Benoît XVI répond aux prêtres
Un prêtre ivoirien a demandé comment éviter la fracture entre théologie et doctrine et faire en sorte que « les études ne soient pas seulement académiques mais qu’elles alimentent la spiritualité ». Benoît XVI a reconnu l’existence d’un « abus de la théologie comme arrogance de la raison et qui n’alimente pas la foi, mais qui occulte la présence de Dieu dans le monde. Il existe aussi une théologie qui veut connaître plus par amour de l’aimé… C’est elle, la vraie théologie qui vient de l’amour de Dieu et du Christ, et qui veut entrer plus profondément en communion avec le Christ ». Il a encouragé les théologiens à être « courageux…et à ne pas craindre le fantasme de la science…, à ne pas céder aux hypothèses éphémères, mais à penser vraiment à partir de la grande foi de l’Eglise qui est présente à toutes les époques et qui nous ouvre l’accès à la vérité ». Benoît XVI a ajouté que « la formation est très importante mais nous devons aussi être critiques: le critère de la foi est le critère avec lequel vous verrez aussi les théologiens et les théologies… Le Catéchisme de l’Eglise catholique est la synthèse de notre foi et le vrai critère permettant de déterminer si une théologie est acceptable ou non ».
Sur le célibat des prêtres
La quatrième question a porté sur la façon de vivre la centralité de l’Eucharistie et le culte avec dignité, sans tomber dans le cléricalisme et s’éloigner de la réalité. Evoquant saint Augustin, Benoît XVI a souligné que « le sacrifice des chrétiens est d’être unis par l’amour du Christ dans l’unité de l’unique corps du Christ. Le sacrifice consiste donc à sortir de nous-mêmes, à nous laisser attirer dans la communion du pain unique, du corps unique, et d’entrer ainsi dans la grande aventure de l’amour de Dieu. Ainsi, nous devons toujours célébrer, vivre et méditer l’Eucharistie à cette école de la libération de mon moi… L’Eucharistie est le contraire du cléricalisme, de la fermeture sur soi-même… Vivre l’Eucharistie, dans son sens originel, dans sa vraie profondeur, est une école de vie et la protection la plus sûre contre toute tentation de cléricalisme ».
Enfin, le dernier prêtre a demandé au Pape ce qu’il fallait faire pour contrecarrer la crise des vocations. « Grande est la tentation, a dit Benoît XVI, de transformer le prêtre, le sacrement du Christ, en une profession comme une autre avec des horaires, comme n’importe quelle autre vocation, en la rendant accessible et facile. Mais cette tentation ne résout pas le problème… Comme le Seigneur nous l’enseigne, nous devons prier Dieu, frapper à sa porte, au coeur de Dieu pour qu’il nous donne des vocations. Nous devons prier avec une grande insistance, une grande détermination, une grande conviction, car Dieu n’est pas hermétique à la prière insistante, permanente, confiante, même s’il laisse faire et attendre… au-delà des temps que nous avons prévu. Chacun de nous devrait faire son possible pour vivre le sacerdoce de manière convaincante… Nous devons inviter à la prière, à avoir cette humilité, cette confiance de parler à Dieu avec force et décision… et avoir le courage de demander aux jeunes s’ils pensent que Dieu les appelle… et, surtout, les aider à trouver un environnement vital dans lequel ils puissent vivre leur vocation ».
Source : VIS du 14 juin 2010