Homélie du dimanche 2 septembre

22éme dimanche du Temps ordinaire

Références bibliques:

Première lecture « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne… vous garderez les co… Dt 4, 1-2.6-8
Psaume Seigneur, qui séjournera sous ta tente ? Ps 14 (15), 2-3a, 3…
Deuxième lecture « Mettez la Parole en pratique » Jc 1, 17-18.21b-22.2…
Évangile « Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à… Mc 7, 1-8.14-15.21-2…

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Puisque, durant cinq dimanches, nous lisons des extraits de la lettre de l’apôtre saint Jacques, c’est autour d’elle que nous centrerons, dès aujourd’hui, notre réflexion et nos méditations.

LA LETTRE DE SAINT JACQUES

En fait de lettre, cet écrit n’en a que le nom. Elle est plutôt une exhortation, concrète, précise en son contenu et valable pour tout lecteur chrétien, spécialement pour ceux qui, lorsqu’elle a été écrite, venait du judaïsme.

Quant à l’auteur qui se nomme lui-même dans la phrase d’ouverture, il est très vraisemblablement Jacques le Mineur, « le frère de Jésus », c’est-à-dire cousin et membre de sa famille selon l’expression de ce temps. Les habitants de Nazareth le connaissent bien comme étant de chez eux.

Dans l’Eglise naissante, il représentera le courant judéo-chrétien qui recommande aux disciples venus du paganisme de se conformer, au moins, à quelques prescriptions rituelles de la Loi. Quand Paul monte à Jérusalem trois ans après sa conversion, Jacques est la seule personnalité que le nouvel apôtre cherche à rencontrer, en dehors de Pierre.

Jacques apparaît comme le premier dans la communauté de Jérusalem. Il sera lapidé en 62, sur l’instigation du Grand-prêtre.

LA LOI DE VERITE

Le passage choisi pour le 22ème dimanche consonne avec les lectures de l’Ancien Testament et de l’Evangile. En toutes trois, il est question de la Loi.

Cette Loi vient de Dieu lui-même et non pas d’un simple consensus social. « Ecoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. » (Deutéronome 4. 1) « Accueillez la parole de Dieu semée en vous, elle est capable de vous sauver. Soyez des réalisateurs de la Parole. » (Jacques 1. 21 et 22) « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. » (Marc 7. 8)

Tout ce qui vient de Dieu ne peut être que bon, excellent, comme la création elle-même. (Genèse 1. 24) « Dieu est lumière et en lui il n’y a pas trace de ténèbres. » (1 Jean 1. 5) A des chrétiens en proie à la tentation, et nous en sommes, saint Jacques interdit d’accuser Dieu. La tentation ne vient pas de lui, mais de nous-mêmes par les situations dans lesquelles nous nous mettons ou dans lesquelles nous acceptons de rester, sans avoir la force et la foi de réagir ou de résister.

Jésus met en garde ses disciples contre un danger qui est proche en ce domaine : celui de reporter la responsabilité pour excuser la nôtre, sur les éléments matériels extérieurs. Or ce n’est par rien d’extérieur que l’homme est souillé. Et là le Seigneur Jésus prend une comparaison réaliste pour nous dire que « c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les desseins pervers. » (Marc 7. 19 à 23)

Oui, les dons de Dieu sont excellents. Et parmi ces dons, la parole de Dieu lui-même semée en nous, la parole de vérité qui a été « implantée » en nous « Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité. » (Jacques 7. 18) Elle donne la vie, elle sauve, elle est une loi de liberté. « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres. » ou plus exactement, dans le texte grec : « La vérité vous libérera. » (Jean 8. 32)

LA LOI DE LIBERTE

Car, effectivement, la loi de Dieu n’est pas un carcan comme beaucoup le pense même aujourd’hui, mais la route qui s’ouvre vers la liberté, celle de vivre comme ses enfants, c’est-à-dire à la mesure même de la vie trinitaire.

