Mgr Ulrich : « L’Eglise en France est pleine d’initiatives »

Ulrich Laurent - Lille

En amont de la Visite Ad limina, chaque évêque répond à un questionnaire ultra détaillé envoyé par la Congrégation pour les Evêques, le « Formulae Relationis Quinquennalis ». A Rome du 12 au 22 novembre 2012, avec le deuxième groupe, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, vivra sa deuxième Visite ad limina en tant qu’évêque. Le Vice-Président de la Conférence des évêques de France a pris la plume pour rendre compte des richesses mais aussi des fragilités de son diocèse.
 

Comment avez-vous préparé le dossier demandé par le Saint-Siège ?

J’ai un peu l’habitude de cet exercice car je l’ai déjà pratiqué quand j’étais vicaire général du diocèse de Dijon. On essaie de répartir les chapitres en fonction des responsabilités diocésaines. J’ai demandé aux membres du conseil épiscopal de me préparer un état des lieux. Chaque chapitre requiert à la fois de donner une photographie des réalités mais aussi une évaluation et des points d’attention. A partir de ces informations, j’ai rédigé l’ensemble du rapport.
 

Qu’avez-vous souhaité mettre en relief ?

J’ai essayé de donner une situation globale, sociale, du diocèse dans ses trois composantes – la métropole lilloise, la Flandre plus rurale et la Flandre industrielle du bord de mer – avec les enjeux pour chacune. Il y a d’abord la métropole, active mais avec des fragilités économiques et sociales, et beaucoup de pauvretés. Puis vient la Flandre rurale, plutôt active elle aussi et relativement riche du point de vue agricole, mais qui devient de plus en plus un lieu d’habitation pour ceux qui travaillent dans la métropole lilloise – la rurbanisation. Enfin, on note une fragilisation de la côte en raison des difficultés de la sidérurgie, de la transformation pétrolière et de l’activité portuaire qui décline. C’est donc à la fois un diocèse qui a des richesses humaines et économiques, et, en même temps, des fragilités accentuées par la crise économique.
A travers cela, j’ai rappelé qu’il existe une grande dynamique de l’engagement des chrétiens dans la vie sociale, économique, politique, culturelle, une forte présence des chrétiens dans beaucoup de réalités locales. C’était d’ailleurs le thème de la première année de préparation au centenaire du diocèse. Les chrétiens sont réellement engagés au service des autres dans la société. Ils le font avec beaucoup d’énergie.
 

La dernière partie invite à se tourner vers l’avenir. Quel défi pour le diocèse de Lille ?

La deuxième chose que j’ai mise en avant, c’est ce que nous avons fait autour de la catéchèse, à l’occasion d’une visite pastorale. Le thème de l’année dernière était « Entrer en dialogue avec les autres au nom de la foi ». Parce que nous sommes croyants, nous avons le désir d’être témoins de Jésus-Christ. La catéchèse concerne tous les âges de la vie et toutes les circonstances possibles, dans l’esprit des nouvelles orientations françaises. Une première annonce de la foi et une catéchèse sont toujours nécessaires et possibles. Cela me paraît être un effort à relancer. J’ai le sentiment, en visitant ce diocèse depuis quatre ans, qu’il y a de la générosité chrétienne. Pourtant, dans l’état d’esprit de la laïcité, d’une certaine neutralité pour ne pas amplifier les difficultés entre les différents groupes sociaux, on peine à comprendre que le témoignage de la foi peut être bénéfique à la vie de la société, qu’il est une parole que nous apportons pour le bien de l’humanité dans laquelle nous vivons. Et que nous y croyons. Je crois qu’il faut rassurer les catholiques sur ce point. C’est un service à rendre que d’être témoin de la foi.
 

Dans quel état d’esprit vous préparez-vous à aller à Rome ?

Ce que j’aime bien dans les visites Ad limina, c’est en général la grande liberté de ton qu’on peut adopter dans les relations avec les congrégations et avec le Saint-Père. C’est aussi l’occasion de brosser le tableau de notre vie d’Eglise et de témoigner sans crainte de ce que nous vivons dans l’Eglise en France. C’est vrai que les chiffres diminuent. On peut aussi avoir l’impression que l’Eglise en France est regardée comme une Eglise qui vit dans un pays très laïc et très déchristianisé. Finalement, l’Eglise en France est pleine d’initiatives. C’est important d’en témoigner.
 

Visite Ad limina du 12 au 22 novembre 2012

Mgr Laurent Ulrich fera partie du deuxième groupe d’évêques de France à se rendre en Visite Ad limina à Rome avec les provinces de Lille, Rouen, Reims, Paris, Besançon et Dijon. Le jeudi 15 novembre, la province de Lille sera reçue en audience par le pape Benoît XVI.

En tant que Vice-Président de la Conférence des évêques de France, il effectue, après chaque Assemblée plénière d’automne, une visite de trois jours au Saint-Siège pour rendre compte de ce qui s’est vécu lors des assemblées et dans l’Eglise en France. S’il n’y a pas de rapport écrit, c’est la même démarche qui permet de « maintenir un lien régulier avec le Saint-Père et les congrégations ».

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