Homélie du dimanche 11 mars

Dimanche 11 mars 2018
4éme dimanche de Carême

Références bibliques :

Livre des Chroniques. 2 Ch. 36. 14 à 23 : « Sans attendre et sans se lasser, il leur envoyait des messagers. »
Psaume 136 : « Si je perds ton souvenir. »
Lettre de saint Paul Aux Ephésiens : 2. 4 à 10 : « Dieu est riche en miséricorde. »
Evangile selon saint Jean. 3. 14 à 21 : « Dieu a tant aimé le monde. »

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Le Seigneur, malgré ce qui en apparaît à nos yeux, est miséricorde et pardon.

EXILES ET NON PAS ABANDONNES

Le monde païen qui entourait le peuple juif se présentait à ses yeux comme un monde de puissance et de facilité. Pourquoi donc vivre avec rigueur morale une alliance qui n’apporte aucune grandeur à ceux qui sont le « Peuple choisi. »

Les infidélités à la parole de l’Alliance se multiplient. Le temple lui-même devient un lieu où les coutumes païennes contaminent tout le rituel qui devait être l’expression de la relation intime et grandiose entre Israël et le Tout-Puissant.

« Le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers car il avait pitié de sa demeure et de son Peuple. » Dieu n’a pas changé. Dieu agit envers nous aujourd’hui avec la même insistance, « sans se lasser ». Alors que parfois, c’est nous qui sommes lassés de répondre, alors qu’il nous paraît si lointain, si silencieux.

Dieu trouvera bien, un jour ou l’autre, le moyen de nous reprendre dans l’amour de ses mains pour nous faire revenir à lui. Ce sera parfois même douloureux, crucifiant, déroutant. Si nous avions la foi, nous pourrions y voir, malgré tout, les signes qu’il nous envoie pour nous bousculer dans notre enfermement sur soi-même et rebâtir, avec nous, une vie nouvelle : »Qu’ils montent à Jérusalem ! »

CE GRAND AMOUR

La lettre aux Hébreux s’ouvre par ce rappel qui devrait nous émerveiller : il nous a parlé à maints reprises. Saint Paul dit la même chose aux Ephésiens : « Il nous a fait revivre avec le Christ, à cause du grand amour dont il nous a aimés. » Et quelle est notre réponse ?

La grâce de Dieu nous vient par la foi dans laquelle nous vivons avec le Christ ressuscité. C’est un don de Dieu dont il nous faut déceler la richesse, une richesse infinie.

Ce passage des Ephésiens ne demande pas véritablement de commentaires, ils ne seraient que répétition. Il n’est pas de meilleure homélie que le silence d’une méditation où l’on se laisse entraîner par l’Esprit., il s’est manifesté.

Sans précipitation, sans chercher des phrases savantes et bien équilibrées, reprenons chacun des membres de phrases de ces quelques versets :

A cause du grand amour … par sa bonté pour nous … c’est bien par grâce que vous êtes sauvés…

Il nous a fait revivre avec le Christ … et non pas sans le Christ. Par sa bonté pour nous dans le Christ … Il nous a créés en Jésus-Christ. C’est la conclusion même de la prière eucharistique : « Par Lui, avec Lui, et en Lui, tout honneur et toute gloire ! »

Il n’y a pas à en tirer orgueil, il y a à en tirer la seule et véritable conséquence : « conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous, » pour nous qui aimerions tellement que ce soit nous qui soyons les maîtres de nos décisions. « La voie que nous devons suivre. » Il n’y a pas d’autres chemins que le Christ pour rejoindre la Vie et la Vérité de ce que nous sommes.

« Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière. » (Jean 3. 21)

DIEU A TANT AIME LE MONDE

La comparaison peut paraître insoutenable, mais il faut bien l’évoquer. Dieu vit une telle intensité, un tel infini d’amour que son être ne peut être replié sur lui-même. C’est là ce que nous exprime le mystère trinitaire. Dieu est pleinement père, celui qui engendre la vie, qui lui donne son épanouissement.

Un tel épanouissement qu’il ne peut s’épuiser dans cette paternité. Il est pleinement fils, engendré, non pas créé, tellement expression de l’amour qui est en Dieu qu’il en est le « logos », la Parole même.

Une Parole unique, parce que Dieu ne peut être divisé en lui-même : il n’y a qu’un seul Dieu. Mais, dans le même temps, cette Parole est amour et vie, qui ne peut s’enfermer dans le silence de Dieu, mais qui doit aussi engendrer un monde nouveau parmi les hommes.

Dieu est tellement amour qu’il est Fils et Esprit. Dieu a tellement d’amour à donner qu’il le donne au monde. Il le donne par celui-là même qui est l’identique de sa paternité divine. « Un seul Dieu »….il a donné son fils unique.

Là encore, il faut nous laisser entraîner dans une méditation, qui ne sera jamais irrespectueuse, car elle tâtonne dans sa recherche d’être plus proche du mystère trinitaire.

« La lumière est venue. » Laissons-nous aveugler, simplement, en toute vérité. C’est ainsi que nous viendrons à la lumière. Ce ne sont ni les raisonnements, ni les grandes phrases qui peuvent expliquer ce mystère. « Cela ne vient pas de nos actes », nous disait tout à l’heure saint Paul (Ephésiens 2. 9)

Elle nous permettra dans une vision intérieure de « voir » Dieu : »Celui qui voit le Fils, voit le Père », disait Jésus à ses apôtres, quelques heures avant sa passion, quelques jours avant sa résurrection.

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La prière après la Communion, au moment même où nous rendons grâce de cette divine présence en nous résume ces réflexions difficiles à exprimer par les mots humains qui nous sont habituels mais qui sont usés par leur usage.

« Dieu qui éclaires tout homme venant dans ce monde, illumine nos cœurs par la clarté de ta grâce, afin que toutes nos pensées soient dignes de toi et notre amour de plus en plus sincère. » (prière après la communion)

 

année liturgique B