« La Guyane, une région à construire » par Mgr Lafont

Lafont Emmanuel - Cayenne Guyane française

A l’occasion de la Semaine missionnaire mondiale 2010, consacrée à l’Amérique latine, Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, brosse le portrait de son diocèse et des défis qu’il doit relever.
L’Eglise de Cayenne est liée à l’histoire de la Guyane. Les premiers capucins sont arrivés en 1638. Suivis par les jésuites, puis, après leur expulsion, par les Spiritains. Le diocèse n’a été érigé qu’en 1956, pour les 30 000 habitants de l’époque dans un territoire grand comme le Portugal. Aujourd’hui, le diocèse comprend près de 250 000 habitants, de toutes origines : Amérindiens, peuple originel, Alukus, descendants des esclaves africains en Guyane hollandaise, Créoles, descendants des esclaves africains et des bagnards en Guyane Française. L’immigration très forte comprend Brésiliens, Haïtiens, Surinamais, « Georgetowniens » (Guyane anglophone), Chinois, H’mongs, citoyens de différents pays d’Amérique du Sud hispanophone etc… L’immigration illégale est particulièrement dommageable dans la forêt où les « garimpeiros » (chercheurs d’or en Brésilien) font des ravages.
 

Défis humains – appels aux chrétiens

Cette description sommaire indique bien les défis du développement humain et de l’évangélisation. Aujourd’hui, la tentation « communautariste », fait que les gens se replient sur les communautés d’origine, avec tout ce que cela peut comporter de dangereux pour la cohésion sociale. L’immigration, incontrôlable (13 00 kilomètres de frontière terrestre poreuse), le manque de travail pour un peuple très jeune (50% a moins de 23 ans) et le chômage qui dépasse les 25% de la population active (50% chez les moins de 25 ans) grève passablement un véritable développement endogène. Les règles parisiennes ou européennes, mal adaptées à une réalité équatoriale et… sud américaine, augmentent encore les problèmes du terrain.
 

L’Eglise en Synode réfléchit pour mieux servir

L’Eglise veut faire face à tout cela. Déjà, elle célèbre régulièrement en quatre langues. Elle s’est mise en synode, en 2008, pour chercher ensemble à mieux remplir sa mission. Une première session, en 2010, s’est centrée sur la vie ecclésiale. Attentive à « écouter ce que l’Esprit dit aux Eglises », elle a pris des dispositions concrètes pour vivre comme une véritable famille, priante et unie intimement à son Seigneur, dans laquelle chacun porte le souci du bien de tous. La deuxième session, en 2011, évaluera la place des jeunes et la question des vocations. La dernière session, en 2012, permettra à l’Eglise de vivre pleinement son rôle missionnaire et sa solidarité avec toutes les composantes de la société, son souci d’être pauvre avec les pauvres.

Mgr Emmanuel Lafont
Evêque de Cayenne
11 octobre 2010

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