Un Tour de France de la paix avec Madipax
La Maison du dialogue de la paix (Madipax) organise du 17 au 24 octobre 2021 un voyage interreligieux et interculturel en France à la rencontre d’acteurs de paix. Fort de ses expériences fraternelles en Algérie (2015), en Italie (2017) et en Égypte (2019), l’association propose une nouvelle fois de créer des ponts entre les cultures et les religions. L’objectif ? Que les participants deviennent à leur tour demain des acteurs de terrain. A la tête de cette structure, un Nantais, Jacques Hubert.
Qu’est-ce que l’association « Madipax » ? Comment est-elle née ?
Une Maison du dialogue et de la paix qui promeut des espaces de rencontres entre différentes religions. L’association a vu le jour en 1996. De par mon expérience personnelle, j’ai connu les moines chrétiens de Tibhirine (Algérie) par l’intermédiaire de Frère Célestin Ringeard. Avant de rejoindre le monastère en 1987, nous travaillions ensemble dans les quartiers difficiles de Nantes, en tant qu’éducateurs. J’ai eu la chance de le rejoindre et de vivre une année sabbatique avec cette communauté religieuse. La force de cette communauté m’a frappée. À mon retour en France, j’ai pris l’initiative de rassembler toutes les religions à Nantes et à Paris avec des chrétiens, des juifs, des musulmans et des athées. Ce mouvement de dialogue interreligieux s’est poursuivi avec la création de l’association Madipax.
Pourquoi une Maison du Dialogue et de la paix ?
Il existait des maisons de la santé, du vin et de l’alimentation… mais pas de Maison du dialogue et de la paix. Nous cherchions avec des architectes à construire une véritable maison avec des personnes différentes (chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes) où nous pourrions nous réunir à la fois dans des lieux communs et des lieux séparés. N’ayant pas de moyens financiers, la Maison du dialogue et de la paix reste encore qu’un service.
D’où vous vient l’idée de réaliser un voyage itinérant autour du dialogue interreligieux et interculturel ? Quel est son objectif ?
Madipax initie des projets qui développe la connaissance de l’autre, l’histoire, la tradition, et la spiritualité de l’autre. La méconnaissance de l’autre entraine une haine ambiante. C’est par cette interconnaissance que nous découvrirons les bienfaits du pluralisme des opinions, des convictions et des croyances… Voyager est aussi une manière de vivre ensemble la coopération entre croyants et non croyants. Entre la crise sanitaire actuelle, la multiplication d’actes antisémites ou racistes, il est urgent de redire que la fraternité doit l’emporter sur l’exclusion, la haine et la loi du plus fort. Le respect et le droit à la diversité sont primordiaux. Nous devons le montrer par des actes !
Quels sont les différentes étapes du périple ? Qui peut participer ?
Ce voyage s’adresse à des acteurs du dialogue interculturel. Nous irons précisément à la rencontres des instances religieuses et politiques. Le voyage démarre par la visite du Centre mondial de la paix à Verdun, et la Maison de Robert Schumann à Scy-Chazelles, des lieux de partage autour de l’Europe. Pour comprendre les enjeux du régime du Concordat, nous poursuivrons notre séjour à Metz (cathédrale avec les vitraux de Marc Chagall) et à Strasbourg (la Région Grand-Est, la Parlement européen et le Conseil de l’Europe). Nous partagerons des moments plus spirituels à Taizé avec la communauté monastique chrétienne œcuménique et le Carmel de la paix de Mazille. A Lyon, le thème du dialogue interreligieux sera au cœur de nos rencontres. Au programme : nous irons à l’Institut culturel du judaïsme, l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM) et à la Grande mosquée de Lyon. A Valence, grâce à l’initiative de Mgr Pierre-Yves Michel, l’évêque, nous aurons rendez-vous à la cathédrale avec un collectif d’association musulmane qui déconstruit les idées reçues sur l’islam. Nous terminerons notre séjour à Saint-Léon-sur-Vézère, lieu de référence du bouddhisme tibétain puis à Doumérac (Charente), le monastère orthodoxe. Nous espérons tisser des liens sur du long terme avec ces acteurs de paix.
Comment cette expérience de vie avec les moines de Tibhirine vous porte-t-elle encore aujourd’hui ?
L’Espérance vécue pendant les années noires de la guerre civile m’a profondément touchée. Elle m’aide encore aujourd’hui à me situer en première ligne du dialogue interreligieux. C’est là que se joue l’avenir de la coexistence de l’humanité. Il était important de sauver l’esprit de ces témoins que j‘appelle : « Les vivants » car ils portaient la vie de tous ceux qu’ils rencontraient. Il est nécessaire de se reconnaitre différent en « frères » et « sœurs » et de laisser la place à l’altérité. Le premier pas vers la fraternité !
Pour en savoir plus : maisondialogueetpaix@gmail.com.