La Macédoine du Nord avant la visite du Pape
La Macédoine du Nord est l’un des Etats successeurs de la Yougoslavie. Le pays a cherché et obtenu rapidement son indépendance en 1991 pour se mettre à l’abri des « guerres yougoslaves » au moment de l’éclatement de la fédération de Yougoslavie (1991-1995).
Première difficulté pour le jeune état indépendant : son nom. La Macédoine était connue sous le nom d’ancienne république yougoslave de Macédoine (FYROM selon l’acronyme anglais). Le pays a été admis avec ce nom comme membre de l’ONU en 1993. Pendant 25 ans, la Grèce, membre de l’OTAN et de l’Union européenne a mis son veto contre toutes les tentatives de la Macédoine pour rejoindre ces deux organisations internationales. Pour obliger le pays à changer son nom. La Grèce se présente volontiers comme une victime de l’Union européenne (et de l’Allemagne) qui lui aurait imposé des normes drastiques en matière de budget et d’endettement. Mais la Grèce a imposé sa contrainte de fer contre son petit voisin, la Macédoine ! En prétendant contre toute réalité que l’usage du nom de Macédoine impliquait une revendication territoriale sur la Macédoine grecque. Un accord a été trouvé le 12 juin 2018 entre le gouvernement de Macédoine et le gouvernement grec afin de renommer le pays en « République de Macédoine du Nord », accord approuvé début 2019 par les Parlements des deux pays. L’accord est entré officiellement en vigueur le 12 février 2019. Voilà un contentieux de réglé, après 25 ans !
Ethniquement, culturellement et linguistiquement, la Macédoine est slave. Depuis l’invasion du VIe siècle par les Slaves. Le pays a aussi connu une domination ottomane durant cinq siècles. Il en reste des traces dans la présence d’une importante minorité albanaise, de confession musulmane, de langue albanaise, environ 25% de la population, surtout dans le nord-ouest du pays.
La Macédoine du Nord est une démocratie parlementaire. Le passage à l’économie de marché a été difficile. Le pays est parmi les États européens les plus pauvres, à cause de son isolement, du manque d’investissements extérieurs et de la fragilité de son système politique et de son économie. L’adhésion à l’Union européenne a été définie comme la principale priorité stratégique par l’Etat.
Skopje la capitale concentre presque un tiers de la population du pays, qui est de 2 millions d’habitants. Aujourd’hui, le pays est cependant l’un des rares parmi les Etats balkaniques qui ne voit pas sa population baisser, suite à l’émigration des jeunes vers l’Union européenne.
Histoire récente
En 2001, les tensions entre Albanais et Macédoniens ont fait craindre une extension à la Macédoine du conflit qui venait de ravager le Kosovo (1999-2000). Des combattants albanophones souhaitaient annexer les régions albanaises de Macédoine au Kosovo. Le conflit est finalement désamorcé grâce à une médiation internationale. Les accords d’Ohrid, signés par les deux parties, octroient de nouveaux droits aux Albanais, notamment au niveau linguistique et dans le système éducatif. Ces accords ont facilité une certaine stabilisation politique. La croissance économique reprend. Le pays se porte candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Candidature bloquée par la Grèce, comme on l’a vu plus haut.
Depuis l’indépendance en 1991 et l’instauration d’un système multipartite, la scène politique nord-macédonienne est dominée par deux grands partis, qui forment en général des coalitions avec des formations plus petites. Ces deux grands partis sont affiliés aux grandes familles politiques européennes : l’internationale social-démocrate (parti socialiste européen au Parlement européen) et l’internationale chrétienne-démocrate (parti populaire européen). C’est dire l’influence « européenne » dans le pays. Les deux partis macédoniens soutiennent l’adhésion du pays à l’UE et à l’OTAN. Il existe aussi dans le pays des partis ethniques albanais, qui entrent en général en coalition avec le parti qui formera le gouvernement.
Les conflits qu’on a su éviter !
La Macédoine est en relation pacifique avec ses voisins. Bien qu’il y ait des contentieux, de nature différente, avec chacun d’eux ! Mais la raison prévaut, à moins que ce ne soit le désir de rejoindre l’Union européenne, ce qui interdit de régler un conflit autrement que par la médiation et la négociation…
Avec la Bulgarie : il existe des différends à propos de visions historiques concernant le passé. Beaucoup de Bulgares considèrent que la langue macédonienne n’est qu’une variante de dialecte bulgare ! Le deux pays s’accusent mutuellement de se voler le patrimoine culturel (sans doute s’agit-il du même patrimoine, jadis les deux pays n’étaient pas séparés…).
Avec la Serbie : la Serbie n’apprécie pas que l’Eglise orthodoxe de Macédoine cherche à s’affranchir du patriarcat de Belgrade et revendique un patriarcat de plein exercice !
