Déclaration de Mgr Pierre Pican à l’occasion de sa mise en examen

Après avoir pris le temps de réfléchir, j’ai décidé de ne pas faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Caen, en date du 4 septembre 2001, qui m’a condamné à trois mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineurs.Ce procès extrêmement complexe dépassait ma propre personne. Essayant de prendre de la distance par rapport à ce que j’éprouve, je constate qu’ont été réaffirmés des principes de première importance touchant le respect des personnes, à travers l’option de conscience et le secret professionnel des ministres du culte.

Le jugement comporte pourtant, il faut le regretter, une restriction du champ du secret professionnel qui ne laisse pas d’inquiéter. Une telle remise en cause -même partielle- de la jurisprudence admise et constamment réaffirmée jusqu’ici demanderait que je fasse appel.

Je ne saurais pourtant oublier l’épreuve subie par les victimes de l’abbé Bissey. Même si certains ne l’ont pas perçu, j’ai constamment été habité par l’ampleur de leur drame, et les souffrances qui se sont exprimées lors des procès m’ont marqué en profondeur. Aussi ai-je voulu manifester ma volonté d’apaisement à l’égard des parties civiles et ne pas raviver les blessures, au cours d’un nouveau procès qui se déroulerait devant la cour d’appel de Caen. J’ai aussi beaucoup pensé à mon diocèse, à l’Eglise, à toutes celles et ceux qui, de bien des manières, ont été affectés par cette situation.

C’est pourquoi, dans l’espoir de contribuer au retour de la paix dans les consciences et dans les esprits, j’ai décidé de ne pas faire appel.

A Bayeux, le 7 septembre 2001

+ Pierre PICAN
Evêque de Bayeux et Lisieux