur le terme mystère. Il s’agit d’une réalité profonde, inséparable de Dieu et du Salut du monde. Ce cœur théologique va se révéler peu à peu au fil des débats. Il s’agit du mystère du Christ non pas en lui-même, mais dans sa relation au mystère de l’Église et au mystère de l’homme.
Comment le Concile fait-il référence au Christ ?
Puisque le Christ est la lumière des peuples, le Concile a l’intention de « répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église » (Lumen Gentium n.1). L’Église a la responsabilité de connaître le mystère du Christ et de le faire connaître, c’est une mission d’initiation. Gaudium et Spes affirme : « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné ». C’est dans la révélation que Dieu fait de lui-même en Jésus-Christ que l’homme peut accéder à sa propre compréhension. Mais la référence au Christ n’est pas seulement contenue dans les textes, elle est un élément vital de l’événement du Concile. Il y a de la part des papes Jean XXIII et Paul VI une extraordinaire insistance sur la personne du Christ : pèlerinage de Jean XXIII à Assise, le 4 octobre 1962, sur les traces de François, cet homme saisi par le Christ, discours et évocation, par Paul VI, en septembre 1963, de la grande mosaïque de la basilique de Saint-Paul-Hors-les-Murs dans laquelle le pape Honorius III embrasse les pieds de Jésus, annonce à la surprise générale du voyage en Terre Sainte, en janvier 1964, là où le fils du Dieu vivant s’est manifesté au monde de manière radicale et définitive.
Comment le mystère du Christ se déploie-t-il ?
Le cœur de la révélation divine (Dei Verbum), c’est la figure du Christ. Grâce à la prière de l’Église, aux sacrements, en particulier au baptême et à l’Eucharistie, tout être humain peut participer à la lumière et à la vie du Christ. Dans Sacrosanctum Concilium, toutes les différentes formes de présence du Christ dans la liturgie sont évoquées. Il est présent dans le ministre qui célèbre, dans les espèces eucharistiques, dans sa Parole, dans les sacrements, au milieu de ceux qui prient en son nom. Cette concentration christologique, héritée des travaux de grands théologiens, comme Henri de Lubac et Yves Congar, rappelle que le christianisme n’est pas un système d’idées ou de valeurs, mais c’est d’abord la personne de Jésus en qui Dieu se révèle. Pour reprendre les mots de Benoît XVI, le but de l’Église ce n’est pas l’Église mais c’est la rencontre entre Dieu et les hommes pour que s’accomplisse le mystère du Christ. C’est un déploiement permanent dont nous sommes témoins. La lumière du Christ rayonne, éclaire, réchauffe, dilate. Elle est d’une profondeur inépuisable, celle de l’Amour qui se donne. Nous ne serions pas fidèles à Vatican II, si nous ne nous laissions pas renouveler par la source de la révélation et si nous ne prenions pas tous les moyens pour y conduire les autres.
Paul VI pour l’ouverture de la deuxième session du concile Vatican II
« Puisse ce Concile avoir pleinement présent à l’esprit ce rapport entre nous et Jésus-Christ, entre l’Église sainte et vivante que nous sommes et le Christ de qui nous venons, par qui nous vivons, à qui nous allons. […] Que sur cette assemblée ne brille d’autre lumière que le Christ, lumière du monde […]. »