Homélie du dimanche 16 juin 2024

Dimanche 16 juin 2024
11e dimanche du Temps ordinaire

Première lecture « Je relève l’arbre renversé » Ez 17, 22-24
Psaume Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce ! 91 (92), 2-3, 13-14,…
Deuxième lecture « Que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur ». 2 Co 5, 6-10
Évangile « C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit, elle dépasse toutes les plantes potagères » Mc 4, 26-34

Ce dimanche nous donne deux merveilleuses paraboles, riches de sens. Il nous faut les méditer sans nous arrêter à la simplicité de l’enseignement de Jésus, tel que saint Marc nous le rapporte.

1- LA PÉDAGOGIE DE JÉSUS
En quelques mots, le fils spirituel de saint Pierre nous dit comment Jésus transmet ce qu’il est : le Verbe, la Parole de Dieu en notre humanité, celle des foules diverses dans le foi, Nicodème le chercheur de la révélation au cœur de la Torah, la révélation de la Loi, les apôtres qui découvrent lentement et progressivement Celui qui est si proches d’eux.  La pédagogie du Christ en tient comte et est attentive aux capacités d’accueil de chacun. Pour nous aussi nous devons y être attentifs dans nos dialogues avec la situation de chacun : nos enfants, notre famille, nos « voisins », avec ceux qui attendent de nous une parole qui les éclaire, les conforte et les enrichisse.  Tous ont part à l’humanité de Jésus, le Fils de Dieu fait homme.  La semence, la connaissance dont il est question en cette parabole de la semence jetée en terre, du semeur et du temps où s’éclot cette semence, est communication, échange, dialogue.   C’est d’abord une communication d’unité et de proximité, de pensée et de cœur. C’est là que se situe Dieu, car il est l’amour qui la permet.  La fécondité de la semence est que cette sève qui est en nous et qui est l’amour que Dieu répand en nos cœurs. Car nous sommes à sa ressemblance et c’est toujours l’amour qui donne la vie, dans la nuit, comme dans le temps.

2 – LA PAROLE DE DIEU
On a appelé cette parabole «le grain qui pousse tout seul». «Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.»   En fait, elle ne pousse pas toute seule. Dieu est discret, mais toujours efficace, La terre que nous sommes a ses richesses minérales qui attendent la semence de la grâce.  Dès qu’une graine est jetée en terre, elle commence dans le secret une fantastique alchimie de la matière, une série de merveilles invisibles. Dès qu’on a enfoui les grains, une relation dynamique s’établit entre la semence et la terre.  Effectivement, tout se passe comme si personne ne s’occupait de ce grain jeté en terre, comme si le paysan se désintéressait de ce blé qu’il a semé.   C’est l’une des paraboles les plus optimistes que nous ayons. Qu’il pleuve ou non, la réalité divine est semée en toute humanité et elle s’épanouit dans le quotidien de nos doutes, de nos faiblesses, de notre disponibilité, de notre amour qui rejoint l’amour qui est en Dieu.   Nous avons reçu en nous et par notre humanité la possession de la semence divine, que sème Jésus le Fils de Dieu venu en notre humanité.  Et tout homme et toute femme la reçoivent, même si c’est autrement que par l’Église et ses sacrements. Cela nous oublions trop souvent que Dieu est amour, par delà l’Église et sans partage.  «L’essentiel est invisible à nos yeux», disait le renard au Petit Prince de Saint Exupéry. Ce qui arrive en nous et autour de nous est souvent de cet ordre-là : une force cachée, imperceptible, la force divine de l’Esprit-Saint même si qui s’active en tout enfants de Dieu même si nous n’en avons pas conscience. Le Seigneur agit car il veut que tous aient part à son amour.

3 – LA DISCRÉTION ET LA FOI
Cette courte parabole nous rappelle que pendant que la vie éclate de toutes parts autour de nous, nous devons apprendre à être confiant en la croissance de la semence. A Avoir foi en la présence active du Christ.   » La Parole, le logos était auprès de Dieu et Dieu était la Parole, le logos. Dès le commencement il était auprès de Die…. En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. » (Jean 1/1-2)  Saint Paul dit qu’au lieu de se construire soi-même, le chrétien doit se laisser façonner par la grâce de Dieu. Le chrétien doit se laisser modeler en toute confiance. Il doit aussi s’en remettre à Dieu pour le développement de la foi autour de lui. «J’ai semé, Apollon a arrosé, mais c’est Dieu qui donne la croissance», affirmait -il.  Comme le disait le prophète Isaïe : «La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission.» (Isaïe 55, 10-11)  L’action de Dieu est toujours présente, même si nous ne la voyons pas.

