P. Henri Caffarel (1903-1996)
Deux grands desseins ont animé la vie de ce prêtre parisien : la formation des laïcs à l’oraison et l’accompagnement des couples chrétiens pour les aider à vivre la grâce de leur sacrement de mariage.
Que dire d’un homme aussi réservé sans risquer de trahir sa mémoire ? Le P. Caffarel fut d’abord, pour moi, ce prêtre capable de saisir en un instant et de faire entrer dans le silence de l’oraison une salle de conférence archi-comble.
Je l’ai revu de plus près à Rome, en 1976, et lors des premiers pas des Équipes Notre-Dame Jeunes qu’il a encouragées. Un jalon décisif fut une entrevue chez lui, avenue César Caire, à son initiative où, à ma surprise, il m’adressait un appel en 1981 à me rendre libre pour les Équipes Notre-Dame dont il avait passé la responsabilité. Prêtre, forgé par la fidélité à l’oraison, tout donné au service du Seigneur et de l’Église, apprenant que l’archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger, m’appelait à servir comme vicaire général, dans l’instant il retira sa demande avec ce mot : « L’évêque a parlé, vous servirez bien ainsi. » Il m’invitait à répondre sans état d’âme à cet appel.
Aider les couples à suivre un chemin de sainteté
Mais ce qui a compté le plus dans l’approfondissement de nos échanges, ce furent nos entrevues régulières pendant les deux dernières années de sa longue vie, à partir de l’automne 1994. J’étais devenu évêque de Beauvais, par le fait même son évêque. Je m’échappais chaque mois dans le silence de la maison de Troussures pour souffler et prier. Henri Caffarel m’est apparu alors dans la fragilité de l’âge, habité d’une flamme intense, avec l’unique passion d’aimer et de faire aimer le Seigneur. Cela n’était pas sans souffrance pour lui, sans que cela entame l’espérance. Il observait avec effarement l’évolution de la société, la fragilité des couples y compris dans les familles profondément chrétiennes. Il était en outre éprouvé, comme sans doute tout fondateur. L’évolution des Équipes Notre-Dame lui semblait en rabattre sur l’ambition du chemin de sainteté qu’il avait ouvert avec les premiers foyers.
Avant de partir rejoindre en septembre 1996 les jeunes couples qui attendaient Jean Paul II à Sainte-Anne-d’Auray, le Seigneur a permis, dans une ultime rencontre, que je puisse offrir une dernière fois à Henri Caffarel l’assistance d’un prêtre. Il était important pour lui que ce fut son évêque. Par grâce, cette rencontre fut un moment aussi décisif pour lui que pour moi. J’ai eu la certitude que Notre Dame veillait sur lui à l’heure où la mort approchait.
Henri Caffarel a été donné à l’Église avec le souffle prophétique qui l’habitait. Dans les turbulences de l’époque, le couple et la famille sont des lieux majeurs pour annoncer l’Évangile. La sainteté dans le mariage éclaire le chemin de la seule vocation qui ne déçoive pas en cherchant à aimer comme Jésus nous aime.
Mgr Guy Thomazeau, Archevêque de Montpellier