François-Xavier de Boissoudy, artiste peintre
C’est la troisième année que François-Xavier de Boissoudy expose à la Galerie Guillaume, dans le 8e arrondissement, rue de Penthièvre à Paris (Métro Miromesnil). Après une exposition intitulée Résurrection, une deuxième sur la miséricorde, il offre cette fois-ci des oeuvres magnifiques sur Marie, en référence à des scènes évangéliques : l’Annonciation, la Visitation, la nativité de Jésus, la fuite en Égypte, etc.
François-Xavier de Boissoudy utilise le lavis d’encre, procédé tenant du dessin et de la peinture, qui consiste à employer un pigment délayé à l’eau, spécialement celui de l’encre de Chine. Les lavis d’encre sur papier sont ensuite collés sur une toile et recouverts d’un vernis. Les tableaux sont figuratifs. Les paysages et les personnages se détachent dans des couleurs allant du jais au blanc. Parfois on découvre de subtils reflets sépia. Un rai de lumière traverse souvent la scène représentée.
Ancien élève de l’école parisienne d’arts graphiques Penninghen, une école qui a pour objectif de former des créateurs dans le domaine du design et de l’architecture intérieure, François-Xavier de Boissoudy a mis son art au service de la foi. Son témoignage est émouvant et impressionnant car sa peinture prend appui sur une grande attention aux textes des évangiles. Il se présente clairement comme un peintre religieux.
François-Xavier de Boissoudy, 52 ans, est un converti. Il a fait l’expérience d’une lumière intérieure en 2004, lors d’une rencontre charismatique : « J’ai été guéri d’une blessure d’enfance dans une grande effusion d’Esprit. C’est ainsi que je transpose depuis, dans mes œuvres, ce moment de grâce et d’émerveillement. »
Son histoire est celle d’un enfant abandonné par sa mère à la naissance et adopté à l’âge de trois ans. Pendant de longues années, il a gardé du ressentiment et de la rancœur envers sa mère. Lui pardonner fut un chemin difficile. La parole du Seigneur dans le livre d’Isaïe lui apporte aujourd’hui consolation : « Une femme oublie-t-elle le fruit de ses entrailles ? Quand elle l’oublierait, moi je ne l’oublierais pas » (Is 49, 15). C’est une découverte bouleversante : la dignité de sa vie vient en tout premier lieu de Dieu.
François-Xavier de Boissoudy confie qu’il puise son inspiration dans la prière des psaumes : « C’est un dialogue où l’on est face à face avec Dieu. L’homme appelle au secours, et Dieu lui répond. » Voici quelques mots sur les trois expositions majeures de François-Xavier de Boissoudy, à la Galerie Guillaume :
L’exposition Résurrection
À travers ses toiles, l’artiste évoque un changement intérieur. Ainsi, la vingtaine de toiles réalisées sur la Résurrection représente des personnages des évangiles ayant rencontré le Christ et dont la vie a été transformée : Marie-Madeleine, Pierre, les pèlerins d’Emmaüs. À travers eux, c’est l’artiste lui-même qui raconte sa conversion. Marie Madeleine, Pierre ou les pèlerins d’Emmaüs expriment des sentiments relatés dans les évangiles. Ils apparaissent, tantôt tristes, tantôt joyeux et pleins d’espérance. Les scènes sont d’un grand réalisme. Ainsi le visage de saint Jean se trouve en peine lumière au moment où il reconnaît Jésus sur le rivage du lac de Tibériade. On perçoit ce qu’il dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! ». De même, la joie de Marie Madeleine sortant du tombeau les bras levés vers le ciel, après sa rencontre avec Celui qu’elle avait pris pour le jardinier, est perceptible.
Les tableaux de la Miséricorde
Un autre admirable ensemble de lavis d’encre a pour thème la miséricorde. « On est happé par le mystère, vivant, proche, sensible, qui habite les toiles de François-Xavier de Boissoudy. De l’une à l’autre, un dialogue se poursuit entre l’ombre et la clarté, d’une fulgurante douceur (…). Ce sont des scènes de l’Évangile, montrant la manière dont Jésus va à la rencontre des gens, se mêle à eux, se laisse toucher par leurs souffrances, les guérit. Boissoudy donne au sujet un traitement très contemporain. Il puise directement à la source, saisit un moment dans toute sa fraîcheur et son actualité. (…) Rien de spectaculaire mais une coulée de lumière bienfaisante, la trace discrète d’une tendresse agissante »
(Marie-Noëlle Tranchant Le Figaroscope). Ce qui touche le plus dans la peinture de François-Xavier de Boissoudy, c’est cette lumière qui émane toujours du Christ. Lorsque Celui-ci est absent de la composition, la source de lumière vient de l’extérieur. L’artiste commente ainsi : « Il n’y a plus aucun sujet pour moi sans cette lumière présente dans le monde, qu’elle se reflète dans un verre d’eau, un paysage ou au travers d’une scène humaine. Une lumière douce et bienveillante, silencieuse, épousant la réalité charnelle. Elle n’aveugle pas, elle n’anéantit pas, elle révèle. Mon rôle n’est pas de mettre en scène, mais de témoigner, dans une société où l’art contemporain est trop souvent régi par une négation du réel. Témoigner de cette sacralité vivante et incarnée. »
L’exposition sur Marie
François-Xavier de Boissoudy retient surtout de la vie de la Vierge Marie, son humilité, son détachement, sa disponibilité. Les peintures sont figuratives comme dans les deux expositions précédentes. Le spectateur reconnaît les scènes évangéliques sans difficulté. Très souvent le spectateur voit comme s’il était dans l’embrasure d’une porte. L’Annonciation est à ce sujet remarquable de sobriété. Les bras de Marie expriment la docilité à la volonté de Dieu. La lumière vient de l’extérieur du tableau. Lumière qui vient d’un ailleurs, comme un appel qui dépasse l’humanité de Marie. On se trouve devant le mystère de Dieu qui fait signe avec discrétion. La nativité est d’une grande originalité. Le spectateur ne voit pas forcément du premier coup d’oeil, Marie, Joseph et Jésus entre les pattes de l’âne qui sert de cadre à la scène. La sainte famille est en arrière-plan, dans la lumière. L’artiste a choisi de mettre en valeur l’âne parce qu’il est symbole de protection, d’humilité, de paix et de simplicité. Comment ne pas penser à ce qu’écrivait le pape Benoît XVI au sujet de l’ânon dans l’épisode de l’entrée de Jésus à Jérusalem. En prenant appui sur Gn 49, 11, il explique que « l’âne lié renvoie donc à Celui qui doit venir, à qui “est due l’obéissance des peuples” » (Jésus de Nazareth, deuxième partie, De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection, Éd du Rocher, 2011, p. 18). L’exposition sur Marie se poursuit jusqu’à la fin juillet 2017. Nous pouvons penser que François-Xavier de Boissoudy restera dans les années à venir un peintre important pour notre époque.
Hubert Herbreteau