Le résultat du premier tour des présidentielles nous a plongés dans le désarroi

Le résultat du premier tour des présidentielles nous a plongés dans le désarroi ! Mais, rapidement des réactions apparaissent. Partout dans le pays, des manifestants, dont de nombreux jeunes, clament leur volonté de continuer à vivre dans un pays ouvert, fraternel, solidaire et démocratique.Nous sommes choqués de voir que de nombreux électeurs des milieux ouvriers et populaires ont porté leur choix sur les candidats d’extrême droite. Ils se trompent de combat. Ce n’est pas la réponse à leur réel mal vivre dans les cités, à leurs problèmes d’emploi, de chômage, à leur manque d’espoir et de reconnaissance.

Partout dans le monde, y compris en France, les pauvres sont de plus en plus nombreux. Face à l’argent roi, l’être humain est rejeté, nié. Sans travail, sans espoir, sans avenir, c’est alors le système de la peur qui s’installe. Le responsable devient l’étranger, l’autre différent. Les médias, aveuglés par la course à l’audience et au profit, portent leur part de responsabilité dans le sentiment d’insécurité qui s’est étendu dans l’ensemble du pays.
Une société démocratique se construit par le dialogue, l’accueil, l’écoute, la tolérance. C’est en mélangeant, au fil des siècles, les cultures de peuples différents que la France est devenue ce pays de liberté et de fraternité auquel nous tenons tant. Les droits sociaux, le droit au travail, à l’éducation, à la santé se gagnent aussi par l’action collective au quotidien. C’est là le vrai combat.
Chrétiens, nous ne supportons pas les mensonges du candidat de l’exclusion, du mépris et de la haine, notamment quand il détourne l’Evangile à son profit. Le projet de société qu’il propose n’a rien à voir avec le message d’amour et d’espérance du Christ.
Hommes et Femmes du monde ouvrier, nous savons par nos engagements au quotidien, que « le politique » c’est avant tout le vivre ensemble dans le quartier, la France, le monde. Nous faisons l’expérience d’un combat, d’une écoute, d’une disponibilité, d’une présence notamment en direction des laissés pour compte du libéralisme.

Nous nous adressons :
– Aux déçus de la politique et aux « abonnés absents » de la vie en société pour qu’ils prennent toute leur place dans la vie commune et citoyenne à tous les niveaux, et en particulier le 5 mai 2002 en votant contre l’extrême droite.
– Aux acteurs politiques pour qu’ils soient à l’écoute des citoyens et des relais sociaux (associations, syndicats…). Osons construire ensemble une France et une Europe ouvertes et solidaires.

D’autres échéances nous attendent. Nous aurons chaque fois à manifester fermement notre choix pour plus de démocratie, de justice sociale, de solidarité.

Chrétiens, acteurs dans une société pluraliste et laïque, nous ne pouvons céder à la peur et au mépris de l’autre. « N’ayez pas peur ! », déclare le Christ dans l’Evangile. Notre foi nous dit que l’avenir est à la fraternité entre tous les peuples. Nous nous réjouissons d’être des citoyens invités par le Christ à la liberté de servir la justice et la paix.

Passionnés d’humanité, ouvrons l’avenir !

ACO Déclaration du Conseil national de l’Action Catholique Ouvrière le 25 avril 2002