Guérir les blessures du passé pour bâtir l’avenir à Sarajevo
Dimanche 7 juin au matin, le Pape François a atterri à Sarajevo, capitale de la Bosnie- Herzégovine, pour son huitième voyage pastoral hors d’Italie. Il a été accueilli par le Président croate de l’Etat M. Dragan Crovic (triple présidence tournante), le Cardinal Vinko Puljic, archevêque de Sarajevo, et les autres évêques du pays. Puis il a pris la route pour le centre-ville où il a rencontré les deux autres présidents – le Serbe Mladen Ivanic et le bosniaque Bakir Izetbegovic – qui l’ont présenté aux corps constitués.
« C’est pour moi un motif de joie de me trouver dans cette ville qui a tant souffert des conflits sanglants du siècle dernier et qui est redevenue un lieu de dialogue et de cohabitation pacifique, a dit le Pape François. Elle est passée d’une culture de l’affrontement, la guerre, à une culture du dialogue. Sarajevo et la Bosnie-Herzégovine revêtent une signification spéciale pour l’Europe et pour le monde entier. Depuis des siècles, sur ces territoires sont présentes des communautés qui professent des religions diverses et appartiennent à diverses ethnies et cultures, dont chacune est riche de ses caractéristiques distinctives et jalouse de ses traditions spécifiques, sans que cela ait empêché pendant longtemps l’instauration de relations réciproques amicales et cordiales. Même la structure architecturale de Sarajevo en porte des traces visibles et consistantes, puisque dans son tissu urbain émergent, à peu de distance les unes des autres, des synagogues, des églises et des mosquées, à tel point que la ville a reçu l’appellation de Jérusalem de l’Europe. En effet, elle représente un carrefour de cultures, de peuples et de religions. Un tel rôle demande de construire toujours de nouveaux ponts, de soigner et de réparer ceux qui existent, pour que soit assurée une communication facile, sûre et civilisée. Nous avons besoin de communiquer, de découvrir les richesses de chacun, de valoriser ce qui nous unit et de regarder les différences comme des possibilités de croissance dans le respect de tous. Un dialogue patient et confiant est nécessaire, en sorte que les personnes, les familles et les communautés puissent transmettre les valeurs de leur propre culture et accueillir le bien provenant de l’expérience des autres. Ainsi, les graves blessures du passé récent peuvent aussi se cicatriser et l’on peut regarder le futur avec espérance, en faisant face, avec l’esprit libéré des peurs et des rancœurs, aux problèmes quotidiens que chaque communauté civile est appelée à affronter« .
Le Pape François, pèlerin de paix et de dialogue
« Je suis venu comme pèlerin de paix et de dialogue, a poursuivi le Pape François, dix-huit ans après la visite historique de Jean-Paul II, qui a eu lieu à moins de deux ans de la signature des Accords de paix de Dayton. Je suis heureux de voir les progrès accomplis, pour lesquels il faut remercier le Seigneur et de nombreuses personnes de bonne volonté. Mais il est important de ne pas se contenter de ce qui a été réalisé jusqu’à présent, mais de chercher à faire d’autres pas, afin de renforcer la confiance et de créer des occasions en vue d’accroître la connaissance et l’estime mutuelles. Pour favoriser ce parcours, la proximité et la collaboration de la communauté internationale sont fondamentales, en particulier celles de l’Union Européenne et de tous les pays ainsi que des organisations présentes et opérant sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine…qui est part intégrante de l’Europe. Ses succès et ses drames s’insèrent de plein droit dans l’histoire des succès et des drames européens, et ils constituent en même temps un sérieux avertissement à réaliser des efforts pour que les processus de paix engagés deviennent toujours plus solides et irréversibles. Dans ce pays, la paix et la concorde entre croates, serbes et bosniaques, les initiatives destinées à les accroître davantage, les relations cordiales et fraternelles entre musulmans, juifs, chrétiens et autres minorités religieuses, revêtent une importance qui va bien au-delà de ses frontières. Elles témoignent au monde entier que la collaboration entre diverses ethnies et religions en vue du bien commun est possible, qu’un pluralisme de cultures et de traditions peut subsister et donner vie à des solutions originales et efficaces des problèmes, que même les blessures les plus profondes peuvent se guérir, grâce à un parcours qui purifie la mémoire et donne espérance pour l’avenir. Dans tous les enfants qui m’ont accueillis à l’aéroport, représentant les diverses religions et composantes ethniques, j’ai vu l’espérance de l’avenir pour ce pays« .
La liberté religieuse, droit fondamental de la personne humaine
« Pour nous opposer avec succès à la barbarie qui voudrait faire de toute différence l’occasion et le prétexte de violences toujours plus féroces, nous avons tous besoin de reconnaître les valeurs fondamentales de la commune humanité, valeurs au nom desquelles on peut et on doit collaborer, construire et dialoguer, pardonner et grandir, en permettant à l’ensemble des diverses voix de former un chant noble et harmonieux, au lieu de hurlements fanatiques de haine. Les responsables politiques sont appelés à la noble tâche d’être les premiers serviteurs de leurs communautés à travers une action qui sauvegarde d’abord et avant tout les droits fondamentaux de la personne humaine, parmi lesquels se distingue celui de la liberté religieuse. Ainsi, il sera possible de construire, grâce à un engagement concret, une société plus pacifique et plus juste, en cherchant des solutions, avec l’aide de chaque composante, aux multiples problèmes de la vie quotidienne du peuple. Pour que cela se réalise, l’égalité effective de tous les citoyens devant la loi et dans son application est indispensable, quelle que soit leur appartenance ethnique, religieuse et géographique: Ainsi, tous sans distinction se sentiront pleinement participants de la vie publique et, en jouissant des mêmes droits, ils pourront activement apporter leur contribution spécifique au bien commun« .
« Mue par l’enseignement et l’exemple de son divin Maître, l’Église participe, par la prière et l’action de ses fidèles comme de ses institutions, à l’œuvre de reconstruction matérielle et morale de la Bosnie-Herzégovine, en partageant ses joies et ses préoccupations, avec le désir de témoigner activement de sa proximité particulière envers les pauvres et les nécessiteux. Le Saint-Siège se félicite du chemin parcouru ces dernières années et assure de sa sollicitude dans la promotion de la collaboration, du dialogue et de la solidarité, en sachant que la paix et l’écoute réciproque dans une cohabitation civilisée et ordonnée sont les conditions indispensables d’un développement authentique et durable. Il souhaite vivement que la Bosnie-Herzégovine, grâce à l’apport de tous, après que les nuages noirs de la tempête se sont finalement éloignés, puisse poursuive la route entreprise, en sorte que, après l’hiver glacial, fleurisse le printemps. Et ici, le printemps, on le voit fleurir! »
Source : VIS du 6 juin 2015
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