« Noël, un germe de vie et d’amour au milieu de nous », message de la Mission de la Mer

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Les océans et les mers relient les continents, rapprochent les hommes et les peuples. En ce temps de Noël, notre Dieu d’amour nous rejoint, se fait l’un de nous dans l’enfant de la crèche, Jésus né pauvre parmi les pauvres.

Un germe de vie et d’amour est planté au milieu de nous. Il nous est donné, pour le faire grandir par nos gestes d’humanité. Que la clarté de Noël, cette aurore naissante dans notre monde, devienne pleine lumière pour les habitants de la terre et les travailleurs de la mer.

Partageons autour de nous cette promesse de vie et d’amour, reçue de notre Dieu.

Aux évêques des diocèses côtiers de Métropole, et des diocèses d’Outre-Mer,
Aux amis et proches de la Mission de la Mer,Pères, amis,

La Mission de la Mer est impliquée pour faire grandir ce germe de vie et d’amour, planté au cœur de notre monde, et qui nous est confié par notre Dieu. Nous voudrions vous traduire ce que vit le monde maritime, dans les ports, à la pêche, au commerce et à l’accueil des marins, et comment la Mission de la Mer y est présente et active.

La situation des pêcheurs est contrastée, particulièrement pour la petite pêche artisanale directement confrontée aux conséquences des politiques de restriction des quotas et aux importations massives de certaines espèces (merlu, anchois, …). La situation financière est souvent difficile, toujours incertaine à cause d’un manque de visibilité de l’avenir. Nombre de bateaux sont envoyés à la casse, pour toucher les aides qui permettent de faire face aux dettes ; peu de jeunes s’engagent dans la profession. Quelques uns s’en tirent bien, et on fait, ici et là, appel à de la main d’œuvre « extérieure ». Il y a un signe d’espoir peut-être: la profession semble moins divisée et mieux soudée.
En novembre 2009, La Mission de la Mer, dans un message envoyé à la Commission Européenne, affirmait nécessaire que la parole soit donnée aux pêcheurs eux-mêmes. Elle demandait une concertation entre pêcheurs et scientifiques, pour arriver à établir une connaissance aussi précise que possible de la ressource halieutique ; il faut savoir sortir des habitudes d’affrontement, en favorisant un travail en commun. La Mission de la Mer croit en la pêche artisanale, moins prédatrice, plus respectueuse de l’état des mers, et des équilibres économiques dans le monde. Elle cherche à engager des équipes de pêcheurs de plusieurs ports, dans une réflexion conduite par l’Ifremer de Bayonne, qui aboutirait à une exposition, à l’automne 2011, sur la « vulnérabilité des systèmes côtiers », et s’appuyant sur les diverses expériences locales des pêcheurs.
La voix de la Mission de la Mer, même si elle est ténue, est entendue quand nous parlons de l’homme et des hommes qui vivent de la mer.

Dans beaucoup de ports, cette année encore, les trafics seront en baisse. Cela est dû à la crise, mais aussi à la réforme portuaire, qui a entraîné des grèves. Sont concernés les personnels de l’outillage et de la maintenance, les portiqueurs. Leur passage dans les compagnies de manutention privées se trouve compliqué par la crise. La négociation a bien progressé ; la dernière avancée à faire porte sur la reconnaissance de la pénibilité du travail de docker. Toute la communauté portuaire attend le printemps 2011 avec impatience, pour que l’ensemble de la réforme soit scellé, et que la paix sociale règne sur les quais.

La Mission de la Mer est engagée à l’accueil des marins au long cours. Leurs besoins essentiels sont connus : aller à terre pour se détendre, et communiquer avec les familles. Les foyers d’accueil sont essentiels pour ces besoins basiques : les marins peuvent y trouver l’accueil, un peu de chaleur humaine, et les moyens nécessaires (téléphone et ordinateur) pour joindre leurs proches. La France a signé les conventions internationales portant sur l’accueil des gens de mer dans les ports : il reste encore à ratifier la Convention du Travail Maritime, adoptée en 2006 par l’OIT. Actuellement, aucun moyen financier pérenne n’est donné, pour faire vivre ces foyers accueillant les marins : il faut assurer le transport, avoir tout un équipement en communication ; il faut des salariés, des bénévoles, pour accueillir au mieux. Le financement des foyers n’est pas totalement assuré, et reste beaucoup trop assujetti à d’hypothétiques aides.
Les Commissions Portuaires pour le Bien Etre des Gens de Mer sont en train de se mettre en place dans les principaux ports. Nous pouvons espérer avancer sur cette question cruciale du financement de l’activité d’accueil dans nos ports, pour aboutir à une solution durable.
Partout où la Mission de la Mer est active dans l’accueil des marins, nous demandons à ce qu’elle soit membre de la Commission. En effet, les Eglises assurent aussi la visite des marins sur les bateaux à quai et les conventions internationales reconnaissent que leurs besoins spirituels puissent être satisfaits. Pour cela aussi, il est nécessaire de renforcer les moyens, car seul un petit nombre de marins est visité. Ce travail pastoral doit être reconnu, et soutenu par les Eglises locales. Par l’accueil et les visites, nous contribuons à ce que les marins, dont la vie à bord est très exigeante et stressante, soient traités plus humainement.

Voilà les lieux où la Mission de la Mer vit sa mission, dans le partage, par la rencontre et le dialogue. Le monde maritime nous plonge dans la mondialisation, avec ses dimensions multinationale et interreligieuse. Cette mission consiste à apporter à tous la Bonne Nouvelle, que « Dieu est amour », et que chaque personne est aimée de Dieu, par les gestes humains de la visite et de l’accueil, et par l’entraide.

Cette année 2011, la Mission de la Mer tiendra sa session nationale, du 2 au 5 juin 2011, à Saint Gildas de Rhuys (56). Le thème d’année porte sur Ecologie et foi chrétienne, avec le titre : « Héritiers d’un Dieu qui donne la vie ». Héritiers aussi d’un Dieu qui laisse toute sa place à l’homme pour agir, un agir solidaire avec tous les habitants de la planète et respectueux de leur devenir.

Bonne et heureuse année 2011, dans la paix et la justice, avec plus de solidarité et de partage entre les peuples. Sachons traduire aux hommes et femmes du monde maritime que nous rencontrerons, à travers des mots et des gestes, l’Espérance de Noël, cette promesse de vie et d’amour, reçue de Dieu et faite chair dans notre monde.

Philippe Martin, Président national
Père Guy Pasquier, Secrétaire

Le Havre, le 17 décembre 2010

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