« La dimension spirituelle des enfants » par Mgr Herbreteau
Les 6-8 ans : un besoin de sécurité et une aspiration à l’autonomie
Leur vie spirituelle est marquée par un besoin de se rassurer auprès d’adultes en qui ils ont confiance. Nombreuses sont leurs interrogations sur ce qui se passe après la mort, sur l’éventualité d’une guerre mondiale ou même sur la mésentente voire le divorce des parents.
L’enfant de 6-8 ans vit dans l’instant. Un mûrissement intérieur se réalise. Ainsi les grandes questions sur la vie, l’amour, le mal, la mort surgissent au quotidien, souvent formulées de la même manière. Un important travail souterrain s’accomplit. Confrontée à ces grandes questions, leur conception de Dieu est magique. Pour eux, il suffit de prier très fort pour être exaucé. Dieu est tou t-puissant et peut donc changer le cours des événements.
Les 8-11 ans : la sortie du cercle familial et la découverte des amis
Désormais, la petite bande prend beaucoup d’importance. A travers les jeux, l’intérêt pour les feuilletons de la télévision ou pour la bande dessinée, apparaît une conception dualiste de l’univers. Il y a d’un côté les bons et de l’autre les méchants. La règle du jeu doit être respectée. Le méchant mérite une punition sinon c’est une injustice. L’image de Dieu juste et bon est prédominante. C’est aussi parfois un Dieu avec qui l’on marchande. L’enfant promet de faire des efforts à condition qu’en retour, Dieu lui obtienne telle ou telle faveur.
La vie spirituelle se manifeste dans ce désir de grandir et d’élargir le réseau de relations, dans l’éveil au sens moral (importance de la loi, mais aussi transgression des interdits), dans la confiance en l’ami. Celui-ci est parfois trop idéalisé. Ce qui produit un profond désarroi lorsque surviennent les petites trahisons, les conflits, les jalousies.
Au cours de cette période de relative tranquillité, avant les turbulences de l’adolescence, les éducateurs peuvent mettre l’accent sur les activités où tout le corps est concerné (mouvements, chants, repas, sommeil). Le jeu, par exemple, est nécessaire à la détente, mais il est aussi un acte spirituel par lequel se réalise aussi bien un éveil de l’esprit que l’ouverture à d’autres personnes.
Les 12-15 ans : les adieux à l’enfance et le doute
L’adulte est souvent désemparé par des adolescents pleins de contradictions, tantôt dans un profond mutisme et tantôt dans le bavardage. De leur côté, les conceptions religieuses évoluent. Certes, vers 12 ans apparaît encore le discours d’évidence au sujet de Dieu (on ne remet pas en cause l’existence de Dieu). Le doute commence cependant à s’insinuer. Au moment de la préparation du sacrement de confirmation, il n’est pas rare d’entendre des jeunes de 13-14 ans exprimer des interrogations : « Est-ce que Jésus m’oublie parfois ? Pourquoi Dieu laisse-t-il le mal se répandre dans le monde ? ».
Au moment où le corps se transforme profondément, où des angoisses conduisent à un état dépressif, des aspects insoupçonnés de la vie spirituelle sont à considérer. Ainsi, l’expérience de la fragilité et de la vulnérabilité permet de découvrir un autre visage de Dieu. Le Dieu tout-puissant de la petite enfance est remplacé par un Dieu proche qui s’intéresse au sort des humains. Dans le même temps, les 12-15 ans savent que la liberté est toujours marquée par des influences et des conditionnements.
Il est difficile de conclure sur la vie spirituelle des 12-15 ans.
Mgr Hubert Herbreteau
Evêque d’Agen
Membre du Conseil pour la Pastorale des enfants et des jeunes
Source : « Osons l’Aventure intérieure » – Spiritualité de l’Action Catholique des Enfants (2010)