La passion du football chevillée au pied

Le Père Bruno Sautereau est prêtre au sein du pôle missionnaire de Villeparisis en Seine-et-Marne. Passionné de football depuis sa plus tendre enfance, il témoigne de ce que ce sport lui apporte dans son ministère de prêtre. Rencontre.

Comment le football est-il entré dans la vie de votre famille ? Auriez-vous aimé faire carrière dans ce sport ?

Dès petit, je jouais au football dans le bas de mon immeuble. J’ai suivi des entraînements dans un club en Seine-et-Marne. Sportif dans l’âme mais aussi sur le terrain, j’ai toujours associé mon parcours religieux avec le sport, notamment avec le football où j’ai joué à un poste de défenseur puis en tant que marathonien. Je n’ai jamais souhaité faire carrière dans l’univers footballistique car je voulais que ce sport reste une joie !

Comment arrivez-vous à concilier vos deux fonctions, celui de prêtre rattaché à un presbyterium en Seine-et-Marne et celui d’arbitre puis d’éducateur depuis une vingtaine d’années ?

Je suis prêtre dans le diocèse de Meaux et j’officie en tant que délégué à la Fédération française de foot pour l’Ile-de-France. Je veille au respect du bon fonctionnement des matchs de football tous les week-ends. Incardiné prêtre en 1990, j’ai également exercé la fonction d’arbitre départemental et régional et d’éducateur pendant vingt-cinq ans auprès des jeunes. Ces diverses expériences m’ont permis de mieux comprendre le monde du sport de l’intérieur. Ces deux activités sont indissociables, elles font partie d’un seul monde, ce qui me permet de faire de belles rencontres ! Nous vivons dans un monde très compliqué où nous enfermons les individus dans les cases alors que toutes mes activités se rejoignent. « Tout est lié ! » comme le souligne le pape François ! Sur les terrains de football, nous rencontrons toutes les religions, nous mettons sur la table ce qui fait notre passion commune. Nous sommes comme des « frères » !

Quelles valeurs essayez-vous de transmettre aux jeunes générations ?

A Villeparis, sur une commune cosmopolite de plus de 25 000 habitants, nous avons plus de 700 licenciés dont 130 filles âgées de 10 à 15 ans. J’entraîne une équipe d’enfants âgés de 6 à 9 ans. Le respect, la tolérance et le vivre-ensemble sont des principes fondamentaux dans le milieu sportif. Cela commence par le respect de soi-même mais aussi celui des joueurs de son équipe et des adversaires mais j’insiste également aussi sur le respect des règles du jeu, le respect des choses et le respect de Dieu qui intervient de manières différentes dans nos vies respectives … Je prône la non-violence car le football est une passion qui peut générer de la violence physique et verbale. Toute ma vie, je me suis battue pour lutter contre l’individualisme.

Quels messages souhaitez-vous leur adresser ? Comment les encourager à persévérer dans cette discipline malgré les barrières ?

J’essaie de leur inculquer le dépassement de soi et la notion de collectif. On ne gagne pas avec ses pieds mais avec sa tête. Les médias individualisent le sport mais le rôle de l’entraineur est de donner une unité ensemble. La société valorise toujours les premiers. Nous avons du mal à accepter la défaite, c’est toujours la faute des autres mais on ne perd pas à cause des autres mais à cause de soi-même. Les joueurs de football de l’Équipe de France sont à leurs yeux des modèles de réussite mais je leur rappelle qu’il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus et de nombreuses heures de travail pour intégrer le football professionnel. La concurrence est rude !

En tant qu’éducateur, le football permet-il d’apporter un cadre et des règles à des jeunes déstructurés ?  Est-ce un lieu d’éducation ?

Le football reste un élément clé pour l’éducation aux règles de la société. C’est un lieu d’apprentissage, d’intégration et de socialisation. C’est un sport qui se pratique facilement dans la rue avec qu’un ballon. A la fin des années 2000, le maire de Melun m’avait demandé s’il était opportun d’affréter un car pour amener les jeunes des cités hors de leurs banlieues. Ils manquent d’infrastructures sportives. Je ne pouvais qu’encourager cette initiative qui leur permettaient de sortir d’un enchainement de la violence et de la drogue. Cela engendre chez les parents l’espoir d’une destinée sociale. Je constate depuis plusieurs années une évolution les banlieues qui se ghettoïsent ; les matchs deviennent de plus en plus communautaires, et c’est là le vrai problème…

Voyez-vous le football comme un miroir de la société ? (à propos de la violence, du dopage ou de la corruption…) ?

Ce sport est devenu universel. Le football est le premier sport en France en nombre de licenciés. Le football est le reflet d’une société très individualisée. Nous cumulons tout ce que la société a de richesses ou de défauts. C’est pareil pour l‘Église, Dieu nous fait rencontrer l’Autre. Nous sommes tous dans une équipe. Dieu nous fait confiance, il nous invite à nous respecter et à vivre-ensemble. C’est l’Esprit Saint qui nous aide à reconnaitre l’Autre. Il ne faut pas rester dans son monde à soi.

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Votre chargée de mission : Pascale de Barochez | pascale.debarochez@cef.fr

Les membres de cette équipe et les provinces qu'ils accompagnent plus particulièrement :

  • Pascale de Barochez (Sens, Tours, Ile-de-France),
  • Père Jean-Yves Baziou, théologien
  • P. Xavier Cormary (Albi)
  • P. René Cougnaud (Rennes, Rouen, Dom-Tom)
  • Pascale Racon (Angers)
  • P. Frédéric Sanges (Marseille, Montpellier, Lyon, Clermont-Ferrand)