Se marier en contexte de Covid-19 ? Ouvrir le discernement

Les nombreux couples qui avaient prévu de se marier ces mois-ci souffrent car la crise sanitaire a bouleversé leurs vies et leurs projets. Cette situation est une épreuve pour les fiancés, pour leurs familles et amis, pour celles et ceux qui les accompagnent dans ce beau chemin du mariage. Certains ont reporté leur mariage, d’autres sont dans une grande incertitude. Monseigneur Bruno Feillet et le Service National Famille et Société proposent un temps de discernement.

Version mise à jour le 10 décembre 2020

Vous êtes en route vers le mariage ou vous projetez de vous marier prochainement, la crise a bousculé vos projets. La célébration est prévue pour bientôt ou vous ne savez quelle date choisir, vous êtes dans le flou. C’est frustrant et difficile. Que vivre ? Comment décider ? Pour vous aider dans le discernement de ce qui est possible et souhaitable dans ce contexte d’incertitude, nous vous proposons quelques pistes simples. Ce sont des suggestions pour vous aider à vivre cette situation inattendue et voir si cette épreuve pourrait aussi ouvrir en même temps quelque chose de positif.

Nous proposons une petite méthode, un chemin à faire à deux pour vous aider à décider ce qui sera le mieux. Commencez par choisir un moment paisible. Donnez-vous suffisamment de temps et imaginez un second moment plus tard. Si vous êtes éloignés, organisez-vous à l’avance avec Zoom, Skype, Whatsapp, en prenant soin d’éloigner les distractions.

1ère étape : prier pour demander au Seigneur de nous aider à choisir le meilleur.

 Nous pouvons allumer une bougie comme pour inviter le Seigneur, notre lumière, à cet échange.

Nous pouvons lui dire que nous l’aimons et que nous cherchons à le suivre.

Nous lui confions notre projet de mariage et lui demandons de nous aider à choisir le meilleur pour notre mariage.

2ème étape : accueillir ce qui arrive

Nous prenons le temps de nous dire l’un à l’autre comment je ressens /nous ressentons cette situation.

Qu’est-ce qui domine comme sentiment ? Peur, inquiétude, colère, apaisement, acceptation…

Ce qui est possible concrètement à ce jour

pour les mariages religieux

Les conditions des célébrations liturgiques évoluent en fonction du contexte épidémique. De façon générale : 

Si vous êtes déjà mariés civilement, vous pouvez vous marier religieusement selon les dispositions des diocèses. Comme en temps normal, le mariage peut être célébré soit au cours d’une messe, soit en dehors de la messe.

Le contexte impose de nombreuses précautions pratiques, qui sont précisées par les évêques selon les normes en vigueur et les lieux. Par exemple :

  • Le nombre de participants sera limité en fonction de la capacité autorisée par les normes en vigueur, le port du masque recommandé pour tous ;
  • Un service d’accueil veillera à la juste répartition des fidèles dans l’Église, un marquage pouvant être mis en place pour matérialiser les places à laisser libres pour une distanciation correcte ;
  • Pour les chants on choisira un animateur plutôt qu’une chorale ; en cas de chorale les chanteurs porteront un masque et seront bien espacés ;
  • Si le mariage est célébré au cours de la messe, les recommandations concernant de la célébration de l’eucharistie s’appliqueront. Il n’y aura ainsi pas de baiser de paix, la communion sera reçue dans la main, le nombre de servant(es) d’autel sera limité ;
  • Les livrets de célébration seront distribués par des personnes désignées après désinfection des mains. Les participants les conserveront à l’issue de la célébration ;
  • Les témoins utiliseront leur propre stylo pour signer les registres.
  • Une organisation précise des accès et des déplacements dans l’Église sera prévue, avec une attention particulière à la sortie afin d’éviter un rassemblement compact des participants ;

Vos accompagnateurs et le prêtre/diacre qui doit célébrer votre mariage sont là pour vous aider. Ils vous diront ce qui est mis en place dans l’église où votre mariage est prévu, cela dépend en effet des diocèses.

Ces recommandations peuvent aussi vous encourager à la créativité dans ce moment particulier. Informer à l’avance les participants des règles en vigueur facilitera leur application.

Pour ce qui est de la fête de mariage, vin d’honneur, repas etc. cela relève de la responsabilité de chacun dans le respect des règles sanitaires nationales et locales. Les personnes fragiles sont invitées à la prudence quant à leur participation à ce type de rassemblement.

3ème étape : réfléchir à ce qui compte vraiment pour moi/pour nous

Il s’agit de nous mettre d’accord sur nos priorités pour le jour de notre mariage.

Nous faisons une liste de ce qui nous paraît le plus important. Nous la faisons d’abord chacun de son côté, puis tous les deux ensemble pour arriver à une liste commune. Nous classons les idées par ordre d’importance : du plus important au moins important.

Quelques exemples :

  • s’engager dans le mariage le plus vite possible ;
  • faire une grande fête, unir deux familles, réunir les amis, faire un bon repas, garantir la présence de certaines personnes vivant loin, ou âgées
  • recevoir la bénédiction de Dieu, célébrer le mariage au cours d’une eucharistie, se recentrer sur le sacrement, aller jusqu’au bout de notre préparation religieuse,
  • mettre fin à la pression de la préparation pratique,
  • commencer la vie commune,
  • recevoir des cadeaux,
  • faire un voyage de noces,
  • mettre une robe blanche, un beau costume,
  • limiter les dépenses, imaginer un mariage éco-responsable,
  • avoir rapidement un enfant,
  • faire plaisir à nos parents,
  • s’engager dans le mariage parce que nos cœurs sont prêts

L’art des priorités

4ème étape : imaginer deux options concrètes possibles

Nous imaginons deux options à partir de trois ou quatre priorités que nous avons identifiées.

