Communiqué de Mgr Jaeger, évêque d’Arras
Dans le contexte français, cette démarche suscite de réelles incompréhensions et de nombreuses questions. Le refus toujours maintenu de la Tradition qui, dans sa totalité, inclut l’ensemble des conciles œcuméniques, donc Vatican II, le rejet de la soumission filiale à l’autorité légitime et à ses décisions, la critique sévère et constante des fidèles et des pasteurs qui avaient le tort d’accueillir ce que l’Eglise leur demandait ont causé de profondes blessures qu’une décision généreuse et miséricordieuse ne guérira pas instantanément. Il est honnête et lucide de le dire.
Il nous faut, cependant, entrer dans le souhait du Saint Père. Le pape est garant de l’unité. Il n’est pas l’arbitre d’une sorte de jeu dont il devrait désigner le vainqueur et le vaincu. Il doit être hanté par l’unité de l’Eglise qui semble, au cours des siècles, s’être fait une raison de la désunion. Il ne sera pas dit que Benoît XVI n’aura pas repoussé au maximum les frontières du raisonnable et du juste au bénéfice de l’unité pour laquelle le Christ Lui-même a prié.
Geste d’importance et de paternelle sollicitude, la levée de l’excommunication ne résout pas tous les problèmes, tant s’en faut ! Elle ne constitue que le début d’un processus possible dont il est facile de deviner la complexité et prématuré de prévoir l’issue. Nous partageons l’attente de Monseigneur RE, préfet de la Congrégation des Evêques : « On espère que ce pas sera suivi de la réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise, de toute la Fraternité Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du pape avec la preuve de l’unité visible. »
La balle est dans le camp de ceux en direction de qui le Saint Père a tendu, à plusieurs reprises, la main. Nous osons croire, bien sûr, que la réponse sera d’une toute autre nature que celle par laquelle Monseigneur WILLIAMSON a remercié le pape de sa mansuétude ! Ses propos condamnables augurent mal de l’avenir.
Plus que jamais, nous nous tournons vers l’Esprit-Saint et nous l’invoquons. Nul ne saurait se constituer champion dans l’Eglise et prétendre détenir la vérité, fût-ce celle de la réception et de la mise en oeuvre d’un concile. Il y a encore beaucoup à faire en ces domaines. Nous sommes les humbles serviteurs de Celui qui est la Vérité. Nous ne pouvons que nous laisser saisir par Lui. Nous lui sommes fidèles en accueillant les dons qu’Il ne cesse de faire par et dans son Eglise, avant Vatican II, par tout Vatican II et après Vatican II. Il n’y a pas d’autre voie possible.
C’est notre fierté et notre joie de la suivre, en marchant à la suite du Christ, malgré la faiblesse, le péché et les maladresses qui appellent notre commune conversion.
+ Jean-Paul JAEGER
Evêque d’Arras
Le 27 janvier 2009