La lumière du message de Fatima

Que retenez-vous de ce voyage pontifical au Portugal?

D’abord des images de pèlerinage : l’esplanade de Fatima remplie d’une foule dense et fervente, le bonheur du Pape, son sourire d’enfant quand il a déposé une rose d’or aux pieds de Notre-Dame de Fatima, le recueillement de l’assemblée lorsqu’il a confié à la Vierge les joies et les souffrances du monde, la belle prière du chapelet à la lumière des cierges, le courage des pèlerins qui ont affronté le froid sous leurs tentes… Et encore l’enthousiasme des jeunes portugais à la messe de Lisbonne ou à celle de Porto, venus prier avec le Pape, mais aussi lui témoigner leur affection.

Ensuite, l’appel du Pape, sous différentes formes et à différents moments de ce voyage, à un « nouveau dynamisme missionnaire », à « ne pas avoir peur de parler de Dieu et de manifester sans honte les signes de la foi», à ce que chacun « annonce l’Evangile dans [son] milieu de vie ».
 

Philippine de Saint Pierre, Directrice des programmes à KTO, a vécu l’intégralité du voyage du Saint-Père au Portugal. Elle répond à trois questions du P. Bernard Podvin, Porte-parole de la Conférence des évêques de France. La lumière du message de Fatima, réactualisée par Benoît XVI, prend pour nous tous une profonde résonnance en cette veille de Pentecôte.
 

Comment avez-vous perçu la société et l’Église au Portugal?

Ce pays de grande tradition catholique, connu pour avoir porté l’Evangile aux confins du monde par ses missionnaires et ses explorateurs, est aujourd’hui en pleine sécularisation. L’évolution récente de ses lois en témoigne (dépénalisation de l’avortement en 2007, simplification du divorce en 2008 et vote d’une loi autorisant le mariage homosexuel en janvier 2010).

Quand il a rencontré le monde de la culture du Portugal, Benoît XVI a centré son discours sur la tension entre le présent et la tradition, qui caractérise singulièrement le pays aujourd’hui.

D’un côté, Benoît XVI l’a martelé : « Pour une société formée en majeure partie de catholiques et dont la culture a été profondément marquée par le christianisme, la tentative de trouver la vérité en dehors de Jésus-Christ s’avère dramatique. »

Mais en même temps, le Pape a pris acte de la dimension multiculturelle du pays aujourd’hui et a déclaré : « (…) le respect pour les autres ‘vérités’ ou la vérité des autres, est un apprentissage que l’Église elle-même est en train de faire. »

Et Benoit XVI a défini la forme du dialogue entre les cultures : « Il faut faire en sorte que les personnes, non seulement acceptent l’existence de la culture de l’autre, mais aspirent aussi à s’en enrichir et à lui offrir ce que l’on possède de bien, de vrai et de beau. ».
 

En quoi « Fatima 2010 » sera-t-il marquant ?

A mon avis, par trois dimensions.
On se souviendra de la foule qui est venue, plus nombreuse encore qu’avec Jean-Paul II, et qui continue de témoigner du lien tout particulier de ce sanctuaire avec le Pape.

Ensuite vient le rappel par Benoît XVI de l’actualité du message de Fatima : conversion, prière, pénitence. « Celui qui penserait que le message prophétique de Fatima est achevé se tromperait » a-t-il dit, expliquant : « Revit ici ce dessein de Dieu qui interpelle l’humanité depuis ses origines : ‘Où est ton frère Abel ?’ ».

Enfin restera l’éclairage, propre à ce temps, que Benoît XVI a donné sur la troisième partie du secret de Fatima en déclarant : « Quant à la nouveauté que nous pouvons découvrir dans ce message, c’est que ce n’est pas seulement de l’extérieur que viennent les attaques contre le Pape et contre l’Eglise, mais les souffrances de l’Eglise viennent de l’intérieur même, du péché qui existe dans l’Eglise. (…) L’Eglise a un profond besoin de réapprendre la pénitence, d’accepter la purification, de s’engager au service du pardon mais aussi de la justice (le pardon ne remplace pas la justice). »

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