Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868)

L’Eucharistie, école de l’amour et du don de soi

Véritable apôtre de l’Eucharistie, ce prêtre dauphinois a fondé en 1856 à Paris la Congrégation du Saint-Sacrement. Il a été canonisé par Jean XXIII en 1962.

Saint Pierre-Julien Eymard 1811-1868

Elevé dans un climat chrétien austère, Pierre-Julien manifeste très tôt son désir d’être prêtre. Son père s’y oppose, et c’est pour lui le début d’un long combat qu’il mènera toute sa vie pour répondre à l’appel de Dieu. Entré finalement au séminaire diocésain de Grenoble, il est ordonné prêtre le 20 juillet 1834 et exerce pendant cinq ans son ministère dans le diocèse de Grenoble. Il est tellement aimé de ses paroissiens que, pour suivre son appel à une vie religieuse, il quitte sa paroisse en cachette. Il rejoint les maristes en 1839, où il exerce des responsabilités importantes, comme provincial puis visiteur général.
Sa foi, son zèle apostolique, sa ténacité dans les épreuves, le font aller de l’avant et vaincre les obstacles. Il se dépense sans compter à ses missions malgré une santé fragile qui l’oblige parfois à prendre du repos. Peu à peu grandit en lui l’attrait pour l’Eucharistie et le désir d’établir un groupe d’hommes dédiés à l’adoration du Saint-Sacrement.
Se rendant compte qu’il ne pourra suivre cette aspiration dans la Congrégation des maristes, il fonde, après avoir fait demander conseil auprès du Pape, la Congrégation du Saint-Sacrement à Paris, en 1856, avec le soutien de l’archevêque de Paris. Il écrit en 1867 : « Jusqu’ici, le soleil de l’Eucharistie ne s’était pas levé encore. Mais toutes les grandes richesses eucharistiques s’ouvrent devant nous. Il y a de quoi stupéfier. Nous n’en voyons qu’un rayon, qu’en sera-t-il plus tard ? » (cité par Norman B. Pelletier, Petite vie de Pierre-Julien Eymard, Éd. Desclée de Brouwer, 1995, p. 89).
Pierre-Julien Eymard voit réellement dans l’Eucharistie « la source et le sommet de la vie chrétienne », « la source et le sommet de l’évangélisation », comme le dira plus tard le concile Vatican II.
Enraciné dans une vie eucharistique, par l’adoration et la communion, il évangélise les milieux pauvres et loin de l’Église, et les conduit jusqu’à l’Eucharistie : c’est « l’œuvre de première communion ». Il lutte contre la tendance, d’influence janséniste, à ne faire communier les chrétiens que rarement : « Vous venez à la communion pour devenir saint, non parce que vous l’êtes » (Ibid, p. 26).
Pour Pierre-Julien Eymard, l’Eucharistie est l’école de l’amour et du don de soi : amour de Dieu, amour du Christ dans son Corps livré ; amour fraternel (l’Eucharistie « c’est la riante fête de la vraie fraternité », écrit André Guitton dans Pierre-Julien Eymard, Éd. Médiaspaul, 1992, p. 265). Sans vie eucharistique, l’amour surnaturel ne peut que s’étioler dans le cœur des baptisés : pour lui, l’Eucharistie est ce feu que Jésus est venu apporter sur terre (Lc 12, 49) et qui doit embraser toute l’humanité.

Mgr Guy de Kerimel
Évêque de Grenoble-Vienne

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