Cardinal Louis-Marie Billé (1938-2002)

Serviteur de la Parole

Ordonné évêque en mars 1984, ce passionné de la Parole de Dieu a contribué, en tant que président de la Conférence épiscopale, à développer la collégialité pour le service de l’Évangile.

Cardinal Bille

Le cardinal Billé a été un grand serviteur de la Parole. Élu président de la Conférence des évêques de France en 1996, il déclarait : « Un temps de grâce. Il me semble qu’il faut dire d’abord que nous sommes sûrement je parle des années qui viennent dans un temps de grâce, un caïros, un temps donné à notre Église en France pour témoigner de la Bonne Nouvelle du Christ. »
Et c’est dans cette perspective qu’il a été très vite l’initiateur de la réforme des structures de la Conférence des évêques. Il a toujours cherché à développer la collégialité. Son souci constant a été que la participation des membres de la Conférence aux responsabilités communes soit « aussi large que souhaitable ». Il a voulu que cette réforme soit collégiale et d’abord dans son processus. Son objectif était de vivre et faire vivre la collégialité pour le service de l’Évangile.
Au moment même où les Pères conciliaires votaient la constitution Dei verbum, Louis-Marie Billé, étudiant à l’Institut biblique à Rome puis à l’École biblique de Jérusalem a découvert les Écritures. Il en a été marqué pour la vie. Sur son anneau épiscopal était gravée la croix de Jérusalem. Ses yeux brillaient quand il l’évoquait.
La Parole de Dieu son étude et sa découverte, son enseignement et son annonce fut certainement la passion du prêtre, de l’évêque et du cardinal son regret fut, jusqu’au bout, de délaisser les rayons bibliques de sa bibliothèque faute de temps… Dans les années soixante-dix, Louis-Marie Billé fit découvrir la Bible à la Vendée. Il fut soutenu par Mgr Paty, l’évêque de Luçon, qui était pleinement accordé avec lui. En Vendée, tous ceux qui ont connu ces heures ne peuvent les oublier.
En scrutant les Écritures, Louis-Marie développa jusqu’à l’extrême son goût pour la rigueur du langage, la justesse des termes, le respect du message. Il avait un œil dont l’acuité était celle du laser. Il décelait les failles, les gauchissements hasardeux des traductions ou des interprétations.
L’Assemblée des évêques fut subjuguée quand, évêque de Laval, assisté du père Lalanne, il pilota la rédaction puis l’adoption du Catéchisme des adultes des évêques de France après en avoir fait adopter des amendements. Débat délicat mené dans la clarté et d’une main assurée.
Une conséquence de sa lucidité, de son amour de la vérité et de sa loyauté a été pour lui que, lorsqu’il se trouvait devant des manœuvres, des détours, des déloyautés, il était déconcerté et ne comprenait pas. Quand la mesure débordait, sa voix devenait plus grave, son débit plus lent, ses mots étaient ajustés et ciblés ; chacun sentait que les mots portaient juste et fort. Il le faisait pour l’Église, jamais pour lui. Il parlait pour l’honneur de la vérité, en s’exposant.
Ordonné évêque, il avait fait graver à l’intérieur de son anneau épiscopal, des mots de l’Apôtre Paul qui exprimaient ce qu’il avait de plus profond en lui, le secret et le ressort de sa vie, de sa parole et de son action : « Je sais à qui j’ai donné ma foi » (2 Tm 1, 12).

Mgr Jacques David
Évêque émérite d’Évreux.

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