Interview de Joël Thomas, ancien président du CCFD

 

 

Joël Thomas a été président du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) jusqu’à fin 2008. Association reconnue d’utilité publique et placée sous le patronnage des Evêques de France, le CCFD regroupe 28 mouvements et service d’Eglise. C’est l’ONG française de développement la plus importante, avec 40 millions d’euros de budget et plus de 500 initiatives soutenues chaque année dans 70 pays.

 

Pourquoi les chrétiens s’engagent-ils pour lutter contre la faim dans le monde ?

Cette responsabilité leur a été confiée par l’Eglise, par la conférence épiscopale, en 1961, à la demande même du pape Jean XXIII. Il y avait eu appel de la FAO, relayé par le pape qui avait invité les chrétiens à se mobiliser pour combattre la faim. En France, les chrétiens, les mouvements et organisations, les services d’Eglise, se sont regroupés à l’instigation de la Conférence des Evêques de France, pour mettre en place le CCFD. Nous avons mis en place tout ce qui concerne le développement, comme étant une réponse au problème de la faim. Il ne s’agit pas simplement d’aller apporter des sacs de nourriture, il s’agit également que des hommes et des femmes soient en capacité de développement pour leur permettre de résoudre le problème de la faim.

Quels textes d’Eglise guident votre action ?

Nous nous sommes situés dans la lignée de l’encyclique Populorum Progressio qui est en quelque sorte notre encyclique de référence, même s’il y a eu depuis l’encyclique de Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, et que nous nous inscrivons dans toutes les encycliques sociales qui sont parues depuis, notamment la dernière, Deus Caritas Est. Celle-ci apporte une nouveauté importante puisqu’elle enracine la charité dans la foi en Jésus-Christ, en étant un des aspects qui n’est ni facultatif ni secondaire. Un de ses premiers effets est de réhabiliter le mot « charité », souvent connoté de manière péjorative dans la société civile.

Qu’entendez-vous par développement ?

Pour nous, l’Evangile est source d’inspiration et source d’espérance. On doit toujours penser que l’homme est au centre du développement. Nous sommes pour un développement de tout l’homme et de tous les hommes, pour un développement intégral, pas seulement de la nourriture, pour un développement culturel et spirituel. Toute la dimension humaine est présente dans nos rapports avec les hommes que nous soutenons dans les pays du Sud et avec lesquels nous engageons un dialogue. Ils ne sont pas obligatoirement croyants. Ils peuvent être musulmans ou athées mais ils reconnaissent dans l’Eglise cette capacité à se mettre au service des plus pauvres.

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