Saint Alberto Hurtardo Cruchaga (1901-1952)
Alberto Hurtado Cruchaga, né le 22 janvier 1901 au Chili, est rapidement confronté à la pauvreté. Il a quatre ans à la mort de son père, et sa mère doit tout vendre. Alberto apprend aussitôt la condition des pauvres sans domicile et à la merci d’autrui.
À la fin de ses études secondaires, il veut devenir jésuite, mais on lui conseille de s’occuper de sa mère et de son frère plus jeune. Il ne réalise son rêve qu’en 1923 et sera ordonné prêtre le 24 août 1933. On lui confie un ministère d’enseignement, mais la situation des pauvres crée en lui le besoin impérieux de lancer un appel à ceux auxquels il prêchait une retraite. C’était douze ans avant l’appel radiophonique de l’abbé Pierre ! Il suscite un grand élan de générosité et permet la création d’un vrai foyer domestique : « El Hogar de Cristo ». Le père Hurtado favorise la collaboration active de laïcs engagés avec lesquels il réalise une première maison d’accueil pour les enfants, puis pour les femmes, puis encore une autre pour les hommes : les pauvres commencent ainsi finalement à avoir au « Hogar de Cristo » une ambiance familiale où vivre. Ces maisons se multiplient, tout en adoptant des formes et des caractéristiques nouvelles : certaines deviennent des centres de réhabilitation, d’autres des centres de formation artisanale, et ainsi de suite, le tout toujours inspiré par des valeurs chrétiennes et imprégné de celles-ci.
Ce n’est pas suffisant pour le père Hurtado. Sentant que la charité ne peut occulter le besoin de justice, il fonde, en 1947, l’Association syndicale chilienne (Asich) pour promouvoir un syndicalisme s’inspirant de la Doctrine sociale de l’Église. Entre 1947 et 1950, il écrit trois livres importants sur les syndicats, sur l’humanisme social et sur l’ordre social chrétien. En 1951, il fonde Mensaje, revue jésuite pour répandre la Doctrine sociale de l’Église.
Ainsi, en quinze ans à peine, saint Alberto préparait l’esprit de Vatican II, selon lequel charité et justice s’épaulent réciproquement. Ces années d’apostolat intense furent l’expression d’un profond amour personnel pour le Christ qui s’exprime inséparablement en dévouement envers les enfants pauvres et abandonnés, en zèle ardent pour la formation des laïcs et en un sens vif de la justice sociale.
Mgr Emmanuel Lafont
Évêque de Cayenne
La charité ne peut occulter le besoin de justice
À la fois homme d’action et de réflexion, ce prêtre jésuite chilien a été canonisé l’an dernier par le pape Benoît XVI pour son dévouement auprès des pauvres et son sens vif de la justice sociale.