Directoire pour la Catéchèse : un temps favorable pour encourager la relance de la catéchèse et d’avancer sur ce qui peut rendre service
En septembre 2020 sort le Directoire pour la catéchèse, nouveau document de référence pour l’action catéchétique. Monseigneur François Kalist, archevêque de Clermont, en souhaite une bonne réception afin de relancer l’action catéchétique dans tous les lieux d’évangélisation possibles.
Quels sont selon vous les points d’attention et les nouveautés à souligner dans ce Directoire ?
Nouveau parce qu’il vient de paraître sous l’égide du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, le Directoire pour la Catéchèse (DpC) s’inscrit dans la continuité d’une ligne catéchétique qui s’enracine dans l’enseignement du concile Vatican II, notamment la constitution Dei Verbum sur la révélation divine. Il fait, certes, largement écho à l’enseignement du pape François (Evangelii gaudium est souvent cité) mais les écrits de Jean-Paul II et de Benoît XVI, tout comme les précédents Directoires et le Catéchisme de l’Église catholique, servent aussi de références.
Dans le Directoire pour la Catéchèse, la catéchèse apparaît essentiellement kérygmatique. Elle est d’inspiration catéchuménale, elle est au service de la nouvelle évangélisation. Par conséquent, le catéchiste est d’abord un témoin de l’Évangile. Sa posture est beaucoup mieux définie que précédemment, mais aussi plus exigeante. La catéchèse ne peut se réduire à un enseignement doctrinal, à une exhortation morale. Elle engage avant tout la foi du catéchiste, sa capacité d’en rendre compte, et sa crédibilité, qui se reconnaît dans la nature évangélique de ses actes.
La catéchèse ne se réduit évidemment pas au catéchisme des enfants en âge scolaire. Elle se déploie à tous les âges de la vie. Cela n’est pas nouveau, mais confirme heureusement des orientations déjà prises. Le Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse (TNOC), paru pour la France en 2007, avait déjà infléchi la catéchèse dans cette direction. De même, aucun espace n’est mis à part : la catéchèse concerne également les prisons, les personnes handicapées, la dévotion populaire, etc.
Le Directoire pour la Catéchèse attache une grande attention au contexte culturel dans lequel se déploie la catéchèse. Les nouvelles technologies, le monde numérique, sont positivement pris en compte, et doivent être investis par la catéchèse. Une attention est portée aussi au « sentiment religieux » de nos contemporains : leur quête de sens, leur recherche esthétique, sont des terrains de rencontre avec les témoins de l’Évangile.
Ce document ouvre la voie à des chantiers importants, quels sont ceux qui vous semblent prioritaires ?
Nous sommes sortis d’une période de confinement qui a beaucoup limité nos possibilités d’action, de réunion, de célébration. Bien que demeurent beaucoup d’inquiétudes, le Directoire pour la Catéchèse nous arrive en des temps favorables : il y a une attente, une tendance générale à la reprise des activités. Le moment est opportun pour accueillir ce texte, dont la réception par le Peuple de Dieu peut encourager la relance de la catéchèse. Le confinement nous a contraints d’expérimenter des méthodes nouvelles. Le moment est venu de discerner, d’avancer sur ce qui peut rendre service, d’éviter les fausses pistes.
Dans ce contexte, il faut organiser la réception du Directoire pour la Catéchèse. Il me semble que la catéchèse dans nos Églises diocésaines est souvent dispersée en divers réseaux, chacun suivant plus ou moins la méthode qu’il s’est choisie. Sans ignorer bien sûr les cas particuliers, il faut ressaisir cet ensemble, initier une action concertée avec une visée commune. Les services diocésains se voient confiés de ce fait une tâche difficile mais passionnante.
La famille devient un lieu catéchétique de première importance, à la fois destinataire et sujet d’une catéchèse active. Elle est intergénérationnelle par nature. Elle est en interaction avec la communauté paroissiale, dont elle fait partie et au sein de laquelle elle doit trouver le soutien nécessaire à sa mission. Il faut souligner que dans le Directoire pour la Catéchèse, les familles « catholiques » ne sont pas les seules concernées. Le texte prend en compte tout aussi bien les familles dans la grande diversité de leur configuration, notamment les familles « complexes » telles que l’exhortation apostolique Amoris laetitia essaie de les approcher en leur offrant une ouverture au progrès spirituel.
Que dit-il du soin de l’Église pour l’enseignement catéchétique ?
De ce qui précède, il ressort qu’enseignement et catéchèse ne sauraient être considérés comme synonymes. Il importe cependant de maintenir un « enseignement catéchétique » au sens où la mission de catéchiste requiert des savoir, des savoir-faire et des savoir-être spécifiques.
Si le catéchiste est avant tout un témoin, il faut pourvoir à sa formation, à son discernement, à son ressourcement. Il faut lui donner les moyens de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ, et les moyens d’exprimer cette expérience, de dire comment est advenue cette rencontre et comment cela le fait vivre actuellement. La définition du catéchiste qui ressort du Directoire pour la Catéchèse implique un appel à la conversion personnelle, et la réponse à cet appel doit être encouragée et soutenue par la communauté ecclésiale.
L’Église diocésaine apparaît comme le lieu où se définit et s’accomplit l’action catéchétique. Si le Directoire pour la Catéchèse a une valeur universelle, chaque Église peut élaborer son propre parcours ; elle est même invitée à le faire, afin de rendre le projet plus proche, mieux adapté aux réalités locales (culturelles, sociales, etc.). Tous les membres actifs de l’Église sont impliqués, avec la diversité et la richesse de leurs vocations, dans cette œuvre d’évangélisation.