« Les migrants et la nouvelle Evangélisation », par Mgr Schockert
Oui, notre programme est bien d’annoncer l’Evangile. L’avenir du christianisme dans la société actuelle passe par la redécouverte de la vigueur du message évangélique. Cette journée mondiale nous rappelle que le chrétien est « un homme en route », un pèlerin, un homme « en exode », celui qui, à l’appel de Dieu, comme Abraham, Moïse, comme les disciples de Jésus, se met en marche, poussé par l’Esprit, vers une terre qu’il ne connaît pas encore. Et le premier « oui » que nous puissions dire à Dieu, et finalement le plus profond et peut-être le plus exigeant, c’est de dire oui à la vie, en réponse à l’appel créateur qui passe par la croissance de l’homme, par sa grandeur, par sa vérité. A l’écoute de nombreux récits de vie de nos frères migrants et réfugiés nous découvrons, avec beaucoup de consolation, que bien des gens rencontrent Dieu très profondément, sans toujours le savoir et le soupçonner, en disant chaque matin oui à la vie, un oui qui n’est pas toujours évident mais qui est parfois héroïque.
Dans notre société où chacun a tendance à vivre isolé, il est évident que l’étranger ne peut devenir que l’objet d’une méfiance particulière. Figure de l’homme en route et du chrétien en marche vers le Royaume, l’étranger nous invite au respect de la personne humaine, indépendamment de ses origines ethniques et linguistiques et plus encore lorsque cette personne se trouve dans l’épreuve et la nécessité.
Benoît XVI dans l’encyclique Deus Caritas Est écrit : « Celui qui a besoin de moi et que je peux aider, celui-là est mon prochain. Le concept de prochain est universalisé et reste cependant concret. Bien qu’il soit étendu à tous les hommes, il ne se ré- duit pas à l’expression d’un amour générique et abstrait, qui en lui-même engage peu ; mais il requiert mon engagement concret ici et maintenant ».. C’est la raison pour laquelle l’Eglise garde vivant ce sens fort de solidarité et de coopération entre tous les peuples ; ceci peut servir de conscience critique dans l’engagement à réaliser un monde différent, où nous sommes tous appelés à promouvoir la prise de conscience que nous sommes tous membres d’une seule famille humaine, dans laquelle nous avons tous une responsabilité.
Tous ensemble, en communautés vivantes et missionnaires, nous pouvons faire reculer les drames de beaucoup de nos frères en humanité par des attitudes et des comportements responsables qui mettent en pratique les vérités que nous proclamons. La proposition de « diaconia 2013 » qui nous est faite peut nous aider à dépasser les a priori, les découragements, les déceptions, la solitude et parfois la peur. Mais quelle récompense lorsqu’ advient la relation, la communication, l’amitié, l’évidence lu- mineuse de la proximité et de la fraternité.
Mgr Claude Schockert
Evêque de Belfort-Montbéliard, en responsabilité de la Pastorale des Migrants