A Amman, Benoît XVI invite les chrétiens au courage pour construire de nouveaux ponts pour rendre possible la rencontre entre religions et cultures différentes

Dimanche 10 mai Benoît XVI a célébré la messe dans le stade Hussein d’Amman. Après la célébration, le pape a rencontré quelques chrétiens irakiens réfugiés en Jordanie.
Au début de la messe, Mgr Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem a pris la parole pour évoquer « le lien particulier qui unit la famille royale et le successeur de Pierre » et s’est réjoui, au lendemain de la Journée mondiale de prière pour les vocations, des nombreuses vocations religieuses et sacerdotales nées en Jordanie. « Oui, c’est une grâce étonnante! Malgré l’émigration, malgré le nombre de plus en plus restreint que nous sommes sur cette Terre Sainte, nous avons d’abondantes vocations… La plupart viennent de nos écoles paroissiales de Jordanie, où la stabilité politique, fruit d’un gouvernement sage et continu, offre un milieu propice à la croissance des valeurs familiales, terreau de ces vocations ». Ces cinq dernières années, le Patriarcat latin a ainsi donné deux évêques à l’Afrique du Nord.

Mgr Twal a ensuite évoqué le million d’Irakiens qui a trouvé refuge en Jordanie, dont près de quarante mille chrétiens, suite à l’invasion américaine en Irak… « Notre diocèse fait tout son possible pour leur apporter l’attention pastorale dont ils ont besoin. Leur présence, outre le défi immense qu’elle a suscité, a représenté pour notre peuple et notre gouvernement une occasion extraordinaire de vivre les Béatitudes et de mettre en pratique à leur égard la convivialité et la solidarité jordaniennes traditionnelles ».

Lire l’intégralité du discours de Mgr Fouad Twal
 

Le pape appelle les chrétiens de Terre Sainte au courage et salue le rôle des femmes

A l’occasion de cette première messe célébrée en public en Terre Sainte, Benoît XVI a invité les chrétiens à faire preuve de courage : « La fidélité à vos racines chrétiennes, la fidélité à la mission de l’Église en Terre Sainte réclament à chacun de vous un courage singulier : le courage de la conviction, née d’une foi personnelle, qui ne soit pas seulement une convention sociale ou une tradition familiale ; le courage de dialoguer et de travailler aux côtés des autres chrétiens au service de l’Évangile et de la solidarité avec les pauvres, les personnes déplacées et les victimes des grandes tragédies humaines ; le courage de construire de nouveaux ponts pour rendre possible la rencontre fructueuse des personnes de religions et de cultures différentes, et donc d’enrichir le tissu de la société. Cela signifie également rendre témoignage à l’amour qui nous porte à donner nos vies au service des autres, et ainsi à contrecarrer des manières de penser qui justifient qu’on puisse « prendre » des vies innocentes. »

Le pape a salué le rôle des femmes dans la construction de la paix au Moyen-Orient.
La société, a renchéri Benoît XVI, doit beaucoup « à toutes ces femmes qui, de différentes et parfois de très courageuses manières, ont consacré leurs vies à construire la paix et à promouvoir l’amour ».
 

Extraits de l’homélie du Saint-Père

Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus proclame : « Je suis le bon pasteur… qui donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11).
En tant que Successeur de Pierre, à qui le Seigneur a confié le soin de son troupeau (cf. Jn 21, 15-17), j’ai longtemps attendu cette opportunité de me tenir devant vous comme un témoin du Sauveur ressuscité, et de vous encourager à persévérer dans la foi, l’espérance et la charité, dans la fidélité aux traditions antiques et à l’histoire édifiante du témoignage chrétien qui remonte au temps apostolique.
a communauté catholique, ici, est profondément touchée par les difficultés et les incertitudes qui affectent tous les peuples du Moyen-Orient. Puissiez-vous ne jamais oublier la grande dignité qui vient de votre héritage chrétien, ou manquer de sentir la solidarité affectueuse de tous vos frères et sœurs de l’Église à travers le monde entier !
(…)
Un aspect important de votre réflexion durant cette Année de la Famille a été consacré à la dignité particulière, à la vocation et à la mission des femmes dans le dessein de Dieu.
Qui peut dire ce que l’Église ici présente doit au patient, aimant et fidèle témoignage d’innombrables mères chrétiennes, religieuses, enseignantes, médecins ou infirmières ! Qui peut dire ce que votre société doit à toutes ces femmes qui, de différentes et parfois de très courageuses manières, ont consacré leurs vies à construire la paix et à promouvoir l’amour !

Dès les premières pages de la Bible, nous voyons comment l’homme et la femme, crées à l’image de Dieu, sont destinés à se compléter l’un l’autre en tant qu’intendants des dons de Dieu et partenaires dans la communication du don qu’il fait de sa vie au monde, à la fois sur le plan biologique et spirituel. Malheureusement, cette dignité reçue de Dieu et ce rôle des femmes n’ont pas toujours été suffisamment compris et estimés. L’Église, et la société dans son ensemble, a commencé à saisir combien nous avons besoin de façon urgente de ce que le Pape Jean-Paul II appelait le « charisme prophétique » des femmes (cf. Mulieris Dignitatem, n.29) comme porteuses d’amour, enseignantes de la miséricorde et artisans de paix, apportant chaleur et humanité à un monde qui trop souvent juge la valeur des personnes d’après les froids critères de l’utilité et du profit.
Par son témoignage public de respect vis-à-vis de la femme, et sa défense de la dignité innée de toute personne humaine, l’Église en Terre Sainte peut apporter une importante contribution au progrès d’une vraie culture humaniste et à la construction de la civilisation de l’amour.

Chers amis, revenons aux mots de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui. Je crois qu’ils contiennent un message qui vous est particulièrement destiné, vous son fidèle troupeau sur ces terres où il vécut. « Le bon pasteur », nous dit-il, « donne sa vie pour ses brebis ». Au commencement de cette messe, nous avons demandé au Père de « nous donner part à la force du courage du Christ notre berger », qui est demeuré ferme dans la fidélité à son Père. Puisse le courage du Christ notre berger vous inspirer et vous soutenir chaque jour dans vos efforts pour rendre témoignage de la foi chrétienne et pour maintenir la présence de l’Église dans l’évolution du tissu social de ces terres si anciennes.
La fidélité à vos racines chrétiennes, la fidélité à la mission de l’Église en Terre Sainte réclament à chacun de vous un courage singulier : le courage de la conviction, née d’une foi personnelle, qui ne soit pas seulement une convention sociale ou une tradition familiale ; le courage de dialoguer et de travailler aux côtés des autres chrétiens au service de l’Évangile et de la solidarité avec les pauvres, les personnes déplacées et les victimes des grandes tragédies humaines ; le courage de construire de nouveaux ponts pour rendre possible la rencontre fructueuse des personnes de religions et de cultures différentes, et donc d’enrichir le tissu de la société. Cela signifie également rendre témoignage à l’amour qui nous porte à donner nos vies au service des autres, et ainsi à contrecarrer des manières de penser qui justifient qu’on puisse « prendre » des vies innocentes.

Lire l’intégralité de l’homélie
 

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