Les voyages de Jean-Paul II
Se voulant autant l’héritier du pèlerin Paul que le successeur de Pierre, il en a fait l’un des traits majeurs de son apostolat.
Ses visites ont permis de développer les relations entre Rome et les Églises locales et d’attirer l’attention sur des situations particulières. Au-delà même du cas polonais, l’impact de ces voyages a dépassé le simple cadre religieux. N’hésitant pas à interpeller les dirigeants politiques, il a exercé un incontestable charisme devant des foules imposantes et rendu familière au monde entier sa silhouette blanche.
Son écoute des réalités locales se traduisait dans le même temps par les synodes «continentaux», où les évêques résidentiels peuvent mieux exprimer leurs préoccupations particulières que lors d’un synode ordinaire.
Celui qui avait l’habitude de se présenter comme un « pèlerin de la foi » a toujours justifié ces visites par un but pastoral. Ses voyages étaient apostoliques. À Rome, c’était la visite de l’évêque diocésain; en Italie, celle du premier des évêques. Dans les autres pays, le successeur de Pierre désirait se rendre quelle que soit l’importance des communautés chrétiennes. A la manière des visites d’évêques ad limina à Rome, les rencontres étaient destinées à permettre une meilleure connaissance réciproque. Soucieux de valoriser l’héritage spirituel des Églises locales, il présidait sur place des cérémonies de béatification ou même de canonisation. Chaque fois qu’il le pouvait, il s’arrêtait dans les sanctuaires, significatifs à ses yeux d’un ressourcement spirituel, comme à Lourdes, en France, où il s’est rendu à deux reprises (1983 et 2004).
Sa présence servait de révélateur ou de catalyseur des questions en jachère, des aspirations ébauchées. À travers ses déplacements, il entendait ainsi valoriser les jeunes Églises, consolider celles encore meurtries à l’Est, réévangéliser celles devenues frileuses à l’Ouest, dialoguer avec celles en crise. Par les rencontres qu’il a mises sur pied, il a créé une dynamique qui dépassait les simples réunions de dialogue entre experts. Il a surpris les juifs en venant dans leur synagogue, les musulmans en entrant dans une mosquée, mais aussi les réformés et les orthodoxes comme les gréco-byzantins.