De toutes les nations, des saints pour notre temps
En Afrique, en Amérique latine et en Asie, les volontaires de la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) rencontrent une Église locale souvent jeune et bien vivante où l’on vénère aussi des saints locaux. Petit tour du monde des figures de sainteté vénérées dans six de ces pays.
Qui vénère-t-on…au Togo ?
Certains pays n’ont pas de saint autochtone. C’est le cas du Togo. Aucun Togolais n’a encore été béatifié ou canonisé, mais on y vénère les martyrs de l’Ouganda, 22 catholiques ougandais tués entre 1885 et 1887 en raison de leur foi. Joséphine Détruit, volontaire DCC au Togo nous retrace la vie du plus jeune d’entre eux.
Né en 1873 en Ouganda, Kizito est devenu page à la cour du roi Mwanga. Ce dernier, favorable au christianisme, demanda aux missionnaires Pères Bancs de revenir après une période d’exil de 3 ans. Mais le premier ministre gêné par ces enseignements convainquit le roi qu’ils préparaient un complot dans le but de le renverser. Le chef des pages, Joseph Mukasa, fut la première victime, décapité et brulé le 15 novembre 1885. Dès le lendemain, 12 catéchumènes, suivit de 500 autres dans la semaine, ont demandé le baptême. Kizito était l’un d’entre eux. Ce dernier voulait absolument ressembler au Christ. Les victimes sont de plus en plus nombreuses au fils des mois, et les conversions aussi. Le 3 juin 1886, alors âgé de 13 ans Kizito est brûlé vif avec d’autres chrétiens. Avant de disparaître dans les flammes il récita un Notre Père repris par les autres condamnés au même sort que lui. Ses dernières paroles sont : « Au revoir mes amis, nous sommes sur le bon chemin ». A la suite de sa mort des centaines de personnes ont demandé le baptême.
…en Guinée Conakry ?
Dans les pays d’évangélisation récente, la vénération se porte parfois sur les évangélisateurs venus de l’étranger apporter leur zèle à la population locale. C’est le cas en Guinée Conakry qui n’a pour l’instant pas de saint autochtone. Nous vous dressons le portrait d’Arsène Mell dont la cause est étudiée par l’archevêque de Conakry.
Arsène Mell est né le 20 juillet 1880 à Quimper. Très jeune, malgré une santé fragile, il manifestera son désir de devenir prêtre. Il se rapprochera de la Congrégation des Spiritains dans le but d’aller annoncer la Bonne Nouvelle en terre africaine. Ordonné prêtre en 1906, il partira en septembre 1907 pour la Guinée ! Alors qu’il se plaint de rester à Conakry et de ne pas aller en brousse, sa réputation de grand orateur et d’homme de prière se répand très vite parmi les guinéens. Il était aussi connu pour toujours montrer sa joie de vivre et sa simplicité de vie. C’est en janvier 1909 que le prêtre rejoindra sa mission définitive en brousse : Boffa ! Lors de sa mission, il écrivait : « Ma journée est matériellement remplie de catéchismes. » Il a si bien réussi cette mission que les chrétiens l’ont appelé : « L’homme qui ne connait que le bon Dieu ». Le Seigneur utilisera son zèle infatigable pour faire de nombreux convertis partout où il se rendra, jusqu’en septembre 1921 où il mourut.
à Madagascar ?
Parmi les saints et bienheureux, l’élan missionnaire n’est pas l’apanage des personnes consacrées à Dieu. De l’autre côté du continent, Madagascar possède en la personne de Victoire Rasoamanarivo l’exemple d’une femme qui a témoigné par son exemplarité. Claire Lesegretain, volontaire qui enseigne le français à des séminaristes de ce pays, nous la présente.
Lors de sa béatification en 1989, Jean-Paul II l’avait définie comme « une vraie missionnaire » et « un modèle pour les fidèles laïcs ». Née à Tananarive en 1848, dans un famille noble, Victoire Rasoamanarivo se convertit au Christ à 15 ans : après avoir reçu le baptême, la première communion et la confirmation, elle est mariée avec le fils du premier ministre de l’époque, un prince débauché et violent dont elle refusera de divorcer. Victoire refusera également de passer à la Réforme, comme sa famille, largement protestante, l’y incite. Touché par la patience et les prières de sa femme, son mari, à l’approche de sa mort en 1888, demande à devenir catholique. C’est Victoire qui le baptise, les missionnaires catholiques ayant été interdits de 1883 à 1886. Pendant ces années-là, malgré les sanctions, la communauté catholique de Tananarive s’accroit grâce à Victoire qui catéchise, visite les pauvres et les malades, et anime les prières dominicales. Par sa force d’âme, elle impose le respect et défend l’Église devant les magistrats. Elle meurt en 1894 en disant son chapelet.
aux Philippines ?
