Au Mans, avec la famille syrienne : les paroissiens mobilisés
Suite et fin de notre chronique intitulée « Les couloirs humanitaires, pour un accueil des réfugiés les plus vulnérables ». Focus cette semaine sur le collectif paroissial qui vient en aide à la famille syrienne. Reportage au Mans.
Guillemette, coordinatrice paroissiale depuis plusieurs années, est un peu la « maîtresse de maison » de Notre-Dame de la Couture. Également voisin, David s’occupe des enfants de chœur. Membres du collectif paroissial, ils ont tous les deux contribué à la réussite de cet accueil.
Il était 2 heures du matin quand la famille syrienne est arrivée de Paris au Mans, accompagnée par le duo de la Pastorale des Migrants du diocèse (Annie, responsable, et le Père Benoît, prêtre accompagnateur), et François, de la Fraternité Chrétienne Sarthe-Orient (FCSO).
Guillemette avait briqué le presbytère. David, lui, en avait supervisé l’aménagement, avec son épouse Patricia, « pour que tout soit bien nickel quand ils arrivent ». Les religieuses Augustines de Meriem Ana avaient été très impliquées aussi.
« J’étais heureuse de les accueillir ! se souvient Guillemette. Cela faisait un moment que nous parlions du projet. Le voir se concrétiser m’a fait plaisir ». Elle partage ce bon souvenir tandis que le père, Antonios, sert le café et que son épouse, Antoinette, propose du gâteau. Les petits-enfants de Guillemette sont spontanément allés jouer avec Fouad, leur grand fils de 29 ans.
Elle poursuit : « Il me revient de préparer la prière universelle le dimanche. Or, chaque dimanche, depuis le début du jumelage, nous avons une intention pour le monastère de Mar Elian. Voir des personnes arriver de Syrie, les rencontrer « en vrai », m’a vraiment fait quelque chose de très profond. C’était beaucoup d’émotions ».
A la racine de son engagement, une phrase de Saint Jean qui l’habite « tout le temps et depuis très longtemps » : « Si tu n’es pas capable d’être bouleversé par la misère de ton frère, alors tu n’es pas capable de comprendre comment Dieu t’aime ». « Ce n’est pas la citation exacte, précise-t-elle, mais c’est comme cela que je la vis ».
Des arabophones dans le collectif paroissial
Le collectif paroissial qui désormais accompagne au quotidien la famille syrienne peut compter sur la disponibilité de plusieurs arabophones : Maroun, Issa, Jeannette et Michel… Ce dernier, médecin d’origine libanaise, sera notre traducteur pour la journée.
Peu après leur arrivée, un dîner d’accueil a rassemblé une quinzaine de personnes autour d’eux. Puis les fidèles présents en juillet ont fait leur connaissance lors d’un déjeuner paroissial. « C’est dommage qu’ils soient arrivés pendant la dispersion de l’été, relit Guillemette. Je pense que nous prendrons tous conscience de leur présence à la rentrée ».
Quant à David, il les portait déjà dans sa prière lors du chapelet du mercredi. Pour lui, « ce sont nos aînés dans la foi. En fait, nous accueillons nos parents ».
Responsable de la Pastorale des Migrants, Annie souligne ce « clin Dieu » : lors de leur première messe à Notre-Dame de la Couture, la famille s’est reconnue sur les photos du jumelage affichées au fond de l’église ! « On les voit en photos, on prie pour eux et un jour, ils sont là, s’émerveille encore Guillemette. Quelque chose s’est incarné ».
Papiers, s’il-vous-plaît…
Après la phase d’accueil, commence une période d’accompagnement. La dimension administrative n’est pas négligeable. Titulaires d’un visa humanitaire, grâce aux Couloirs humanitaires, les membres de la famille syrienne ont rempli leur dossier OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Et s’ils étaient « préparés à changer de pays et de culture », la barrière de langue reste un véritable obstacle.