Assises de la Santé: intervention du père Jean-Marie Onfray
J’ai perçu une grande joie à se retrouver, exprimée par
– des acteurs parfois un peu seuls sur le terrain ;
– des acteurs qui ne percevaient pas toujours la dimension nationale de la pastorale de la santé ;
– des acteurs qui se découvrent dans leur complémentarité ;
– des acteurs qui ont partagé richesses et pauvretés (sans doute que leurs pauvretés reconnues sont leur richesse !) « Vous ne faites pas semblant quand vous venez en groupe »
Petit bémol…j’ai été interpellé par des représentants des mouvements qui ne voyaient plus très bien leur place dans la pastorale : vous êtes partenaires et autonomes. Au plan national, il y a l’atelier santé et dans chaque diocèse doivent se vivre des rencontres : vivons les passerelles et les relais…
J’ai perçu un beau visage d’Eglise
– Une Eglise servante et pauvre, qui n’a pas toujours les solutions, mais qui prend la vie de tout homme au sérieux. Une Eglise à hauteur d’homme.
– Une Eglise qui se fait conversation (selon l’expression de Paul VI), qui se souvient que Dieu parle aux hommes comme à des amis (Dei Verbum).
– Une Eglise de fidèles, passionnés par les souffrances des hommes, croyants ou non.
Petit bémol…j’ai cru percevoir une certaine difficulté des acteurs laïcs à se sentir reconnus, écoutés, accompagnés dans leur paroisse. Certains se demandent même si la personne malade, handicapée ou vieillissante est bien au cœur du dispositif pastoral.
J’ai perçu une attention au mystère de la personne
– la personne du soignant (qui souffre aussi) ;
– la personne de l’aidant (qui se sent parfois bien seul) ;
– la personne du malade, de l’handicapé, du vieillard dépendant
qui ne doivent pas être infantilisés,
qui doivent être maintenus dans leur capacité relationnelle et décisionnelle,
qui doivent être écoutés dans leur besoins spirituels.
La rencontre est toujours une aventure qui nous conduit en terre étrangère, elle nous déroute et nous fragilise.
Petit bémol…j’ai parfois entendu un désir de recettes, de compétence, de maîtrise des situations et alors je pense à ce que dit St Paul en « 1 Co 1″…« Que pouvez-vous leur dire ? » Voilà bien la question de ceux qui n’ont pas connu ce chemin d’écoute, de contemplation du mystère de l’autre. J’ai aimé que F.J Simon, à sa manière, nous invite à un « au-delà des mots ».
J’ai enfin perçu la joie de chrétiens partageant la Parole,
s’écoutant dans leurs différences, se disant des convictions, s’appropriant en forums des propositions qui toutes semblaient essentielles (elles venaient des convictions exprimées dans l’enquête !).
Obéissants, vous avez fait des choix sans vouloir rejeter.
D’une certaine manière, vous avez entendu l’appel à avancer au large (au singulier) et à jeter vos filets (au pluriel, en équipe).
Nous allons continuer de jeter nos filets de confiance, non pas dans une utopie en quête de compassion, mais pour se laisser façonner par l’écoute patiente du mystère de l’autre, reconnu comme visage du Christ souffrant.
Demain, chacun de nous va retrouver les pesanteurs et les grâces de son Eglise locale. Qu’aurons-nous envie de partager de cette expérience forte ?
Peut être faudra-t-il prendre le temps de la relecture pour mieux discerner ce que l’Esprit de Dieu nous invite à vivre.
Jean-Marie Onfray