S’ouvrir à la grâce de la vie de Saint Joseph

L’année jubilaire dédiée à Saint Joseph touche à sa fin le 8 décembre 2021. Les démarches proposées à cette occasion laissent déjà percevoir de beaux fruits. Rencontre avec Frère Dominique, moine de la Famille de Saint Joseph. Par Florence de Maistre.

Que retenez-vous parmi les temps forts de cette année saint Joseph ?

Je retiens beaucoup de joie et une grande action de grâce ! C’est vraiment une année bénie : saint Joseph s’est manifesté dans la discrétion, comme à son habitude, mais avec évidence. Nous avons tenté une expérience avec la retraite jubilaire proposée la dernière semaine de juillet au sein de notre monastère Saint-Joseph de Mont-Rouge [près de Béziers]. Plutôt que de grands enseignements, nous avons essayé de montrer aux participants qu’ils connaissent déjà la spiritualité de saint Joseph. Nous nous sommes mis à son école en partageant son quotidien au rythme de la sainte Famille. La semaine a été très variée, tout était à vivre en groupe, petits et grands ensemble même pour la lectio divina. Les célibataires qui aspirent à fonder une famille et vivent souvent douloureusement leur situation se sont sentis bien intégrés dans cette grande famille. C’était vraiment magnifique ! De fait, nous avons eu beaucoup de succès, une soixantaine de participants, d’autant que le pape accordait l’indulgence plénière pour la démarche, ce qui a sans doute encouragé les gens à venir. Mais surtout, les participants ont demandé que cette première expérience soit celle d’une nouvelle tradition. Nous renouvellerons donc la proposition en juillet prochain.

Quels liens la dévotion saint Joseph crée-t-elle ?

Cette année saint Joseph en lien avec celle de la famille [à l’occasion du cinquième anniversaire de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia] s’ouvre sur un retour de la dévotion à la sainte Famille. Il y a une cohérence spirituelle, une grâce retrouvée. C’est un temps béni de manière particulière. Nous avons aujourd’hui des médecins spécialisés dans toutes les disciplines, ainsi qu’un éventail de psy et de thérapeutes. Un tabou est tombé. Les gens n’hésitent plus à consulter et à bien se soigner. Mais le monde est malade du manque de spiritualité. C’est l’âme qui a la fonction de nous unifier. En étant déconnecté de son âme, on perd notre intégrité et on devient malade que ce soit dans nos relations ou notre corps. Se plonger dans l’esprit de la sainte Famille permet de retrouver des relations fraternelles, amicales. De se réconcilier avec soi-même. C’est une expérience très forte. Cette année, la fête du 1er mai [saint Joseph travailleur] a été célébrée avec une ferveur particulière, de même que nos messes jubilaires d’intercession chaque mercredi, toutes dédiées à saint Joseph. Véritable fil rouge de l’année, elles témoignent de la dévotion et de l’expérience de confiance du peuple de Dieu. Chaque semaine, nous recevons des centaines de demandes de prières, d’intentions de tous ordres, graves et sérieuses. Nous les regroupons par thème, cancer, séparation, etc. et les prions comme dans une grande litanie. Et l’on voit combien les cas désespérés se tournent volontiers vers Dieu. Pour nous aussi, cette prière devient familière, plus humaine. Elle nourrit notre ministère. Les personnes qui se confient comptent sur nous.

Quel grand fruit de cette année discernez-vous ?

Nous fêtons la clôture de cette année jubilaire les 4 et 5 décembre prochain. Ce week-end a pour thème la consécration à saint Joseph. Il s’agit de célébrer la fin de ce jubilé et de préparer la suite. Je viens de publier l’ouvrage 31 jours pour se consacrer à saint Joseph, aux éditions des Béatitudes, conçu comme un guide pour la prière familiale chaque jour du mois. La consécration à la paternité de saint Joseph n’est pas facultative. Plus on a une dévotion mariale, plus on se rend compte de la complémentarité de Marie et Joseph dans l’Église. Et l’on ne peut prendre Marie et l’Église pour mère sans choisir saint Joseph pour père. Je vois là, le fruit majeur de cette année dans une démarche qui ne fait que commencer : s’ouvrir à la grâce de la vie en saint Joseph. Le choisir pour père, en renouvelant Marie comme mère, pour mieux suivre Jésus.

Quel est le programme de ce week-end de clôture ?

Je donnerai une conférence sur la consécration personnelle à saint Joseph. Chacun est membre de l’Église universelle, mais son visage de proximité c’est la paroisse. Nous sommes tous blessés dans l’exercice de notre paternité, d’où l’importance de la remettre sous le regard de Dieu, de donner et de porter le modèle de l’Église. Les gens cherchent un guide. Ils cherchent, certes, un protecteur pour faire face à l’adversité, mais ils découvrent aussi en saint Joseph une figure concrète et spirituelle pour suivre fidèlement Jésus. Le 5 décembre, la messe solennelle de clôture de l’année jubilaire, présidée par Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, sera suivie d’un grand jeu familial “à Nazareth”.

Qu’est-ce qui vous touche encore dans ce qui s’est vécu cette année ?

La dévotion populaire est la première à être remarquée. Mais je suis heureux de voir que l’université aussi s’intéresse à saint Joseph. L’université catholique de Toulouse y a consacré un numéro de son Bulletin de littérature écclésiastique. Celle de Lyon a ajouté des cours sur la figure du saint dans son programme. C’est intéressant de voir que l’on sait accompagner la dévotion populaire et que l’on sait également s’interroger sur le plan intellectuel et universitaire. Dans ce domaine, saint Joseph s’est aussi fait découvrir cette année. C’est un fait marquant en soi, qui révèle l’existence même d’une démarche. C’est dans ce même élan que le Comité patris corde France invite les évêques à consacrer les diocèses de France à saint Joseph. Certains mystiques annonçaient qu’il serait le saint du XXIe siècle. C’est en train de se réaliser sous nos yeux ! Cette année est une étape. Je suis sûr que quelque chose s’est passé. Des lignes ont bougé. Il y aura un avant et un après, quant à la place de saint Joseph dans la vie de l’Église catholique.

À lire : 31 jours pour se consacrer à saint Joseph, Fr Dominique-Joseph, Éd. des Béatitudes oct. 2021, 214 p., 11 euros.

Saint Joseph,

toi qui toujours as fait confiance à Dieu,

et as fait tes choix

guidé par sa providence

apprends-nous à ne pas tant compter sur nos projets

mais sur son dessein d’amour.

Toi qui viens des périphéries

aide-nous à convertir notre regard

et à préférer ce que le monde rejette et marginalise.

Réconforte ceux qui se sentent seuls

et soutiens ceux qui travaillent en silence

pour défendre la vie et la dignité humaine.

Amen.

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