Transmission : au-delà de notre finitude, la vie !

Jésus lui dit: «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Jean 11, 25-26

Mourir dans le Christ Jésus

Grâce au Christ, la mort chrétienne a un sens positif. «Pour moi, la vie c’est le Christ et mourir un gain» (Ph 1, 21). « C’est là une parole certaine : si nous mourons avec lui, nous vivrons avec lui » (2 Tm 2, 11). La nouveauté essentielle de la mort chrétienne est là : par le Baptême, le chrétien est déjà sacramentellement « mort avec le Christ » pour vivre d’une vie nouvelle ; et si nous mourons dans la grâce du Christ, la mort physique consomme ce « mourir avec le Christ » et achève ainsi notre incorporation à Lui dans son acte rédempteur.

Dans la mort, Dieu appelle l’homme vers Lui. C’est pourquoi le chrétien peut éprouver envers la mort un désir semblable à celui de saint Paul : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ » (Ph 1, 23) ; et il peut transformer sa propre mort en un acte d’obéissance et d’amour envers le Père, à l’exemple du Christ (cf. Lc 23, 46).

Fragilités et promesse de vie !

Tous, d’une façon ou d’une autre, nous voulons vivre et transmettre la vie. J’aime ces paroles du philosophe Henri Bergson : «Je ne vois qu’un seul moyen de savoir jusqu’où on peut aller : c’est de se mettre en route et de marcher. » Marcher en trouvant le bon chemin, ne pas se tromper ! Notre marche est assurément traversée par l’épreuve existentielle de nos finitudes humaines. Nous les connaissons fort bien : fatigue, découragement, maladie ou handicap, grand âge, angoisse ou culpabilité, peurs ou tristesses individualistes…Dans nos sociétés bardées de certitudes, nous faisons une expérience éprouvante et parfois humiliante : nous sommes des claudicants, nous sommes fragiles !

Dieu dit: «Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance» (Dt 30, 19). Ainsi va notre existence. Nous sommes devant la vie ou la mort ; mais nous savons que Dieu s’engage pour que nous choisissions la vie. Or, savoir que Dieu veut que nous vivions avant même que nous le voulions nous-mêmes manifeste que la cause est déjà gagnée !

Avec le mystère de l’incarnation, Dieu s’approche de chacun de nous et pour toujours. Il désire assumer notre fragilité, la faire sienne. « La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche »
dira l’apôtre Paul. Cette espérance qu’ouvre la foi chrétienne n’est pas seulement une petite espérance individuelle, une espérance « pour moi ». Il s’agit d’Espérer pour tous selon le titre d’un des livres du grand théologien, Urs von Balthasar. Il s’agit d’espérer aussi pour le monde qui fait corps avec l’humanité. La véritable espérance chrétienne exclut le repli individualiste. La résurrection du Christ, fondement de notre espérance, est promesse de Vie éternelle pour tous.

Cette espérance est aussi traversée par l’épreuve. Elle ne peut faire l’impasse sur la mort, notre propre mort, la mort du Seigneur sur la croix. Cela veut donc dire que notre espérance n’est pas mièvre ou naïve. L’avenir ouvert ne supprime ni les incompréhensions, ni les tourments, ni les nuits…

Etre espérance a un coût, elle est onéreuse. Le mystère de la croix est bien planté au cœur de nos vies et de notre espérance ! Cette espérance est encore à partager et donc à transmettre. C’est l’appel de l’apôtre Pierre: « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance. » Nous vivons dans un contexte de tolérance qui a ses valeurs mais aussi ses limites : la principale étant que toute conviction est considérée comme une simple opinion qui n’appelle ni discussion ni questionnement. Comment ne pas partager cette espérance avec audace, courage et joie ? Nous ne pouvons garder pour nous ce que nous expérimentons comme une Bonne Nouvelle sans manquer à l’amour pour nos frères et sœurs.

Au bout du compte, ce dont disposent les chrétiens pour espérer, c’est d’une promesse, une promesse de Vie, de résurrection garantie par la résurrection de Jésus lui-même. Nous ne venons pas du chaos. Nous n’allons pas vers le néant. Notre vie, fragile et vulnérable, n’est pas le simple fruit des forces du hasard. La mort ne déchire pas la vie, comme on déchire une feuille de brouillon pour la mettre à la poubelle. Notre vie, toute notre vie, avec ses ombres et ses lumières, peut-être qualifiée, orientée, dynamisée par cette Bonne Nouvelle de Pâques.
Sur nos routes, où les pas poussent les mots, cela change tout !