« Tous nous sommes portés par l’enfant », homélie du frère Capelle pour la journée de vie consacrée 2010

La rencontre au Temple

« Soudain viendra dans son temple, le Seigneur que vous cherchez » dit le prophète Malachie.

Syméon connaît la prophétie. Peut-être au temps de sa jeunesse et dans la verdeur de sa vitalité, attendait-il « une venue soudaine, éclatante, immédiate, conquérante ».
Maintenant, l’âge aidant, au plus profond de sa conversation longue et patiente avec son Seigneur, il a été préparé, doucement, à considérer les choses avec les yeux de la Foi et à reconnaître dans l’humble réalité, la manifestation du Salut.

Or, voilà que, ce matin, présent au temple, comme à son habitude, observant cette réalité de la vie la plus ordinaire et la plus courante –un jeune couple de gens simples, avec leur enfant premier-né– mais l’observant sous la conduite de l’Esprit, il comprend comme une évidence, que, là, en ce moment, se manifeste le Messager de l’Alliance,
celui que les peuplent désirent, celui pour lequel son vieux cœur est depuis si longtemps en éveil.
Et dans l’élan de la rencontre, il prend l’enfant dans ses bras.

Nous savons tous ce que veut dire prendre un enfant dans les bras.
C’est sentir palpiter en nous une vie nouvelle, une promesse d’avenir.
Quelque chose de neuf qui ouvre de nouveaux possibles ; c’est la sortie de nos vieilles habitudes, de nos prisons mentales.

C’est une expérience de dilatation, de joie, qui nous lave, qui cicatrise en nous de vieilles plaies,
qui nous réconcilie avec nous-mêmes, qui redonne le goût de vivre et d’avancer encore.
Quand nous avons un tout petit enfant dans les bras, une plénitude en nous s’exprime,
comme si nous avions touché un rivage, atteint un port.

C’est ce que ressent aujourd’hui le vieillard Syméon au contact de ce petit corps.
C’est ce que nous recommande Origène lorsqu’il exhorte les chrétiens :
« Prenons Jésus en nos mains, enserrons-le de nos bras.
Pressons-le sur notre cœur : alors, emplis de joie, nous pourrons aller là où il nous désire.
»

Car, en réalité, quand nous portons et serrons un enfant dans nos bras, c’est nous-mêmes qui sommes enveloppés, bercés, tenus, portés par cette espérance nouvelle.
Quelque chose en nous est comme rassemblé, soulevé vers un nouvel horizon, invité à une nouvelle naissance, dans la confiance.

Tel est le mystère de la rencontre au temple.

Aujourd’hui, Syméon est porté par l’enfant

Aujourd’hui, ceux et celles qui ont été plongés et consacrés dans le baptême sont portés par l’enfant

Aujourd’hui, ceux et celles qui ont été appelés dans le célibat vécu en communauté, sont portés par l’enfant.

C’est le Fils qui nous prend dans ses bras, c’est le Fils qui nous soulève jusqu’au Père
Et qui nous donne, en temps voulu,
la nourriture de son corps, en tous points semblable au nôtre
la nourriture de son corps de Parole, présent sous les habits de l’Ecriture
la nourriture de son corps d’Eglise, convoqué pour la louange.

Aujourd’hui,

Abandonnons-nous à ce Fils, laissons-nous porter par lui.
Laissons-nous soulever par sa tendresse, laissons-nous bercer par sa patience,
comme les petits enfants, pour lesquels le Royaume est préparé.

 
Homélie pronnoncée par le frère Nicolas Capelle, président de la CORREF(Conférence des religieux et religieuses en France), lors d’une messe célébrée le 2 février 2010, fête de la vie consacrée.
 

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