Mgr Delmas : « Ne pas se contenter d’un discernement à peu près juste »
A Lourdes, l’Assemblée plénière de printemps (24-27 mars 2015) a commencé par un acte de discernement évangélique sur le ministère épiscopal. Evêque d’Angers, Mgr Emmanuel Delmas revient sur la démarche animée par le Père François-Xavier Dumortier, S.J., Recteur de l’Université Pontificale Grégorienne (Rome). Recueilli par ClR.
Comment avez-vous réagi à cette proposition spirituelle ?
Ce n’est jamais du temps perdu que de prendre un temps de recueillement, de silence, d’intériorité. Je crois que c’est d’autant plus utile que notre vie est très occupée par beaucoup de décisions à prendre, de choses à faire, de courriers auxquels répondre… Que les évêques ensemble acceptent de se retrouver et de prendre 24 heures de récollection me semble être un beau témoignage pour nos diocèses et notre ministère.
Qu’avez-vous retenu des enseignements du Père François-Xavier Dumortier, S.J. ?
C’était très profond. Il nous a dit beaucoup de choses sur l’importance d’enraciner notre ministère dans la volonté de Dieu. Le projet de son exposé était de nous aider à exercer véritablement notre discernement pastoral. Je retiens plus concrètement qu’à la suite de la tradition chrétienne, il ne faut pas se contenter d’un discernement « à peu près juste ». Il nous a dit : « Ce qui est à peu près juste est faux ». Cela m’a touché car souvent nous sommes tentés de nous contenter de quelque chose qui serait approximativement bien. Or il faut rechercher à être totalement ajusté à la volonté de l’Esprit Saint. C’est cela le vrai discernement. Au fond, il faut apprendre à la guetter, à demander à être éclairé. Je crois que cela demande du temps, du dialogue et une conversion de notre part, avant de pouvoir prétendre que nous prenons « la » bonne décision.
Comment vérifier si une décision est bonne ?
Il me semble que c’est après coup. Souvent il vaut mieux surseoir à toute décision tant qu’elle n’est pas éclairée par un temps de discernement sérieux. Une mauvaise décision est suivie de complications, d’incidents qui finalement retardent et blessent le gouvernement, la communion. Ne pas décider trop vite, prendre le temps du discernement, est du temps gagné : cela évite les conséquences néfastes.
Comment avez-vous vécu la récollection ?
J’ai beaucoup apprécié. J’ai trouvé très belle l’humilité des évêques de suivre les petites règles données au départ : garder le silence, respecter le temps d’intériorisation. A cause de cela, nous nous sentions véritablement ensemble dans cette journée de recueillement.
Quels fruits pour aujourd’hui ?
Paradoxalement, la Semaine Sainte a une dimension très forte spirituellement mais en général, elle n’est pas trop encombrée par le quotidien. Nous avons justement plus le temps de nous recentrer sur ce qui fait l’essentiel de notre responsabilité et notre vie. En ce sens, l’Assemblée plénière des évêques de printemps – qui précède toujours la Semaine Sainte – est bienvenue. La Semaine Sainte nous permet de resituer tout ce qui est dit et engagé dans le mystère de Pâques.
Les assemblées plénières
L’Assemblée plénière des évêques est l’organe ordinaire d’expression de la Conférence des évêques de France et de son activité collective. Elle vote l’élection de ses membres et décide de la création de groupes de travail. Elle se réunit deux fois par an.