Claire d’Assise, guide de l’Incarnation

Catherine Savey a longuement cheminé avec Claire d’Assise. Elle a contribué au colloque international de 1994 (année du VIIIe centenaire de sa naissance) à l’UNESCO « Claire et sa postérité ». Elle est l’auteur du livre Un brûlant désir d’aimer (Editions franciscaines, 2009) et est en train de relire les traductions de l’anthologie à paraître Claire d’Assise : Ecrits, Vie, documents.

« Je n’avais jamais spécialement pensé, témoigne-t-elle, à l’aborder sous cet angle des cinq sens et de la vie spirituelle. Au départ j’ai été un peu surprise de la demande des Fraternités mais j’ai trouvé des choses très intéressantes. J’avais toujours été frappée par la manière dont Claire était une visuelle -pour elle la prière consistait à regarder le Christ- mais je n’avais pas perçu à quel point elle fait participer tout son être. Intelligence, imagination, corps, sensibilité…Tout fonctionne. En fait, ce thème est une porte d’entrée très originale, très concrète ».
 

Dommage qu’il ne soit pas plus valorisé ! « On a toujours l’impression, constate sœur Catherine, que les saints sont loin de nous, qu’ils sont très mystiques au sens péjoratif du mot mais je me méfierais beaucoup de ceux qui n’ont pas les pieds sur terre. La sainteté met au contraire en branle tout notre être. L’incarnation passe par les sens ». S’il est possible de passer toutes les grandes figures de saint(e)s au tamis de cette grille de lecture, sûrement, la spiritualité franciscaine « proche de la nature, du corps » se prête-t-elle idéalement à cet exercice.

Sœur Catherine a relevé et analysé dans les écrits de Claire, ceux de son biographe et le procès de canonisation tout ce qui relève de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût, du toucher. Des citations bibliques sont indiquées et des pistes proposées pour méditer et mettre en pratique dans le quotidien comme dans la liturgie. S’il est question d’ascèse, il y est aussi question de jouissance. « Claire, insiste sœur Catherine, était très équilibrée et sa joie était le but final ». Le dernier chapitre a du reste pour titre « Les cinq sens, points de départ d’une course joyeuse vers Dieu ».