Nous cherchons ce qui nous semble bon/positif, dans chacune de ces deux options qui se proposent à nous.

Par exemple : si nous gardons la date en invitant beaucoup moins de monde, nous aurons moins de dépenses. Ou bien : si nous décalons d’un an, notre ami prêtre pourra célébrer notre mariage.

Nous demandons conseil sur ces deux options à des personnes de confiance : couple accompagnateur, prêtre/diacre, parents, témoins…

5ème étape : Faire le choix qui ouvre un avenir

 

Faire ce choix si nous sentons que celui-ci est mûr, et l’accepter

6ème étape : Terminer en se tournant vers le Seigneur.

Prier avec le Notre-Père

Prier avec Moïse : Le buisson ardent (Exode 3, 1-12)

 Pour lire le passage, ouvrir la Bible ou https://www.aelf.org/bible/Ex/3

Moïse est « installé » dans sa vie. Il a une femme. Il a un troupeau. Quelque chose d’inattendu se présente sur son chemin quotidien. Il va se laisse détourner. Qu’est ce qui l’attendait là ? La vie à sa source. Il repartira, envoyé autrement, et équipé par Dieu pour la mission qu’Il lui confie.

  • Commencer par une demande de grâce : « Seigneur, donne-moi / donne nous de sentir l’appel du détour dans notre vie comme un signe porteur de vie » ou « Seigneur, donne-moi / donne-nous d’accueillir chez nous l’imprévu comme une source de vie » ou toute autre demande qui monte de votre cœur.

 

  • S’arrêter sur le détour : regarder Moïse qui est enfin installé dans son existence. Regarder Dieu qui surgit sur le côté et Moïse, comme provoqué, mis à l’épreuve par la vie, par quelque chose d’inattendu qui se présente. Regarder comment Moïse se détourne pour se présenter à cette surprise, précisément où la vie l’attend. Qu’est ce je ressens à cette évocation ?

 

  • S’arrêter sur l’envoi. Moïse d’abord désarçonné repartira investit d’une mission et équipé pour cela. Qu’est-ce que cela m’inspire ?

 

  • Parler librement au Seigneur comme à un ami. Lui confier notre discernement.

Prier avec Zachée (Luc 19,1-10)

Pour lire le passage, ouvrir la Bible ou https://www.aelf.org/bible/Lc/19

Zachée, habité par un grand désir de voir Jésus qui passe, fait un détour dans son quotidien. Il met sa créativité au service de ce grand désir (il monte dans l’arbre pour bien voir).

Enfin, il va se laisser déplacer : Jésus va venir chez lui et cette rencontre va modifier ce qu’il avait prévu pour sa vie jusque là.

  • Commencer par une demande de grâce : « Seigneur, creuse en moi / en nous, le désir de te rencontrer dans la situation que nous vivons actuellement » ; ou « Seigneur, aide-nous à nous laisser déplacer par un événement inattendu » ; ou toute autre demande qui monte de votre cœur.
  • Je me mets « dans la peau de Zachée » désirant voir Jésus.

Prendre le temps d’imaginer la scène, comme dans un film de cinéma. Regarder la foule, l’arbre, Zachée, le regard de Jésus. Entendre son désir pressant de venir et demeurer chez lui … Y-a-t-il de la joie qui naît en moi ?

Prendre le temps de regarder Zachée recevant Jésus, comme un ami vous reçoit Et contempler, entendre sa résolution de changer de vie, « debout », devant tous les convives. Prendre le temps d’entendre finalement la parole de Jésus : « Le salut, la Vie sont entrés dans cette maison… » Quels sentiments m’habitent à cette écoute ?

  • Parler librement au Seigneur comme à un ami, et lui confier ce qui m’habite ou notre discernement.

Prier avec le pape François

« Une annonce renouvelée donne aux croyants, même à ceux qui sont tièdes ou qui ne pratiquent pas, une nouvelle joie dans la foi et une fécondité évangélisatrice. En réalité, son centre ainsi que son essence, sont toujours les mêmes : le Dieu qui a manifesté son amour immense dans le Christ mort et ressuscité. (…) Il peut toujours, avec sa nouveauté, renouveler notre vie et notre communauté (…). Jésus Christ peut aussi rompre les schémas ennuyeux dans lesquels nous prétendons l’enfermer et il nous surprend avec sa constante créativité divine. Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui ».

La joie de l’Évangile (Evangelii Gaudium) n° 11

 

« Saint François demandait qu’au couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver, pour qu’y croissent les herbes sauvages, de sorte que ceux qui les admirent puissent élever leur pensée vers Dieu, auteur de tant de beauté. Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. »

Laudato Si’ n° 12 

  • Commencer par une demande de grâce : « Seigneur, donne-moi / donne-nous de sentir quelque chose de l’infini nouveauté que tu déploies dans toute la Création » ; ou « Seigneur, donne-nous la grâce du discernement et ne pas tomber dans l’immobilité, dans la rigidité, dans la fermeture du cœur » ; ou toute autre demande qui monte de votre cœur.
  • A partir de l’une ou l’autre des pistes ci-dessous je médite les paroles du Pape François et la façon dont elles résonnent dans ma vie actuellement.

« Saint François demandait qu’au couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver » Suis-je attaché(e) à mes possessions, à mes idées, enfermé(e) ? Suis-je ouvert(e) au Dieu des surprises ? Quelle place dans ma vie / dans notre vie pour l’inattendu du monde ? L’inattendu de Dieu ?

 « Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies » Comment la parole de Dieu habite-t-elle la période particulière que je vis / que nous vivons ?

  • Parler librement au Seigneur comme à un ami, et lui confier ce qui m’habite ou notre discernement.

Prier en chantant

Pour aller plus loin