Dans l’histoire d’Israël, le don de la Loi est liée à l’expérience de la sortie d’Egypte. Après avoir fait échapper son Peuple à l’oppression extérieure, Dieu veut le libérer de l’oppression intérieure en lui donnant la Loi de l’Alliance. Il veut qu’il comprenne ce qu’est la vraie vie et qu’il adhère volontairement à cette proposition qui lui est adressée. Qu’il y adhère définitivement, car les dons de Dieu ne sont pas marqués par « des éclipses passagères. » (Jacques 1. 17)

Revenons sur cette rencontre de Jacques et de Paul. Ils se sont en effet longuement et plusieurs fois rencontrés (Actes 15. 13 et 21. 18 – Galates 1. 19 et 2. 9) Il ressort de la lettre de Jacques qu’il connaissait les lettres de Paul aux Galates et aux Romains. Par cette expression « loi de liberté » (Jacques 2. 12), nous sommes en effet renvoyés à saint Paul (Galates 5. 13) dans cette même lettre où il évoque ses rencontres avec Jacques.

Pour Jacques, vivre la Loi, c’est vivre le commandement de Dieu, le premier comme le second, non par la pureté rituelle, mais « en venant en aide aux orphelins, aux veuves dans leur malheur et de se garder pur au milieu du monde. » (Jacques 1. 27) Pour Paul, cette loi est liberté « de se mettre, par amour, au service les uns des autres. » (Galates 5. 13)

Pourquoi alors se rétrécir, s’asservir aux « éléments du monde ». L’auteur du Deutéronome avait déjà conscience du danger que le Christ dénonce : « Vous n’ajouterez rien… » (Deutéronome 4. 2) Et le Christ est précis par les termes qu’il utilise pour citer Isaïe : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. » (Isaïe 29. 13)

LA LIBERTE DANS LA VERITE

Parce qu’il est l’expression la plus parfaite de Dieu, parce qu’il est sa Parole, son Verbe, le Christ est bien la parole de Dieu semée en nous. Ce que la loi, par elle-même, ne pouvait accomplir, est devenue réalité. La liberté est le don acquis par le Christ pour les hommes dans sa Passion et sa Résurrection. « Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité. » Nous y avons part grâce à l’Esprit qui est répandu en nous.

C’est en Lui que se réalise ce que Dieu promettait dans les prophètes : mettre sa loi au fond de nos êtres, la graver sur nos cœurs. (Jérémie 31. 31 à 34 et Ezéchiel 36. 25 à 28) Il inscrit la Loi de Dieu qui est amour et qui doit se traduire dans notre vie. « Les deux commandements sont semblables…De ces deux commandements dépendent la loi et les Prophètes. » (Matthieu 22. 40) « Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion …. » (Jacques 1. 27) Les commandements sont à mettre en pratique. (Deutéronome 4. 1) Cette liberté des enfants de Dieu doit être vécue dans la plus totale vérité : « Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter. » (Jacques 1. 21)

En nous situant en vérité dans notre relation avec le Père, le Christ nous entraîne vers ceux qui sont inséparables du Père, c’est-à-dire, nos frères. Parce qu’elle nous conduit au cœur du mystère de Dieu dans nos vie actuelles et quotidiennes au milieu de nos frères, la lettre de saint Jacques ne peut être récusée, sans que soit mutilée la tradition scripturaire.

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Les deux oraisons de ce dimanche s’en font l’écho :

« Enracine en nos cœurs l’amour de ton nom. Resserre nos liens avec toi pour développer ce qui est bon en nous. Veille sur nous avec sollicitude, pour protéger ce que tu as fait grandir.» (Prière d’ouverture de la messe)

« Rassasiés par le Pain de la Vie, que cette nourriture fortifie l’amour en nos cœurs et nous incite à te servir en nos frères. » (Prière après la communion)

année liturgique B