Lyon : les jeunes acteurs de l’unité

“Nous avons essayé de construire cette veillée pour l’unité, autour de nos points de convergence. Nous ne souhaitons pas un patchwork, où défilent toutes les sensibilités chrétiennes, mais plutôt valoriser le fait de se rassembler, de se rencontrer et de prier ensemble. Il y aura à la fois des hymnes orthodoxes, des chants de louange, et un temps où les jeunes pourront échanger en petits groupes, partager leurs questions autour de l’unité et des Églises”, indique Pauline Belval, chargée de mission au sein de l’équipe de la pastorale des jeunes du diocèse de Lyon. Au milieu de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui se tient du 18 au 25 janvier prochain, les jeunes lyonnais catholiques, protestants et orthodoxes de 18 à 30 ans sont invités à participer à la démarche mondiale en rejoignant l’église Sainte-Blandine à partir de 19 h 30, le jeudi 23 janvier. Outre les temps de convivialité et de médiation, la soirée permettra de réfléchir autour de la foi commune des chrétiens en cette année du 1700ᵉ anniversaire du concile de Nicée – Constantinople : le premier concile œcuménique, qui s’est tenu en 325. “Pour nous, l’important est de se réunir entre jeunes autour du Christ, vrai homme et vrai Dieu, et d’être dans l’unité comme une lumière, un signe d’espérance pour le monde”, poursuit la chargée de mission.

Cheminer en fraternité

À Lyon, l’initiative revient au comité des responsables d’Églises à Lyon (CREL), et c’est Olivier Pons, le nouveau délégué épiscopal à l’œcuménisme pour le diocèse qui a eu l’idée d’une soirée spéciale pour les jeunes adultes. Il s’est entouré d’une équipe d’une dizaine de personnes : des jeunes délégués de la pastorale catholique, de l’Église protestante unie, des jeunes orthodoxes et quelques membres de la communauté du Chemin Neuf. Chacun s’est investi pour la réussite de ce projet commun. “Avant d’être une veillée de prière, une simple soirée dans le cadre de la semaine de l’unité avait été évoquée et c’était déjà chouette !”, lance Emmanuelle Martin, animatrice de la mission Jeepp à Lyon, pour les étudiants et jeunes professionnels protestants. Elle s’est naturellement engagée dans la proposition. L’unité des chrétiens lui tient particulièrement à cœur dans le cadre de cette semaine de prière dédiée, mais aussi tout au long de l’année. L’œcuménisme est central dans sa mission, en lien avec l’accompagnement des maisons d’unité, ces colocations œcuméniques de jeunes. Elle se réjouit d’être partie prenante de cette aventure avec d’autres personnes de sa génération. “J’ai trente ans. Nous avons la chance de construire la veillée ensemble, entre jeunes, au service d’autres jeunes adultes”, souligne-t-elle. Au sein de l’équipe d’organisation, Pauline sent quant à elle que des liens profonds se tissent. “Nos frères et sœurs orthodoxes ont une vision de l’organisation très différente de la nôtre, une manière de voir les choses liées à leur culture, à l’histoire de leur Église. Nous tâtonnons pour avancer ensemble. Depuis quelques mois, une fraternité se crée de manière solide, dans le sens où chacun fait un pas de côté et accepte d’être déplacé en partageant ce qui est important pour lui dans sa foi et sa relation à Dieu”, précise la jeune femme.

Permettre la rencontre avec le Seigneur

Difficile de connaître à l’avance le nombre de participants à cette veillée de prière. Les portes de l’église Sainte-Blandine, qui peut accueillir près de 800 personnes, seront grandes ouvertes. D’ores et déjà, certains se sont manifestés pour rendre service et accueillir les étudiants et les jeunes professionnels qui se présenteront. D’autres ont accepté de discerner et de partager leur témoignage au cours de la veillée. Comme Maëlle, jeune catholique, traversée par mille et une questions quant à la construction d’une vie de couple avec un jeune homme évangélique. Une attention particulière sera portée aux jeunes en recherche. “L’enjeu de la veillée est de les accueillir et leur permettre de découvrir cette ouverture. Nous serons vigilants au cours de la soirée pour éviter les termes de notre jargon d’Église, pour revenir au cœur et permettre la rencontre avec le Seigneur”, révèle Pauline Belval. Elle évoque l’attrait naturel de la génération des 18 – 30 ans vers l’autre différent et le sentiment que l’unité des chrétiens dépasse le cadre de la religion en puisant ses racines dans l’entraide et l’ouverture. Elle partage ce constat : “Ici à Lyon, il y a des sensibilités très différentes et des jeunes qui passent du très classique au charismatique, naviguent de l’un à l’autre : je vois là une grande force. C’est très beau. Il y a aussi cette prise de conscience : il faut avancer ensemble.”

Se laisser remplir avec l’esprit et l’amour de Dieu

Pour faire tomber les aprioris, se reconnaître réunis pour et par Jésus, approfondir ensemble, “rien ne vaut la rencontre et la discussion ! Avec les maisons d’unité, j’échange et je vis avec ces personnes qui sont devenues des amis. Je comprends mieux leur confession. Grâce à l’œcuménisme, je découvre encore plus de facettes de Jésus, même si les relations que nous entretenons avec le Seigneur sont différentes. Ça m’émerveille !”, confie Emmanuelle. Avec l’expression de la foi de l’autre différente, avec les chants orthodoxes qui ne sont pas proposés en français, plus qu’une ouverture culturelle, c’est l’accueil de l’Église universelle qui est en jeu : une promesse de richesse. Pauline l’assure : “se confronter à un milieu différent vient questionner à nouveau ce que l’on croit, ce qui est établi, ce qui est fragile dans notre foi. La démarche permet d’approfondir encore notre relation à Dieu, à l’Église ou à notre communauté. Je trouve qu’il y a là quelque chose de l’amour de l’autre et de l’Église qui se développe”. La jeune femme a grandi au milieu de frères et sœurs évangéliques, elle est ancrée dans l’œcuménisme depuis plusieurs années. L’an dernier à Rome, invitée à l’ouverture du synode, elle s’est retrouvée complètement déstabilisée devant la trentaine de représentants des mouvements des Églises, nombreux en habits traditionnels, venus d’Orient et d’ailleurs. “En fait, cette unité de l’Église dépasse mon image contextualisée des protestants en France et des quelques orthodoxes que je connais. La rencontre va bien au-delà. Cet évènement m’a remis à ma place et a encore plus élargi ma vision de l’Église et de l’amour que Dieu porte à notre humanité. La seule manière de vivre l’unité : c’est de se laisser remplir avec l’esprit et l’amour de Dieu. Je me sens comme reconnaissante de notre diversité. Elle révèle à tous quelque chose de Dieu et permet au monde de le rencontrer”, témoigne-t-elle.

Toute l’équipe d’organisation de la veillée de prière pour l’unité est heureuse de permettre à ses contemporains de découvrir l’œcuménisme, d’encourager leurs relations à Dieu et de grandir ensemble en frères et sœurs, enfants du même Père. Joie et espérance habitent chacun devant ce qui se construit et ce qui est impulsé dans le diocèse de Lyon. Un sentiment de reconnaissance est également partagé devant cette belle histoire de l’unité qui s’écrit ici depuis l’abbé Couturier (1881-1953), pionnier de la rencontre entre les chrétiens. Emmanuelle ponctue : “C’est une nouvelle étape dans le vivre ensemble et l’unité au Christ. Soyons chrétiens, sans juger la façon de l’être des autres ! Je pense aux mots de Paul aux Galates (3, 28) : Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.”

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