Enlèvement de Mgr Rahho

 

Enlevé le 29 février 2008, le corps de Mgr Paulos Farraj Rahho a été retrouvé sans vie aujourd’hui. « Nous l’avons retrouvé privé de vie dans les environs de Mossoul. Les ravisseurs l’avaient enterré », a déclaré, ce jeudi, Mgr Shlemon Warduni, l’archevêque auxiliaire de Bagdad, au service d’information religieuse Sir.

Cette nouvelle a « profondément touché et attristé » Benoît XVI, a souligné le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. « Nous avions tous continué à espérer et à prier en vue de sa libération, comme le pape l’avait demandé plusieurs fois dans ses appels ». « Malheureusement, la violence la plus absurde et injustifiée continue de s’acharner sur le peuple irakien et, en particulier, sur la petite communauté chrétienne dont le pape et nous tous sommes particulièrement proches par la prière et la solidarité en ce moment de grande douleur », a ajouté le P. Lombardi.

 

 

Dimanche 16 mars 2008, Benoît XVI a célébré au Vatican une messe pour l’archevêque de Mossoul, Mgr. Paulos Faraj Rahho. Le pape a fait part de sa proximité avec les membres de « l’Eglise aimée qui souffre, croit et prie en Irak… en confiant qu’ils sachent trouver dans la foi, la force de ne pas se décourager dans la situation difficile qu’ils sont en train de vivre ».

Le Saint-Père a régulièrement rappelé dans son homélie le contexte liturgique de la semaine sainte qui revit les dernières heures de Jésus et où « le contraste est net entre la vérité et le mensonge, entre la douceur et la droiture du Christ, et la violence et la tromperie de ses ennemis ». Il a souligné comme le Seigneur « a fait l’expérience de l’approche de la mort violente, a senti se resserrer autour de lui la trame de ses persécuteurs… l’angoisse et la peur jusqu’à l’heure cruciale de Gethsémani ». Mais le Christ -a-t-il ajouté- vit tout cela dans la communion avec le Père et conforté par l’onction de l’Esprit Saint ».

Le pape a aussi fait référence aux lectures du prophète Isaïe centrées sur la figure du Serviteur de Dieu qui portera, proclamera et établira le droit, « avec une insistance sur ce mot qui ne peut pas passer inaperçu ». Le Serviteur, face à une condamnation injuste, rend témoignage à la vérité, en restant fidèle à la loi de l’amour ». « En suivant ce chemin -a ajouté Benoît XVI- Mgr. Rahho a pris sa croix et a suivi le Seigneur Jésus et a ainsi contribué à porter le droit dans son pays martyr et dans le monde entier, en rendant témoignage à la vérité. Il a été un homme de paix et de dialogue… avec une prédilection particulière pour les pauvres et les personnes handicapées… Que son exemple soutienne tous les Irakiens de bonne volonté, chrétiens et musulmans, pour construire une cohabitation pacifique, fondée sur la fraternité humaine et sur le respect réciproque! ».

« Ces jours-ci -a conclu le Saint-Père-, en union profonde avec la communauté chaldéenne en Irak et ailleurs, nous avons pleuré sa mort et la façon inhumaine dont il a fini sa vie terrestre. Mais aujourd’hui, dans cette eucharistie que nous offrons pour son âme consacrée, nous voulons rendre grâce à Dieu pour tout le bien qu’il a accompli… par lui. Nous espérons aussi que, depuis les Cieux, il intercède auprès du Seigneur pour obtenir aux fidèles de cette terre tant éprouvée, le courage de continuer à travailler pour un avenir meilleur ». 

 

 

 

Message du cardinal Vingt-Trois
au Cardinal Emmanuel III Delly,
patriarche de Babylone des Chaldéens.

Paris, le 13 mars 2008,
Avec douleur, j’apprends la mort de S.E. Mgr Rahho, archevêque de Mossoul, notre frère.

Depuis son enlèvement, les paroisses et communautés catholiques de France priaient avec ferveur pour sa libération. Avec vous, nous le remettons à la miséricorde de Dieu. Nous supplions que sa mort, comme celle de ceux qui l’accompagnaient, puisse être unie à la Passion du Seigneur pour la conversion des cœurs endurcis et le règne de la paix dans la justice.

Les catholiques de France s’unissent autant qu’il est possible à la douleur et à l’inquiétude aussi des chrétiens d’Irak, des familles, des prêtres, des religieux et religieuses qui continuent à porter le témoignage de leur foi dans la terre de leurs ancêtres et à ceux et celles qui se sont installés partout dans le monde. Dans l’unique Corps du Christ, nous sommes membres les uns des autres.

De tout cœur, Béatitude Éminentissime, je demande pour vous au Seigneur les grâces de conseil et de force nécessaires. Acceptez, je vous en prie, l’expression de mon dévouement fraternel.

+ André cardinal Vingt-Trois
Archevêque de Paris
Président de la Conférence des évêques de France