Avec le Kosovo et l’Albanie : la Macédoine résiste aux tentatives de quelques personnes, partis ou courants politiques qui voudraient créer une « grande Albanie » regroupant tous les Albanophones dans un seul pays. Ce qui impliquerait de modifier les frontières des Etats actuels !
Conflit interne : grâce aux vertus des Macédoniens, et à l’intervention active de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe, et d’autres institutions internationales, des conflits internes dégénérant en guerre civile ont pu être évités. Les institutions internationales encouragent et soutiennent la poursuite des efforts de réforme entrepris dans le pays, en particulier en vue de garantir un véritable dialogue démocratique, la liberté des médias et l’indépendance de la justice, ainsi que l’avènement d’une société multiethnique qui fonctionne pleinement. Les eurosceptiques et autres partisans du repli national, nombreux actuellement, devraient faire le pèlerinage à Skopje pour mesurer à quoi servent les institutions internationales !
La sécurité par l’adhésion à l’OTAN
Comme tous les Etats postcommunistes d’Europe centrale, la Macédoine entrera d’abord dans l’OTAN avant de rejoindre l’Union européenne. Les Alliés au sein de l’OTAN sont déterminés à laisser la porte de l’OTAN ouverte aux partenaires des Balkans occidentaux qui souhaitent adhérer à l’Alliance et qui partagent ses valeurs. L’intégration euro-atlantique est considérée comme le meilleur moyen d’assurer dans la région une sécurité et une stabilité sur le long terme ne nécessitant pas d’intervention extérieure. La décision a été prise en février 2019 d’accueillir la Macédoine dans l’OTAN, il reste à ratifier cette entrée par les parlements des 29 Etats membre de l’OTAN.
La prospérité par l’adhésion à l’Union européenne
La Macédoine dispose du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Pour cette adhésion, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a déclaré qu’il n’y aurait pas de nouvel entrant durant son mandat. L’exécutif européen a néanmoins proposé une échéance à 2025 pour l’adhésion de la Serbie et du Monténégro. Pour l’Albanie et la Macédoine la date se rapprocherait de 2030, selon la Commission.
Population et droits des minorités
Le pays est peuplé d’environ 2 millions d’habitants. 64% sont macédoniens, 25% sont albanais, et il existe aussi des minorités turque, Roms, serbe ou bosniaque… Ces minorités sont reconnues par l’État et elles sont citées dans le préambule de la Constitution. Cette dernière définit également que tous les citoyens macédoniens sont égaux devant la loi et que l’État protège et promeut les cultures de toutes les communautés. La république de Macédoine est signataire de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, écrite par le Conseil de l’Europe. Les députés albanais peuvent s’exprimer dans leur langue lors des sessions parlementaires. Si le climat interethnique est généralement calme, il existe toutefois certaines oppositions, principalement entre les Macédoniens et les Albanais.
Religions
La liberté de conscience et de culte est garantie dans le pays. La loi interdit toute discrimination fondée sur la religion. Le christianisme est majoritaire dans le pays : 64% de la population appartient à l’Eglise orthodoxe macédonienne. L’islam est la seconde religion du pays. L’appartenance religieuse est très liée à l’appartenance ethnique. C’est un important facteur identitaire pour les différents groupes. Potentiellement, cela peut devenir dangereux pour la vie de la nation, et cela peut colorer religieusement certains conflits ethniques ou conflits d’intérêt. Il existe une minorité catholique albanaise dans le pays : c’est d’elle dont est issue Mère Teresa, née à Skopje. Mère Teresa est la personnalité macédonienne la plus connue internationalement. Elle a droit à sa statue au centre de la capitale ! Le diocèse catholique de Skopje ne compte guère que 3 ou 4000 catholiques, deux paroisses, moins de dix églises ou chapelles, 7 prêtres et 13 religieuses !
Antoine Sondag, avril 2019
Sur le site du Vatican
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Je vous demande d'accompagner par la prière mon voyage en Bulgarie et en Macédoine du Nord, que je commencerai demain comme un pèlerin de paix et de fraternité. #VoyageApostolique
— Pape François (@Pontifex_fr) 4 mai 2019
Le programme du voyage du #Pape en #Bulgarie et en #MacédoineduNord début mai a été dévoilé ce jeudi. 🇧🇬 🇲🇰https://t.co/zy7YmoC9vh
— Vatican News (@vaticannews_fr) 7 mars 2019
Décédée en 1997 à Calcutta à l'âge de 87 ans, Mère Teresa a consacré toute sa vie aux pauvres et aux malades. Béatifiée en 2003 par Jean Paul II, elle a été canonisée il y a deux ans (4 septembre 2016) par le pape François. https://t.co/u8V1YpKRZn pic.twitter.com/HvdyJVMJRk
— Eglise Catholique (@Eglisecatho) 4 septembre 2018