« Les laïcs en mission ecclésiale » : panorama de Mgr Hervé Giraud
Mes réflexions ont porté principalement sur l’Année sacerdotale et sur les laïcs en mission ecclésiale pour faire un point d’étape sur cette réalité.
Commençons par l’Année sacerdotale. Elle est bien reçue et suscite de nos nombreuses initiatives : approfondissement du texte conciliaire ‘Presbyterorum ordinis’, conférences, pèlerinages, assemblées de prêtres, articles, retraites, ressourcement personnel, témoignages de laïcs sur l’importance des prêtres dans leur vie et aussi initiatives pour favoriser les vocations sacerdotales… la liste ne peut prétendre à l’exhaustivité.
Dernièrement je suis allé à Rome pour un Colloque sur « Fidélité du Christ et fidélité du prêtre ». Et en juin aura lieu la clôture avec, du côté français, une marche des prêtres sur la via Appia antica le mercredi après-midi vers la cathédrale St Jean de Latran.
Cette année aura permis de souligner quelques points sur le presbyterium, la dimension sacerdotale du ministère, la fidélité des prêtres, l’appel aux vocations sacerdotales, etc.
Qu’en est-il des laïcs en mission ecclésiale ?
Ce dossier a avancé grâce à une enquête réalisée dernièrement auprès de tous les évêques. La réalité est importante, avec plusieurs milliers de laïcs en mission ecclésiale en France, et doit être réfléchie, sans pour autant oublier la nécessité des prêtres et des diacres.
La notion de laïcs en mission ecclésiale est encore à préciser. Ce terme permet de regrouper l’ensemble de ceux qui reçoivent une lettre de mission au nom de l’évêque et qui sont donc envoyés par l’Église.
Qu’avez-vous encore souligné dans cette enquête ?
Le souci de la formation initiale apparaît quasiment partout ainsi que la nécessité de l’accompagnement spirituel et de la relecture. La majorité des diocèses se soucient aussi des échéances (renouvellement ou non des lettres de mission).
Les cinq critères de Congar fonctionnent bien pour définir une mission ecclésiale ou un « ministère » : « des services précis, d’importance vitale, nécessaires à la vie de l’Eglise, comportant une vraie responsabilité, reconnus ou confiés officiellement par l’Eglise locale, comportant une certaine durée ».
L’envoi en mission au cours d’une célébration liturgique n’est pas une pratique systématique dans les diocèses. Mais elle semble se généraliser, sans risque de ressembler à une ordination.
Enfin les missions se spécialisent (communication, catéchuménat), s’étendent (doyenné, diocèse) ou sont transversales (polyvalence). Les postes demandent plus de professionnalisme. On note un accroissement du niveau de responsabilité des laïcs (responsable de services diocésains).
Quelles sont les questions ecclésiologiques ou pastorales qui apparaissent dans cette enquête ?
On peut constater que l’arrivée des laïcs en mission ecclésiale fait progresser la réflexion théologique des laïcs sur ce qu’est l’Église. Sans nous écarter des fondements christologiques, nous prenons mieux conscience de la dimension pneumatologique de l’Église : en effet c’est souvent la reconnaissance, chez tel ou tel, d’un charisme qui conduit à envisager de l’appeler à une charge.
La collaboration en Église apparaît souvent positivement dans l’enquête. Il s’agit de rejoindre ce que disait récemment le pape Benoît XVI : « Il est nécessaire que les mentalités changent à l’égard des laïcs, que l’on cesse de les considérer comme des collaborateurs du prêtre pour les reconnaître réellement coresponsables de l’être et de l’agir de l’Église » (7 mars 2010). Dès lors comment réfléchir théologiquement aux notions de collaboration, suppléance ad tempus, délégation, participation, accompagnement ?
Il y aurait à travailler la signification théologique et les conséquences ecclésiales et missionnaires du fait qu’il y a un pourcentage important de femmes parmi les laïcs en mission ecclésiale.
Un dernier mot ?
De façon quasi unanime, les laïcs en mission ecclésiale sont vus comme un enrichissement pour le dynamisme, la compréhension, la vie et la mission de l’Eglise. Cela prolonge les intuitions de Vatican II et permet d’approfondir le sens de la mission, en obligeant chacun à redéfinir sa place dans l’Eglise-Corps.
Contrairement à ce qu’on pense parfois les ministres ordonnés sont mieux reconnus et demandés quand les laïcs en mission ecclésiale ont leur mission bien définie. Un laïc en mission ecclésiale ne remplace pas un prêtre. C’est là une conviction largement partagée ; l’enjeu étant que chacun soit bien reconnu, « sans séparation ni confusion ».
Interview de Mgr Giraud
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