Benoît XVI à Londres le 17 septembre 2010

Le 17 septembre 2010, le pape Benoît XVI s’est rendu dans un établissement d’enseignement catholique à Twickenham. Il a ensuite rencontré les représentants d’autres religions et rendu visite à l’archevêque de Canterbury. Il s’est enfin adressé aux parlementaires, avant de participer à une célébration œcuménique à l’abbaye de Westminster.
 

Les saints du XXIème siècle

Benoît XVI a rappelé aux enseignants du collège universitaire Sainte-Marie la dimension transcendante des études et de l’enseignement.
« Comme vous le savez, le travail d’un professeur ne consiste pas seulement à transmettre des informations ou à enseigner des compétences pour procurer un profit économique à la société ; l’éducation n’est pas et ne doit jamais être considérée selon une optique purement utilitaire. Il s’agit de former la personne humaine, en lui donnant le bagage nécessaire pour vivre pleinement sa vie – en bref -, il s’agit de transmettre la sagesse. Et la vraie sagesse est inséparable de la connaissance du Créateur, car « nous sommes en effet dans sa main, et nous et nos paroles, et toute intelligence et tout savoir pratique » (Sg 7, 16) ».
 
Il a invité les jeunes à devenir les saints du XXIème siècle.
« J’espère que parmi ceux d’entre vous qui m’écoutent aujourd’hui, se trouvent des futurs saints du vingt-et-unième siècle. Ce que Dieu veut plus que tout pour chacun de vous c’est que vous deveniez des saints. Il vous aime beaucoup plus que vous ne pourrez jamais l’imaginer, et il veut ce qu’il y a de meilleur pour vous. Et de loin, la meilleure chose pour vous c’est de grandir en sainteté ».
 

Les religions ensemble pour la paix

Face aux différentes communautés religieuses, le pape Benoît XVI a salué les « nombreuses initiatives positives » et rappelé les exigences du dialogue interreligieux.
 
« Depuis le Concile Vatican II, l’Église catholique a souligné de façon particulière l’importance du dialogue et de la coopération avec les membres des autres religions. Afin d’être fécond, ce dialogue exige une réciprocité de la part de tous les partenaires du dialogue et des membres des autres religions. Je pense en particulier à des situations existant dans certaines parties du monde où la coopération et le dialogue entre les religions exigent le respect mutuel, la liberté de pratiquer sa propre religion et de prendre part à des actes de culte publics, ainsi que la liberté de suivre sa propre conscience sans subir l’ostracisme ou la persécution, même si l’on s’est converti d’une religion à une autre. Une fois ce respect et cette ouverture établis, les personnes de toutes les religions travailleront efficacement ensemble pour la paix et la compréhension mutuelle, et porteront ainsi un témoignage convainquant face au monde ».
 

Vers l’unité des chrétiens avec John Henry Newman

A Lambeth Palace, le pape Benoît XVI a évoqué le dialogue entre la Communion anglicane et l’Église catholique avec l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams. Il a donné le cardinal John Henry Newman en exemple.
« Dans la figure de John Henry Newman, qui sera béatifié dimanche, nous célébrons un homme d’Église dont la vision ecclésiale fut nourrie par la tradition anglicane et s’est approfondie durant ses nombreuses années d’exercice du ministère sacerdotal dans l’Église d’Angleterre. Il peut nous enseigner les vertus que l’œcuménisme exige : d’une part, suivre sa conscience était un impératif, même au prix de grands sacrifices personnels, et d’autre part, la cordialité de l’amitié sans faille avec ses collègues d’antan, qui le conduisit à explorer avec eux, dans un pur esprit irénique, les questions sur lesquelles ils différaient, en privilégiant le désir profond de l’unité de la foi. Votre Grâce, dans ce même esprit d’amitié, puissions-nous renouveler notre détermination à poursuivre le but de l’unité dans la foi, l’espérance et l’amour, selon la volonté de notre unique Seigneur et Sauveur, Jésus Christ ! »
 

De l’éthique en politique et du rôle de la religion dans la vie nationale

Au Westminster Hall, siège du Parlement, le pape Benoît XVI a partagé ses réflexions sur foi et politique aux Représentants du peuple britannique. Il a redit la place légitime du christianisme dans la vie publique.
« Chaque génération, en cherchant à faire progresser le bien commun, doit à nouveau se poser la question : quelles sont les exigences que des gouvernements peuvent raisonnablement imposer aux citoyens, et jusqu’où cela peut-il aller ? En faisant appel à quelle autorité les dilemmes moraux peuvent-ils être résolus ? et le bien commun promu ? Ces questions nous mènent directement aux fondements éthiques du discours civil. Si les principes moraux qui sont sous-jacents au processus démocratique ne sont eux-mêmes déterminés par rien de plus solide qu’un consensus social, alors la fragilité du processus ne devient que trop évidente – là est le véritable défi pour la démocratie »(…) « La religion, en d’autres termes, n’est pas un problème que les législateurs doivent résoudre, mais elle est une contribution vitale au dialogue national. Dans cette optique, je ne puis que manifester ma préoccupation devant la croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s’installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l’accent sur la tolérance. Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D’autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n’en ont pas. Et d’autres encore soutiennent – paradoxalement en vue d’éliminer les discriminations – que les chrétiens qui ont des fonctions publiques devraient être obligés en certains cas d’agir contre leur conscience. Ce sont là des signes inquiétants de l’incapacité d’apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion, mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique. Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d’influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d’encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale ».
 

Urgence pour les chrétiens d’annoncer le Christ

A l’abbaye de Westminster, Benoît XVI a prié pour l’unité des chrétiens et encouragé à dépasser les divisions pour annoncer le Christ aujourd’hui.
« Dans un monde marqué par une interdépendance et une solidarité croissantes, nous devons relever le défi de proclamer avec une conviction renouvelée la réalité de notre réconciliation et de notre libération en Christ, et de proposer la vérité de l’Évangile comme la clef d’un développement humain authentique et intégral. Dans une société qui est devenue de plus en plus indifférente si ce n’est même hostile au message chrétien, nous sommes plus que tous obligés de rendre raison de l’espérance qui est en nous (Cf. 1 P 3, 15), et de présenter le Seigneur Ressuscité comme la réponse aux questions les plus profondes ainsi qu’aux aspirations spirituelles des hommes et des femmes de notre temps »

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