Le zèle apostolique et le martyr sont des voies de sainteté que l’on retrouve chez un saint philippin du XVIIIe siècle mais qui n’a été reconnu qu’au début de notre siècle. Rilyn Lumapay, Philippine en mission de volontariat de réciprocité à l’Arche d’Aigrefoin, nous présente Saint Pierre Calungsod.
Saint Pierre Calungsod, également connu sous le nom de Pedro Calonsor, était un catholique philippin-visayen et catéchiste missionnaire. Lui et le missionnaire jésuite espagnol Diego Luis de San Vitores ont subi des persécutions religieuses et le martyre à Guam, dans les îles Mariannes, en 1672, à cause de leur travail missionnaire. Calungsod a prêché le christianisme au peuple chamorro de Guam et a réalisé de nombreux baptêmes au prix de persécutions et finalement de la mort, à l’âge de 18 ans. De nombreux Chamorros se sont convertis au catholicisme romain grâce à ses efforts missionnaires. Le pape Jean-Paul II déclare Pierre Calungsod bienheureux le 5 mars 2000 et le pape Benoît XVI le canonise le 21 octobre 2012. Pedro Calungsod est le deuxième catholique des Philippines à être canonisé.
au Mexique ?
Une vie brève, c’est aussi ce qui caractérise un saint mexicain qui nous est peut-être plus familier. Cyprien Godart, envoyé avec sa femme en mission de volontariat au Mexique, accompagnés de leurs enfants, nous fait le récit de la courte vie de celui qui est le saint patron de la chapelle du Centro Comunitario où ils vivent et travaillent.
Jose Luis Sanchez del Rio naît en 1913 dans le centre du Mexique. Il a 13 ans quand son pays est ravagé par la guerre des Cristeros, guerre civile féroce qui oppose une partie des catholiques au gouvernement. Trop jeune pour combattre, il s’engage quand même dans l’armée des Cristeros, avec l’accord de sa mère. Jose Luis fait diverses tâches secondaires, prie beaucoup et il gagne la confiance de son général. Il participe même aux combats en tant que porte-drapeau. Il est fait prisonnier le 6 février 1928 et subit le martyr le 10. On lui entaille la plante des pieds et on le fait piétiner du sel, on le force à marcher ainsi jusqu’au cimetière. À chaque fois qu’on lui propose de renier le Christ pour avoir la vie sauve, il s’écrie Viva Christo Rey ! (« vive le Christ Roi ! », cri de ralliement des Cristeros). Poignardé, il continue ses Viva ! et fait enrager son bourreau qui l’achève au pistolet.
en Equateur ?
Tous ont témoigné d’une indiscutable fidélité à Dieu parfois jusqu’à la mort par amour pour Lui. C’est avec un cœur pur et dévoué, que Sainte Mariana de Jesus Paredes Flores y Jaramillo a su donner sa vie pour ceux qu’elle aimait. Sara Escandon, équatorienne en mission de volontariat de réciprocité auprès de Simon de Cyrène à Marseille, nous partage l’histoire de cette sainte équatorienne.
Née à Quito, le 31 octobre 1618, Mariana se retrouve orpheline alors qu’elle était encore enfant. Elle est donc élevée par sa sœur. Très tôt dans sa jeunesse, Mariana donne des signes de profonde piété et de dévotion religieuse. Quand elle avait 10 ans, elle fit le vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance qu’elle a gardé jusqu’à sa mort. Depuis ses 15 ans, elle aide toutes les personnes pauvres et malades et elle offre des sacrifices pour la conversion des pécheurs. En 1639, elle se fait membre du Tiers-Ordre franciscain. En 1645 un tremblement de terre eu lieu à Quito, suivi d’une grave épidémie. Pendant une messe, elle offre sa vie en échange du salut de Quito et ses habitants. Quelques jours après, elle meurt alors que toutes les maladies et le tremblement de terre prennent fin. Il est raconté que, de son corps sans vie, s’est élevé un lys de grande blancheur. Ce qui lui vaut l’appellation de « Lys de Quito.