4 – LA RÉVÉLATION
Et l’Évangile nous dit que c’est le cheminement de notre vie qui permet le Règne de Dieu : la bonne terre où la Parole de Dieu porte du fruit, avec la pluie comme avec le soleil, au travers de nos joies, comme de nos souffrances,   Au travers de multiples péripéties de notre vie, il convient de rendre grâces pour ce coin de terre où la semence de la Parole de Dieu germe et grandit en nous.   Personne ne peut se sauver seulement grâce à ses propres œuvres. Ce sont la foi et la grâce qui nous accordent le salut. Le grain de blé contient en lui une force de croissance qui lui est donnée par Dieu.  Même si elle est brève, cette parabole de S. Marc, nous fait comprendre une fois de plus, que l’évangile n’est pas d’abord une «leçon de morale». Elle est «révélation» de Dieu qui nous a créés et a donné à notre nature ses lois de développement et de croissance.

5 – L’ARBRE DE L’ACCUEIL
«À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu? Par quelle parabole allons-nous le représenter? Il est comme une graine de moutarde: les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »  Dans le Premier Testament, comme dans la littérature rabbinique, les oiseaux du ciel symbolisaient les nations païennes, les étrangers qui viennent se réfugier en grand nombre.   e Royaume de Dieu va s’étendre à toutes les nations du monde qui trouveront refuge dans un christianisme bienfaisant.  La vocation de l’Église de Jésus-Christ n’est pas de devenir puissante. Devenir grand, ce n’était pas non plus la vocation du Christ. L’Église n’a pas à chercher à devenir l’égale des royaumes humains : ce n’est pas sa mission, ce n’est pas le témoignage que Dieu attend d’elle et surtout,.  La parabole dit que les oiseaux viennent s’y réfugier. Il ne s’agit pas d’une expansion mais d’une hospitalité. Il ne s’agit pas d’aller chez les autres imposer notre culture, mais de les accueillir .  Dans l’arbre de vie ou l’arbre qui permet la vie dans la délicatesse de l’oiseau qui va et vient et parfois s’y recueille, jusqu’à y faire le nid qui sera le lieu de la vie.  Dans la routine de notre cheminement spirituel, on peut rêver de grandeur. Et vivre dans la frustration. Mais ne négligeons pas les petits commencements. Ceux d’une lecture, même un peu irrégulière, de la Bible. Ceux d’une vie de prière avec ses hauts et ses bas. Ceux de témoignages parfois maladroits, d’expression d’amour du prochain encore hésitants. Ceux d’une vie d’Église pas toujours exaltante, dans laquelle on aimerait qu’il y ait plus de monde qui s’engagent…  Un regard de foi est souvent nécessaire pour nous personnellement comme pour nos communautés. Il nous rendra capable de voir dans ces petits commencements des promesses d’avenir.  L’espérance qui est en nous par notre foi en l’amour dont Dieu nous entoure, serait de ne pas céder au découragement ou à la frustration quand vient ce que nous pensons être un échec dans l’évangélisation mais nous avons à garder confiance en celui qui mènera jusqu’à son achèvement l’œuvre qu’il a commencée en nous. C’est en lui qu’est la vie. Un affirmation qui dès la première ligne ouvre l’évangile de saint Jean.   Nous aussi avons été reçus dans les branches de son Royaume. Alors ce n’est que par amour que les chrétiens peuvent s’accueillir les uns les autres, mais aussi recevoir au nom du Christ quiconque voudrait venir placer sa vie sous la protection de celui qui est mort et ressuscité.   Quoi qu’il nous arrive , notre vie est accompagnée de cette promesse : « Cette parole est certaine: si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui;  » (2 Timothée 2:11-12).   Au pied d la roche du Calvaire, se trouve le jardin de la Résurrection.

année liturgique B