Haïti : « Ne pas en rester à un simple geste d’émotion et d’entraide »
Quel message souhaitez-vous transmettre aux catholiques en France et à la communauté haïtienne en France ?
Lors de la réunion du CIDALC (frères dominicains en Amérique latine et Caraïbe) et du CODALC (sœurs dominicaines en Amérique latine et Caraïbe) qui a eu lieu au mois de février 2010 à Jundaí, près de Sao Paolo, au Brésil, il a été décidé d’aider le peuple haïtien à travers notamment « Justice et Paix » : nourriture, éducation, santé, projets professionnels qui permettront aux personnes de devenir autonomes.
Par ailleurs, les ONG de l’ordre des prêcheurs ainsi que ses représentants auprès de l’ONU à Genève et à New York veillent au respect des droits humains en Haïti. L’association « Verapaz » créée par la Famille dominicaine d’Espagne a apporté nourriture et médicaments à la population de Port-au-Prince à partir de la République dominicaine. L’Espagne soutient Haïti même si ce pays ne parle pas l’espagnol. À La Corogne (Espagne), dans un collège tenu par les frères dominicains, les jeunes ont organisé un spectacle de chants et de danses en faveur des sinistrés d’Haïti. D’autres actions vont avoir lieu prochainement et notamment à Madrid à la fin du mois de mai.
La province dominicaine de Toulouse à travers l’association « Solidarité-Haïti » aide les actions des frères dominicains du Vicariat d’Haïti en faveur des victimes. Elle participe aussi à l’élaboration des projets d’aide aux écoles et aux institutions de formation théologique à reconstruire.
La prière demeure une grande force. Le peuple haïtien prie mais il a besoin de la prière de l’Église universelle pour faire face à un quotidien difficile, voire douloureux. Récemment un prêtre haïtien, professeur, me faisait part de sa réflexion après le 12 janvier : « Les Haïtiens sont appelés à changer de mentalité après cette tragédie. » Il faudra construire de manière rationnelle et planifiée. La sortie du gouffre passe par le développement de l’organisation dans tous les domaines de la vie et surtout dans les quartiers pour gérer l’aide internationale et défendre la sécurité des biens et des personnes. La culture de l’improvisation liée à une vision préscientifique et parfois pseudo-religieuse de l’existence s’avère néfaste dans la situation actuelle. La planification ne s’oppose pas à la foi. Le peuple haïtien est majoritairement chrétien. Pour les croyants en Jésus-Christ, Dieu a planifié pendant des millions d’années l’Incarnation de son Fils.
En ce qui concerne la communauté haïtienne de France, les évêques haïtiens font souvent appel à la générosité des Haïtiens de la diaspora. L’âme haïtienne est riche en valeurs humaines et chrétiennes. Les Haïtiens se disent souvent plus heureux en Haïti à cause de la qualité des relations humaines qu’à l’étranger où ils gagnent davantage d’argent mais dans des conditions dures et sans la chaleur de la proximité amicale. C’est pour cette raison que de riches familles haïtiennes de la diaspora envoient parfois leurs enfants accomplir leurs études jusqu’à la classe terminale dans l’Enseignement catholique en Haïti plutôt qu’aux États-Unis, en France ou au Canada. Les Haïtiens qui vivent à l’étranger peuvent maintenant aider leurs frères compatriotes dans le malheur.
Fr. Manuel Rivero o. p.
Vicaire provincial des Dominicains en Haïti
Déjà parus : « Le meilleur et le pire de l’homme » et « Habités par le désir de Dieu«
Vous pouvez faire parvenir vos chèques à l’ordre de « Solidarité-Haïti » au Couvent des Dominicains. 20 rue des Ayres. 33082 Bordeaux Cedex. France.
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