Face à la maladie, une rencontre avec le Christ – Le sacrement – des malades revisité

« Le spirituel en l’homme n’est pas déconnecté du corps. C’est dans le regard et le sourire de l’autre, dans une main tendue que se pressentent la joie de la personne, sa peine, son désespoir. La joie, la peine, la paix sont de l’ordre du spirituel. Il s’agit de tout ce qui est ouverture du corps, de l’être vers l’au-delà du corps (…) Tout accompagnement conduit à reconnaître la présence de Jésus-Christ dans nos vies. Comment accompagner l’autre dans cette reconnaissance, quels sont les signes de sa présence dans ces moments de vie où tout semble basculer ? »,

Quelques repères dans l’histoire de Jésus, des disciples, de l’Eglise

Au long de sa vie terrestre, Jésus a toujours manifesté une prédilection pour les malades : « Parcourant la Galilée, il enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. » (Matthieu 4, 23) Face à ces malades que nous montre l’Évangile : sourds, lépreux, paralytiques… Jésus est préoccupé, non d’expliquer la maladie mais de manifester l’œuvre de Dieu ; et ses gestes expriment la liberté et l’amour de Dieu. Les gestes d’amour prennent place dans la mission de Jésus qui font de lui le serviteur souffrant, portant sur lui le poids du mal. En guérissant certains malades, Jésus fait donc apparaître la compassion de Dieu pour les hommes qui souffrent.
Lorsqu’il retourne près du Père, il ne les abandonne pas. Il les confie à la communauté des croyants, pour qu’elle en prenne soin et, par elle, il vient à eux dans les sacrements de l’eucharistie et de la Réconciliation. Á ceux qui sont atteints d’une maladie grave, il offre le sacrement du réconfort, celui de l’onction des malades.
« En mon nom… ils imposeront les mains à des malades et ceux-ci seront guéris. » (Marc l6, 18)

L’Église, aujourd’hui, manifeste effectivement cette attention

Ainsi dans la Constitution apostolique, le Pape Paul VI, en 1974, rappelle que « l’onction des malades est l’un des sept sacrements du Nouveau Testament, institué par le Christ notre Seigneur, suggéré dans l’Évangile de Marc (Marc 6, 13), recommandé aux fidèles et promulgué par l’apôtre Jacques : « Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Église la fonction d’anciens ; ils prieront pour lui, après lui avoir fart une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade ; le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. » » (Jacques 5, 14 15) »

Le sacrement des malades a beaucoup évolué depuis les origines de l’Église. Dés le début de l’Église, les chrétiens ont manifesté aux malades que le Seigneur leur était présent en leur imposant les mains et les marquant de l’huile. Á partir du 7ème siècle, le sacrement est reporté le plus proche possible de la mort et devient l’extrême onction que seuls les prêtres peuvent donner. La réforme de Vatican II rétablira le sens et les pratiques de l’Église ancienne et c’est ce que nous vivons aujourd’hui, dans l’Église : une onction des malades destinée à tous ceux qui sont atteints de maladie grave ou en âge avancé ; l’imposition des mains est réintroduite ; l’onction peut se situer au cours d’une eucharistie pour que le malade puisse communier sous les deux espèces ; instauration de célébrations communautaires car les actions liturgiques ne sont pas des actions privées mais des célébrations de l’Église à privilégier chaque fois que cela est possible.

Pourquoi ce sacrement ?

– Pour un réconfort dans la souffrance ;
– Pour un soutien dans l’épreuve ;
– Pour recevoir la Paix du Seigneur ressuscité ;
– Pour demander la guérison que Dieu peut donner (peut-être autre que celle qui est attendue !) ;

L’Église, à la suite du Christ, attache beaucoup d’importance à la visite des malades et des personnes âgées. Celle-ci incombe à toute communauté de chrétiens et particulièrement à la communauté paroissiale. Elle constitue une démarche gratuite et amicale qui ravive l’espérance en celui qui la reçoit. Et dans une perspective de foi, visiter un malade, c’est visiter le Christ : « J’étais malade et vous m’avez visité. » (Matthieu 25, 36) L’onction des malades est, comme tout sacrement, rencontre du Seigneur, mort comme nous pour que nous ressuscitions comme lui.

Comment envisager ce sacrement ?

II est essentiel d’établir des liens entre l’aumônerie ou l’équipe des visiteurs et les personnes malades et leur entourage afin de rendre possible les visites, un accompagnement individuel et d’oser parler avec tact, lucidité des possibilités de vivre les sacrements dans la foi et l’espérance. Des rencontres échelonnées dans le temps, comprenant la lecture de la Parole, la prière, sont importantes. Que la célébration soit prévue, communautaire ou individuelle, cela se prépare, associant l’entourage, famille, amis, autres personnes malades ou âgées.

P. Lamy
Article extrait de la revue Célébrer, n°331, juin-juillet 2003

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