Synode des jeunes : regard de frère Alois de Taizé sur les enjeux de cette rencontre
Frère Alois, prieur de la communauté œcuménique de Taizé sera l’invité spécial du Pape François lors du Synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. C’est la troisième fois qu’il assiste à un synode des évêques et participe aux débats. Son expérience, ses discussions et rencontres avec les milliers de jeunes qui viennent se ressourcer chaque année sur la colline de Taizé, en Bourgogne, lui permettent de livrer un témoignage réfléchi et avisé sur six des sujets qui seront débattus au cours de ce synode.
Écoute et accueil
Les jeunes, consultés sur leurs attentes en amont de ce synode, ont pointé de façon unanime la nécessité de se sentir écoutés et accueillis par l’Église. Les différentes conférences épiscopales qui ont participé aux réflexions pré-synodales affirment que les jeunes désirent une Église « moins institutionnelle et plus relationnelle », capable d’« accueillir sans juger à l’avance », une Église « amie et proche », une communauté ecclésiale qui soit « une famille où l’on se sent accueilli, écouté, protégé et intégré ». Frère Alois souligne que cette dimension fraternelle ne doit pas être une option chez les chrétiens. Les frères de la communauté ont à cœur de vivre concrètement ces valeurs avec les milliers de jeunes qui leur rendent visite chaque année : « A Taizé, les jeunes découvrent un espace où la bienveillance et la confiance sont possibles ! Une société sans pardon ne peut pas survivre : sans pardon, il n’y a pas d’avenir car seuls règnent le soupçon et la méfiance… »
Témoignage et transmission
Un des sujets majeurs qui sera abordé à Rome en octobre porte sur la dimension missionnaire du christianisme. Pour frère Alois, « le dire ne suffit plus. La mission se fait par contagion, et plus seulement par les mots. Il faut encourager le contact personnel qui permet l’écoute. » Cette recommandation fait écho à ce que recherchent les jeunes dans leur quête de sens et leur recherche spirituelle. Trois-cents jeunes du monde entier étaient réunis à Rome en mars dans le cadre d’un « pré-synode des jeunes ». Il a été mentionné à ce moment-là que « les jeunes veulent des témoins authentiques, des hommes et des femmes qui donnent une image vivante et dynamique de leur foi et de leur relation avec Jésus, des personnes qui encouragent les autres à approcher, rencontrer et tomber amoureux de Jésus ».
Vocation
Mariage, vie religieuse… Aujourd’hui la majorité des jeunes ne se reconnaissent pas dans ces propositions qui sont souvent considérées comme les seules pistes que l’Église propose aux jeunes pour s’accomplir dans leur vocation. Le document préparatoire au Synode réaffirme que le concept de vocation a trait à l’appel au bonheur que le Christ adresse à chacun. Frère Alois partage cette vision « On sent toujours chez les jeunes un grand désir : la soif d’un amour pour toujours » qui dépasse « les nombreuses séparations auxquelles les jeunes assistent, dans les familles mais aussi dans l’Église », explique-t-il. Frère Alois rappelle que la réponse à l’appel vocationnel de chaque jeune s’ancre dans le choix renouvelé de suivre le Christ, quelle que soit la forme que prend cet engagement. « A nous de leur montrer que le oui est possible, même dans nos propres fragilités, s’ils s’appuient constamment sur le Oui de Dieu afin qu’ils osent garder le goût de cet engagement à vie. La possibilité de revenir au Oui de Dieu, même après nos échecs, nos fautes, peut faire tomber les peurs de l’Appel. »
Accompagnement et discernement
Aider chaque jeune à trouver une réponse individuelle à la question de sa vocation demande un investissement particulier de l’Église pour accompagner les jeunes et leur servir de guide dans leur cheminement. Comme le rappelle l’Instrumentum Laboris, « l’accompagnement des jeunes générations n’est donc pas un choix optionnel dans l’éducation et l’évangélisation des jeunes, mais un devoir pour l’Église et un droit pour chaque jeune ». Frère Alois souligne également la nécessité que « tout « Oui au Christ » soit accompagné ! L’Église doit donc trouver des formes nouvelles d’accompagnement de toutes les étapes de la vie qui ne se résument pas au séminaire ou à la préparation au mariage. Finalement, comment faire fructifier le oui à la grâce baptismale ? »
Une question qui ne manquera pas d’être abordée lors de ce synode : « Nous sommes frappés par les demandes d’accompagnement, notamment lors des retraites en silence qui requièrent de la part des frères une écoute très profonde ! », confie frère Alois.
Nouvelles technologies
Les travaux préparatoires du synode ont accordé une grande place aux nouvelles technologies. Elles font partie intégrante de la vie des jeunes et sont un lieu de nouvelle évangélisation (vidéos de témoignages, homélies en ligne etc). Toutefois, les nouvelles technologies sont également des lieux de grande détresse pour les jeunes comme le souligne l’Instrumentum Laboris : « La « toile » représente aussi un territoire de solitude, de manipulation, d’exploitation et de violence ».
