Benoît XVI et le dialogue avec les musulmans

Le dialogue interreligieux, « une nécessité vitale » pour Benoît XVI

Peu après son élection, lors des JMJ à Cologne en Allemagne en août 2005, Benoît XVI s’exprime sur ce sujet : « Le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut pas se réduire à un choix passager. C’est une nécessité vitale dont dépend en grande partie notre avenir. »

En septembre 2006, à l’Université de Ratisbonne, où il avait été étudiant et professeur, le pape prononce une conférence sur le thème « Foi, raison et université ». Ses propos suscitent de vives réactions en raison d’une référence faite à une polémique datant de 1391 entre un empereur byzantin et un savant persan sur la violence en matière de religion, citation mettant en cause le prophète Mohammed.

Suite à l’émotion suscitée, Benoît XVI réaffirme devant les ambassadeurs des pays musulmans son engagement : « Je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans. Poursuivant l’œuvre entreprise par mon prédécesseur, je souhaite vivement que les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans depuis de nombreuses années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours plus vraie qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun et qui, avec loyauté, respecte les différences. »1

Lors de son voyage en Turquie (28 novembre-1er décembre 2006), il s’adresse au responsable turc des affaires religieuses : « Les chrétiens et les musulmans, suivant leur religion respective, mettent l’accent sur la vérité du caractère sacré et de la dignité de la personne. C’est la base de notre respect et de notre estime réciproque, c’est la base de la collaboration dans le service de la paix entre les nations et les peuples, qui est le désir le plus cher de tous les croyants et de toutes les personnes de bonne volonté. »

Commentant le moment de recueillement qu’il a pu avoir à la Mosquée Bleue d’Istanbul, Benoît XVI en fait le commentaire suivant : « En m’arrêtant quelques minutes pour me recueillir en ce lieu de prière, je me suis adressé à l’unique Seigneur du ciel et de la terre, Père miséricordieux de l’humanité tout entière. Puissent tous les croyants se reconnaître comme ses créatures et rendre le témoignage d’une véritable fraternité ! »2

1 Discours aux ambassadeurs des pays musulmans, Castelgandolfo, 25 septembre 2006, DC 2366, 15/10/2006
2 Audience générale du 6 décembre 2006

 

Benoit XVI, initiateur d’une instance permanente de dialogue islamo-chrétien

En octobre 2007, 138 responsables musulmans, de divers courants et divers pays, ont adressé au Pape et aux différents responsables des Eglises chrétiennes une Lettre intitulée « Vers une parole commune ». Au nom du pape, le cardinal Bertone a répondu favorablement en proposant qu’une suite soit donnée : elle prend la forme d’une instance permanente de dialogue entre le Vatican et ces signataires.

C’est le 1er forum catholico-musulman qui se déroule à Rome du 4 au 6 novembre 2008. A l’issue de la réunion co-présidée par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pour le Dialogue interreligieux et le professeur Mustafa Ceric, grand mufti de Bosnie, le pape Benoît XVI a déclaré aux participants : « J’ai bien conscience que les musulmans et les chrétiens ont des approches différentes sur les sujets qui concernent Dieu. Mais nous pouvons et nous devons être des fidèles du Dieu unique qui nous a créés et se préoccupe de chaque personne dans tous les lieux du monde. »3

Lors de son voyage au Cameroun, la 19 mars 2009, le Pape a reçu des représentants de la communauté musulmane à qui il s’est ainsi adressé : « Puisse la coopération des musulmans, des catholiques et des autres chrétiens du Cameroun, être pour les autres nations africaines un indicateur lumineux de l’énorme potentiel de l’engagement interreligieux pour la paix, la justice et le bien commun. »

Benoît XVI s’inscrit, selon ses propres dires, dans la voie ouverte par Vatican II et empruntée largement par Jean-Paul II. Toutefois, il y apporte sa propre note en liant dialogue entre les religions et dialogue entre les cultures. Attentif à l’articulation entre la foi et la raison, Benoît XVI entend placer le respect de la liberté de conscience et de la liberté religieuse au cœur des dialogues à venir.

3 Discours du 6 novembre 2009, Documentation catholique, n° 2414, 21 décembre 2008
 

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