La consécration de l’autel de la cathédrale de Bayeux
Monseigneur Jean-Claude Boulanger, ancien évêque du diocèse de Bayeux-Lisieux a présidé la consécration de l’autel de la cathédrale de Bayeux, le dimanche 8 décembre 2019. C’est un événement d’ampleur qu’ont vécu les chrétiens du diocèse puisque la dernière consécration d’un autel dans la cathédrale remonte à 1771. Un article rédigé par Alexandre Barbé.
Un chantier hors-normes
Il est quasiment 13 heures en ce jeudi 10 octobre, lorsque Gilles Gaillard, chef de chantier de l’entreprise Lefèvre, annonce que l’autel, tout en pierre de Caen, est à son emplacement définitif. Il faut dire qu’il pèse quatre tonnes ! Déjà, l’ambon, la cathèdre (le siège de l’évêque) et le siège de présidence de l’eucharistie avaient trouvé leur place. Les tailleurs de pierre ont mis à l’œuvre tout leur savoir-faire, utilisant parfois des techniques anciennes pour découper et polir la table de l’autel car aucune machine ne pouvait relever ce défi. Une fierté pour toute l’équipe, une vingtaine de personnes en tout, qui a contribué à ce chantier depuis son début fin 2018.
Dans la cathédrale, les nombreux visiteurs sont attirés par ce nouveau mobilier liturgique auquel ils n’ont pas encore accès. Les commentaires sont positifs. Et même s’il a fallu avancer l’autel en bois pour les célébrations eucharistiques, déjà les paroissiens voient la différence. En effet, l’unité de l’ensemble, même s’il s’agit de pièces contemporaines, s’harmonise très bien avec le chœur de la cathédrale et sa luminosité. Contrairement au mobilier liturgique précédent, celui-ci, selon les recommandations du Concile Vatican II, est prévu pour être installé de manière définitive. De plus, la sonorisation de la cathédrale a été entièrement revue, et cela s’entend.
Des artisans d’exception
La grande croix dorée a été installée contre un pilier du chœur, l’ambon et la cathèdre ont également reçus leur dorure. Depuis plusieurs jours, Sophie Kliszowski, doreuse à Bayeux, exerce patiemment son art sur les piliers de l’autel. « Cette création à la cathédrale, ce n’est pas moi qui en est eu forcément l’idée mais j’ai suggéré des choses pour mettre en valeur le mobilier. Il faut voir que cet autel notamment, est d’abord sorti d’une carrière de pierre. Je peux être amenée à faire de la création, mais c’est plus rare. J’apporte ma contribution dans ce travail de création pour la cathédrale, donc c’est extraordinaire, » expose celle qui travaille essentiellement sur la restauration de cadres en bois et de mobiliers anciens comme des consoles, des fauteuils.
« Je suis admirative du travail qu’ont effectué les nombreux artisans avant moi dans cette magnifique cathédrale. Je m’inscris à la fois dans un passé et dans un avenir. Les gens viennent me voir durant mon travail et je parle avec eux. Je me rends compte de la chance que j’ai de travailler dans le chœur de la cathédrale. Certes je fais un métier extraordinaire, mais je suis présente avant tout pour magnifier le travail des autres à travers la pose de feuilles d’or. S’il n’y avait pas les tailleurs de pierre, les sculpteurs, les ébénistes… mon métier n’existerait pas, » reconnaît-elle avec humilité.
Pour elle, comme pour les tailleurs de pierre, c’est un chantier unique, une occasion qui ne se représentera peut-être pas. « J’ai travaillé à l’extérieur d’églises ou à l’intérieur de certaines pour restaurer des cadres, mais c’est la première fois que je travaille sur du mobilier religieux (autel, ambon, cathèdre). Ce sont les pièces maîtresses de la célébration de la foi des chrétiens. Elles ont une portée symbolique fantastique. Les chrétiens qui viendront à la messe verront le prêtre célébrer l’eucharistie ou des hommes et des femmes proclamer des lectures bibliques, mais cela se fera sur des supports qui auront été fabriqués par les artisans que sont les tailleurs de pierre. La dimension spirituelle et la dimension matérielle se rejoignent dans ce mobilier, » affirme Sophie Kliszowski qui connaît bien la cathédrale.
Mgr Boulanger présidera donc une célébration spécifique de bénédiction du mobilier liturgique et de consécration de l’autel de la cathédrale dans lequel seront insérées des reliques de saint Exupère et de saint Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. La cathédrale sera encore en travaux pendant plusieurs années car un chantier de création et d’installation de nouveaux vitraux vient de débuter. Ce qui marque l’intérêt de l’État et de ses représentants pour l’édifice. Bref, l’église mère du diocèse se tourne allègrement vers son millénaire (le 14 juillet 2077).