Samedi 12 octobre, les monastères ouvrent leurs portes
Pour la deuxième année consécutive, moines et moniales sont invités à ouvrir leurs portes aux jeunes en ce mois d’octobre, pour leur faire découvrir la vie monastique. Rencontre avec les dominicaines de Dax qui, comme 60 autres monastères de France, organiseront cette journée au rythme des contemplatifs ce samedi 12 octobre 2019.
Vous participez pour la 2ème année à cette proposition faite aux jeunes de découvrir durant une journée la vie monastique. Pourquoi ?
En effet, c’est la 2e année que nous participons à cette journée intitulée : « Viens et vois », qui avait eu lieu pour la première fois en octobre 2018 à l’occasion du synode des jeunes. Il est important de montrer aux jeunes que la vie que nous menons dans un monastère est joyeuse. Que le chemin que nous avons choisi de vivre est placé sous le regard de Dieu. Que cet appel à mettre Jésus à la première place s’adresse à tous et n’est pas seulement l’apanage des ordres monastiques. Avancer sur ce chemin est certes exigeant mais est aussi une aventure extraordinaire ; nous voudrions faire découvrir ce qu’est la prière : un compagnonnage avec Dieu, une extraordinaire amitié avec Dieu.
Cette proposition faite aux jeunes de découvrir la vie monastique durant une journée s’inscrit-elle dans la dynamique du mois missionnaire extraordinaire voulu par le Pape François ?
Absolument ! La prière est elle-même « mission ». Notre prière se veut « intercession ». St Dominique était continuellement sur les routes, écoutant, consolant, se réjouissant, priant et annonçant la Bonne Nouvelle du Salut pour tous les hommes. Nous-mêmes, à l’intérieur de notre monastère, nous sommes à l’écoute de l’humanité, portant les joies et les soucis du monde au cœur de notre prière. Nous sommes en quelque sorte missionnaires de la Parole de Dieu lue, méditée, fécondée dans le secret des cœurs et au cours des offices liturgiques ; c’est cette prière qui mystérieusement rejaillit sur notre monde. Nous ne sommes pas propriétaires de cette Parole de Dieu et nous sommes soucieuses de transmettre une foi vivace et joyeuse aux jeunes qui fréquentent notre monastère : jeunes professionnels tous les jeudis soirs avec temps de réflexion et de prière partagée avec la communauté ; cours de bible ; éveil à la foi avec des petits enfants qui ont un cœur ouvert, capable de recevoir ; mais aussi apprendre à prier avec des jeunes confirmands ou se préparant à la première communion ; que chacun puisse tracer son chemin avec Dieu. C’est cela être missionnaire : annoncer que Dieu est notre bonheur ; annoncer que Dieu veut notre bonheur.
En mars dernier, le Pape François publiait « Christus Vivit », suite au synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Comment votre communauté s’est-elle emparée de cette exhortation apostolique ? Quelles orientations en retient-elle ?
L’exhortation « Christus vivit » va vraiment dans le sens de notre vie religieuse. Pour que notre vie soit « crédible » auprès des jeunes, il faut qu’elle soit attentive aux signes des temps, attentive à l’attente des jeunes. Car comme dit le Pape François aux jeunes : « Vous êtes l’aujourd’hui de Dieu ». Nous essayons d’être attentives à la soif immense des jeunes qui vivent dans un monde où tous les repères fondamentaux sont gommés. Nous nous apercevons que ces jeunes sont habités par un idéal de vie qu’ils n’arrivent pas toujours à nommer, pris dans les nombreuses sollicitations pas toujours très heureuses. Notre façon de vivre – à contre-courant de ce que propose notre société, une stabilité, une certaine pauvreté, une vie enracinée sur la Parole de Dieu, une vie communautaire – leur pose question. Face à la question de l’identité, nous proposons de redécouvrir avec eux que Dieu nous a créés hommes et femmes avec toute la richesse de ce qui nous constitue ; à redécouvrir l’amitié de Dieu ; une amitié non fusionnelle mais qui permet de se découvrir comme un être unique, aimé, désiré et que c’est cela qui fait notre bonheur. Tout homme est fait pour Dieu. Dieu est « l’ami qui fait vivre » nous dit le Pape François. Eduquer à la liberté face aux décisions à prendre ; à ne pas céder à l’apparence mais à ce qui nous habite profondément ; à risquer sa vie non pas seul mais ensemble. Notre vie communautaire est un signe fort de ce « risque » et montre que cela est possible avec la grâce de Dieu et la miséricorde !
Beaucoup de jeunes portent des convictions écologiques fortes aujourd’hui. Le pontificat de François est marqué par ce tournant, que ce soit avec l’encyclique Laudato Si ou l’actuel synode sur l’Amazonie. La vie monastique n’a-t-elle pas quelque chose à proposer en la matière, n’est-elle pas prophétique dans le rapport à la nature et au temps qu’elle promeut ?
Nous observons depuis plusieurs mois des marches et des grèves étudiantes pour le climat en France et par le monde. Le Pape nous redit l’urgence d’une conversion écologique. Quelque part l’écologie est une question d’éthique, un respect de la création qui nous invite à une certaine humilité. Nous avons notre place dans la Création. Nous sommes responsables de cette Création comme nous sommes responsable de chaque homme, ne pas oublier le cri de Dieu : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Cette conversion est un appel à accepter d’abord nos limites et également à se dépasser : l’homme est « capable » mais aussi « faillible ». Retrouver un rapport sain avec soi-même : travail, prière, temps de repos sont indispensables ; rapport avec la nature en changeant nos modes de vie, une vie plus proche de la nature ; rapport avec les biens matériels, avec le temps. L’écologie est une conversion qui prendra du temps car changer nos habitudes est difficile. Nous sommes responsables de la Création mais non propriétaires. L’écologie est une éducation à la liberté, choisir où je mets mes priorités : approfondir sa relation avec Dieu, avec mon prochain, à la terre et à soi-même.
Carte des monastères participants
Témoignage
Témoignage d’une participante aux journées portes ouvertes des monastères, l’an dernier
Samedi 6 octobre 2018, je me suis rendue au monastère des dominicaines de Chalais, nous étions attendus pour 9h. Accueillie chaleureusement par les sœurs autour d’un café et de bons croissants. Pour commencer, j’ai visité l’église avec sœur Geneviève, puis je suis allée à la fabrication de biscuits avec sœur Julie qui m’a expliqué comment étaient fabriqués les biscuits. J’ai ensuite visité le réfectoire, puis le lieu où se tiennent les chapitres, les répétitions de chant… pour finir j’ai également pu voir une cellule. Après cette visite très instructive et très agréable, je suis allée à la messe. Après la messe, j’ai partagé le repas avec les sœurs. Ce fut un moment très convivial.
Après le déjeuner, nous sommes allées nous promener jusqu’au belvédère de Chalais avec quelques sœurs. Puis, je me suis retrouvée avec sœur Julie et sœur Maya pour discuter autour de questions qu’elles avaient préparées en amont. J’ai pu évoquer ce que je ressentais.
La journée s’est terminée après les vêpres. Ce fut pour moi une journée très agréable et très riche en émotion et découverte. Ça m’a permis de pouvoir visiter les lieux de vie des sœurs. Merci encore à elles pour leur accueil !
Jeanne, étudiante infirmière à Grenoble