A Taizé, on ne trouve pas d’écran ni de système perfectionné de sonorisation. Les nouvelles technologies semblent être une réalité lointaine dans ce village qui fourmille pourtant de jeunes modernes et connectés. Frère Alois souligne que « l’absence d’écrans permet aux jeunes de se rendre compte assez naturellement de la beauté de la relation aux autres, leur donne le goût de la rencontre. Cela passe notamment à travers les services que les jeunes sont amenés à rendre quand ils viennent à Taizé : distribution du repas, vaisselle… »
Comment réussir à éloigner ces jeunes parfois hyper-connectés des réseaux sociaux et autres outils numériques qui sont au cœur de leurs vies ? Frère Alois l’explique avant tout par un désir de simplifier le mode de vie et par des moyens financiers limités : « Si les nouvelles technologies sont peu présentes, c’est parce que nous proposons aux pèlerins de vivre le plus simplement possible pour que leur contribution financière soit la plus modeste ». Simplicité et pauvreté forment le quotidien de la communauté et permettent aux frères de remettre le contact fraternel au cœur de leurs vies. C’est donc tout naturellement que les jeunes en visite sur la colline adoptent cette philosophie, profondément chrétienne.
Œcuménisme et unité des chrétiens
A l’heure où les jeunes ont accès par leurs lectures, leurs voyages, leurs rencontres à une découverte des pluralités religieuses, la majorité des 18-29 ans en recherche spirituelle ne se tournent pas vers l’Eglise catholique. La communauté de Taizé est œcuménique et les jeunes qui viennent se ressourcer dans la beauté des prières proviennent d’horizons très variés.
Frère Alois en fait l’expérience chaque jour : « Les jeunes ne nous posent pas d’abord des questions confessionnelles : leurs interrogations sont beaucoup plus fondamentales, et touchent à la possibilité de croire aujourd’hui. Nous rendons grâce pour la possibilité qui nous est donnée à Taizé de prier quotidiennement ensemble et de vivre régulièrement l’hospitalité eucharistique. »
Ce sujet de la spiritualité ne manquera pas d’être abordé lors du synode des évêques à la lumière de ce que qu’écrit le Pape François dans sa dernière exhortation apostolique, GAUDETE ET EXSULTATE : « Dans son histoire concrète, le peuple de Dieu est un peuple aux multiples visages, puisqu’il « s’incarne dans les peuples de la terre, chacun de ses membres [ayant] sa propre culture » (EG 115). En son sein, l’Esprit Saint « suscite une grande richesse diversifiée de dons et en même temps construit une unité qui n’est jamais uniformité mais une harmonie multiforme qui attire » (EG 117).
Anne Thibout, Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations
Sur les réseaux sociaux
Je voudrais dire aux jeunes: excusez-nous si, souvent, nous ne vous avons pas écoutés ; si, au lieu de vous ouvrir le cœur, nous vous avons rempli les oreilles. #Synod2018 https://t.co/JRGuT3d6Dn
— Pape François (@Pontifex_fr) 28 octobre 2018
La foi est vie : c’est vivre l’amour de Dieu qui a changé notre existence. La foi est une question de rencontre, non de théorie. #Synod2018 https://t.co/JRGuT3d6Dn
— Pape François (@Pontifex_fr) 28 octobre 2018
Merci à vous tous qui avez participé à ce "cheminement commun". Que le Seigneur bénisse nos pas, afin que nous puissions écouter les jeunes, nous faire proches d’eux et leur témoigner la joie de notre vie : Jésus. #Synod2018 https://t.co/JRGuT3d6Dn
— Pape François (@Pontifex_fr) 28 octobre 2018
Le Cardinal Schonborn à la fin du synode donne un message d'espérance.#Synod2018 pic.twitter.com/TDhgykCktm
— Synod2018 (@synod2018) 27 octobre 2018
#Synod2018 - L’Assemblée du Synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel s’ouvre s'ouvre aujourd'hui, à Rome.
— Eglise Catholique (@Eglisecatho) 3 octobre 2018
► Actu, interviews, textes de références et vidéos, ... à retrouver sur https://t.co/fRoP81Qz1y pic.twitter.com/4GdkZVqT14
Le Synode sur les jeunes s'est ouvert ce matin par une messe présidée par #Pontifex_fr sur la place Saint-Pierre, en présence des pères synodaux mais aussi de jeunes venus notamment de France! #Synod2018 pic.twitter.com/StESFKP3MS
— Vatican News (@vaticannews_fr) 3 octobre 2018
Le #Synod2018 sur les jeunes s’ouvre aujourd’hui à Rome. Temps de réflexion, d’échanges, d’écoute mutuelle dans une Eglise où les jeunes ont toute leur place avec leurs rêves, leur espérance et leurs questions.
— O.RIBADEAU DUMAS (@ORDUMAS) 3 octobre 2018