Les relations avec le judaïsme en questions
Quelles relations Benoît XVI entretient-il avec le judaïsme ?
Dès le surlendemain de son élection, le 22 avril 2005, le pape Benoît XVI adressait un message au grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni où il affirmait sa ferme intention de « poursuivre le dialogue et renforcer la collaboration avec les fils et les filles du peuple juif ». Dès le mois de juin 2005, la première rencontre du nouveau pape avec les représentants d’une religion chrétienne sera avec une délégation de l’International Jewish Committee for Interreligious Consultations.
Cet engagement il le réaffirmera lors de sa visite à la synagogue de Cologne en août 2005 et dans la lettre adressée au cardinal Walter Kasper le 26 octobre 2005 à l’occasion du 40e anniversaire de la Déclaration Nostra AEtate du concile Vatican II. Il y affirmait notamment que « Le dialogue entre juifs et chrétiens doit continuer à enrichir et à renforcer les liens d’amitié qui se sont développés, tandis que la prédication et la catéchèse doivent s’efforcer de garantir que nos rapports réciproques se présentent à la lumière des principes établis par le Concile » et, regardant vers l’avenir, il exprimait son espoir que « aussi bien dans le dialogue théologique que dans la collaboration et les contacts quotidiens, les chrétiens et les juifs donnent un témoignage toujours plus convaincant du Dieu unique et de ses commandements, de la sainteté de la vie, de la promotion de la dignité humaine, des droits de la famille et de la nécessité de construire un monde de justice, de réconciliation et de paix pour les générations futures ».
Au Vatican, Benoît XVI a reçu en septembre 2005 les deux Grands Rabbins d’Israël Shlomo Moshe Amar, et Yona Metzger et en janvier 2006 le Grand Rabbin de Rome Riccardo Di Segni. En recevant ce dernier il affirmait avec force : « L’Eglise catholique est proche de vous et est une amie. Oui, nous vous aimons, et nous ne pouvons pas ne pas vous aimer, à cause des Pères : par eux, vous nous êtes des frères très chers et préférés ».
Ariel Sharon, premier ministre d’Israël, lui avait écrit dès après son élection et l’avait invité à venir en Israël. Le président de l’Etat d’Israël Moshe Katsav lui a rendu une visite d’Etat en novembre 2005. Shimon Peres, en septembre 2007, à son tour est venu à Castel Gandolfo. Il a renouvelé l’invitation faite au pape à venir en Israël. Benoît XVI a également reçu M. Ehoud Olmert, en décembre 2006.
Quels gestes à l’intention de la communauté juive Benoît XVI a-t-il posé ?
Lors de ses voyages à l’étranger il n’a pas manqué de poser des gestes à l’intention de la communauté juive ou de la rencontrer chaque fois que possible. Il y a eu d’abord sa visite et son important discours à la synagogue de Cologne où il invitait chacun des partenaires à poursuivre le dialogue de façon sincère et confiante permettant ainsi de « de parvenir à une interprétation commune des questions historiques encore discutées et, surtout, de faire des pas en avant dans l’évaluation, du point de vue théologique, du rapport entre judaïsme et christianisme ».
Une telle confiance et un tel souci de la vérité devraient permettre de regarder en face les questions qui distinguent juifs et catholiques en raison de leur intime conviction de foi. Il invitait également, pour l’avenir, juifs et catholiques « à donner ensemble un témoignage encore plus unanime, collaborant sur le plan pratique pour la défense et la promotion des droits de l’homme et du caractère sacré de la vie humaine, pour les valeurs de la famille, pour la justice sociale et pour la paix dans le monde ».
Le 28 mai 2006 il s’est rendu au camp d’Auschwitz-Birkenau, en Autriche (septembre 2007) il est allé prier quelques instants à la Juden Platz de Vienne pour rendre hommage aux victimes de la Shoah. En chaque occasion il ne manque pas de dénoncer et condamner toute forme d’antisémitisme. C’est dans cette perspective qu’il a fait modifier la prière pour les juifs de la liturgie du vendredi saint du missel de la forme extraordinaire du rite romain afin d’en expurger toute trace d’antijudaïsme.
Lors de son dernier voyage aux Etats-Unis, en avril 2008, il a adressé un message à la communauté juive qui fêtait Pessah (Pâque juive) et s’est rendu dans deux synagogues à Washington et New-York.
Qu’en est-il de la communauté juive en France ?
Elle est implantée dans notre pays depuis plus de 2000 ans et est, à ce jour, avec environ 700 000 personnes, la troisième communauté la plus importante du monde après Israël et les Etats-Unis. Environ 350 000 résident en Ile-de-France. Les autres importantes communautés sont situées en Alsace, dans le sud-ouest (Bordeaux, Toulouse), autour de Lyon et dans la région PACA.
Elle a la caractéristique de rassembler en son sein en nombre important juifs ashkénazes et juifs sépharades ce qui n’est pas le cas des autres communautés juives européennes. Ses institutions communautaires sont très vivantes et diverses. La plupart des institutions juives européennes ont leur siège à Paris.
La communauté juive française a commémoré en avril 2008 le bicentenaire de la fondation du Consistoire israélite par Napoléon Ier. Gilles Bernheim a été élu Grand Rabbin de France le 22 juin dernier.
Quelles sont les relations entre l’Eglise catholique et la communauté juive en France ?
Les relations entre l’Eglise catholique et la communauté juive en France se sont fortement développées depuis le concile Vatican II, en s’appuyant sur le terreau du travail des précurseurs du dialogue que furent des personnes comme Jules Isaac, Edmond Fleg, Jacques Maritain, le P. Bonsirven. L’Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF) et le SIDIC (Service d’Information-Documentation juifs-Chrétiens), fondé et animé par les Sœurs de Sion ont joué un rôle important dans les progrès du dialogue.
Le Comité épiscopal pour les Relations avec le Judaïsme a publié en avril 1973 un important document sur « L’attitude des chrétiens à l’égard du judaïsme » qui fera date et dont le rayonnement a largement dépassé les frontières de notre pays. La déclaration de repentance prononcée à Drancy le 30 septembre 1997 par un certain nombre d’évêques a constitué une étape décisive. La personnalité et le rôle du cardinal Lustiger dans ce dialogue sont unanimement reconnus.
L’Archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois et le Grand Rabbin de Paris, David Messas, ont publié en mars 2007 une déclaration commune sur le soin des malades en fin de vie. En novembre de la même année, une semaine du dialogue judéo-chrétien s’est tenue à l’initiative de l’AJCF.