« À Noël, redécouvrons le Dieu si proche que l’on peut tutoyer », par Mgr Lalanne

Lalanne Stanislas - Coutances AvranchesLe vent de la crise a soufflé : le mois de décembre 2011 confirme une inquiétude qui se concrétise depuis de longs mois. Parce qu’elle vit avec les hommes et femmes de ce temps, l’Église se préoccupe de cette crise et de ses conséquences.

Dans la Manche, lors de mes rencontres, de mes déplacements dans l’ensemble du département, je perçois des signes : aux côtés de ceux porteurs d’espérance, je sens également des inquiétudes latentes, presqu’une angoisse, qui saisissent beaucoup parmi vous, face à un avenir que l’on discerne mal.

L’impression générale, partagée, est que nous vivons dans un monde où tout bouge très vite, avec des repères qui se déplacent : autour de la santé, de la vie au travail, de l’emploi. L’augmentation de la fréquentation des lieux d’accueil par les plus démunis, les conditions de solitude des plus âgés et des plus isolés, la question de l’avenir des entreprises, ainsi que des soucis plus personnels ou familiaux pour certains constituent, eux aussi, d’autres « signaux » d’inquiétude.

Face à ces questions cruciales, la tentation est grande de repli sur soi, de fermeture, voire d’égoïsme, pour préserver notre univers.

Mais voici qu’au coeur de l’hiver, un événement inattendu est annoncé à des bergers. Voici qu’à Noël, ces hommes se disent : « Allons jusqu’à Bethléem, pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Et voici ce qu’ils découvrent : une jeune maman, Marie, et son mari, Joseph, avec leur nouveau-né, couché dans une mangeoire.

Quel drôle de signe ! Un nouveau-né, couché dans une mangeoire, une crèche. Et c’est devant cette crèche que l’on s’arrête, de plein gré, happé par la modestie de son apparence et la vulnérabilité de Celui qu’elle accueille. Devant elle, chacun peut s’arrêter devant la faiblesse et la fragilité d’un tout-petit, et porter un nouveau regard sur la nature humaine.

C’est ce qu’il y a d’inouï dans ce que l’on voit de plus petit : le visage de Dieu manifesté à Noël ! C’est effectivement, au regard de l’histoire, un événement presque insignifiant. Un nouveau-né comme sauveur du monde ! Ce Dieu, qui semblait si lointain à beaucoup, ce Dieu, il est là : il se nomme Jésus !

Voici le Dieu que nous, chrétiens, nous annonçons à tous à Noël. Noël au coeur de la crise dela dette, Noël au milieu d’inquiétudes multiples. La fête de Noël est un événement et parce qu’elle montre au monde que l’espérance est toujours, et plus que jamais, possible.

En célébrant Noël, Dieu incarné, nous affirmons que Jésus est près de nous, de tous, qu’Il entre dans notre vie. À Noël, « dans cet Enfant, Dieu est devenu si proche que nous pouvons le tutoyer et entretenir avec lui une relation confidentielle de profonde affection, de la même façon que nous le faisons devant un nouveau-né », a récemment écrit le pape Benoît XVI. Faible dans son corps, puissant par l’amour qu’Il donne, Dieu est avec nous. Il offre la force d’aimer, d’être solidaire. Il ouvre l’espérance, qui permet de traverser toute crise et toute inquiétude.

J’aime cette phrase d’un poète et mystique allemand du XVIIe siècle : « Christ serait né 1000 fois à Bethléem, s’il ne nait pas en toi, c’est en vain qu’il est né. » Aujourd’hui, dans notre diocèse de Coutances et Avranches, Il naît à nouveau, une fois de plus, Il naît, pour vous, pour toi, pour chacun.

Que ce Dieu d’amour et d’espérance, comble tout homme et femme de la Manche de ses bienfaits.

Heureux et saint Noël à tous.

+ Stanislas Lalanne, le 16 décembre 2011
Évêque de Coutances et Avranches

 

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